Jeudi Noir – N°36 (Par Bruno d’Erneville)
Nous venons de passer le cap de 2018, Bonne nouvelle année 2019 à tous ! Après les fêtes, pour certains des agapes bien arrosées, pour d’autres dans le calme et pour d’autres encore dans la tourmente malheureusement, je vous invite à avoir une pensée pour tous ceux qui souffrent d’injustices en tous genres dans le monde, en commençant chez nous.
En ce jour de la confirmation de la condamnation de Khalifa Ababacar SALL par la Cour Suprême, je mesure la souffrance de cet homme, brisé par une machine judiciaire. Je mesure combien il lui a fallu de courage pour renoncer aux appels du pied qui lui auraient évité cette condamnation, comme d’autres l’ont fait très allègrement ! C’est aussi cela le prix de l’engagement politique ici comme ailleurs, les erreurs se payent cash, même si elles sont de bonne foi. J’espère qu’il s’en relèvera car j’ai rencontré, lors de la visite que je lui ai faite le 3 septembre 2018 à la MAC de Rebeuss, un homme debout, simple et digne.
La prison devrait servir à corriger des écarts et les peines devraient être faites dans un esprit de rachat, de pardon. Mais dans cette affaire il y a quand même bien quelque chose qui ne cloche pas bien : un homme « dépense » autour de 1 milliard de deniers publics et est sous les barreaux, un autre « puise » plus de 100 milliards de ces mêmes deniers publics et part en jouir tranquillement sous d’autres cieux, en toute légalité !!! Voilà l’ Etat de Droit sous nos cieux. En cette nouvelle année j’invite tous les Sénégalais, en particulier les cadres supérieurs et dirigeants des services civils et paramilitaires à se souvenir qu’ils doivent loyauté à la Nation et aux générations à venir. Les enseignements qu’ils ont reçus doivent les inciter à servir une République et non un homme. Le chef de l’Etat a prêté serment de protéger notre Constitution et la République, mais nous citoyens, avons l’impérieux devoir de nous assurer qu’il respecte ce serment. Gardons une posture de sauvegarde de l’essentiel qui implique la neutralité des institutions et de l’administration. Les anciens pontes du régime Wadiste réclament aujourd’hui des droits qu’ils avaient confisqués aux autres à l’époque de leur gloire… C’est dire la vanité du pouvoir !
Si je soutiens #SONKO aujourd’hui, c’est pour défendre une vision commune du Sénégal à construire. Les risques sur l’homme, sur son changement de cap éventuel, ce sont les mêmes pour tous. Ce qui compte c’est d’avoir une conviction chevillée au corps et d’être en mesure de rester soit même même sous les ors. Etre capable de se tenir devant le patron et lui dire : ça je ne le ferai pas. Cela demande une force morale que l’on ne peut avoir qu’avec la foi, ou à tout le moins une conscience très aiguë de la vanité de notre condition d’homme. Notre éducation nous apprend traditionnellement à intégrer ces notions dès le bas âge, les contes en sont des vecteurs très puissants.
Mais comment reconstruire ces valeurs chez nous quand tout part en déconfiture ? la famille, les modèles proposés par ceux qui nous dirigent fondés sur le mensonge éhonté, la mauvaise foi évidente, la violence gratuite, l’injustice flagrante, le manque de considération pour le bien public, l’arrogance, les conditions de vie difficiles en milieu urbain …notre éducation doit être repensée à la base en tenant compte du contexte socio-technologique et de notre mode de vie actuel. C’est l’un des défis majeurs auxquels nous devrons nous atteler pour re-construire un homo senegalensis authentique, mentalement prêt pour les combats du troisième millénaire, pour construire une société résiliente capable de faire face aux nombreux risques du monde moderne.
Nous devons réinventer notre société sinon nous périrons, victimes d’une mondialisation sans pitié.