Toujours sur la réforme monétaire
Voici quelques unes de mes observations sur le communiqué du Conseil des ministres de l’Uemoa :
1) Pourquoi c’est seulement le président ivoirien et français qui font des déclarations sur la réforme et pourquoi le président du Conseil des ministres de l’Uemoa qui a signé le communiqué ne s’est pas exprimé en public dans une conférence de presse par exemple sur une question aussi importante pour l’avenir des pays de la zone CFA ?
2) les déclarations et commentaires des présidents ivoirien et français ne reflètent pas la totalité du communiqué du Conseil des ministres de l’Uemoa suite à la session extraordinaire du 27 décembre 2019
3) il n’y a pas eu de préambule ou quelque chose qui lui tient lieu pour évoquer les motivations de cette reforme et sa pertinence par rapport à l’existant et, le cas échéant, les opportunités qu’elle donne aux opérateurs économiques des pays de l’Uemoa et aux populations concernées
4) il est clairement mentionné le maintien du taux de change fixe par rapport à l’euro (qui assure la parité actuelle)? Ce qui est mis entre parenthèse implique à coup sûr que c’est la Banque Centrale de l’Union européenne qui est maîtresse du jeu, et qui fera UE first. Qui pourra la lui reprocher ? On ne peut parler, dans ce cadre, de politique monétaire souveraine pour l’Uemoa
5) mention est aussi faite dans ce communiqué, de garantie de convertibilité illimitée de la monnaie par la France. Rien n’est dit sur le pourquoi de ce statut de garant de la France, ni sur ses modalités, ses avantages, ni sur son caractère illimité. Les problèmes de souveraineté de la politique monétaire de l’Uemoa se posent encore. En effet, rien n’est dit ni prévu pour que l’Union devienne le propre garant de sa monnaie ou choisisse qui elle veut à cette fin, selon ses propres intérêts et préoccupations
6) il est dit qu’une stratégie de communication aux fins d’informer les opérateurs économiques ainsi que les populations de l’Union est prévue. On attend de voir. En tout cas il n’y a pas eu quelque chose de ce genre en amont de la décision de réformer. Les peuples de l’Uemoa ont été exclus des processus de décision confisqués par des ministres et des experts qui sont toujours dans le top down. On sait qui choisit lesinusytrs dans les pays de l’union mais comment sont choisis les experts ?
7) rien en termes de planification, juste des énoncés qui se juxtaposent comme un verdict !
Il faudra réformer la réforme.
Bien à vous