vendredi 8 novembre 2024
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[Éditorial] Le peuple est-il souverain ? par Théophile Diatta

Dans le cadre de l’organisation et du fonctionnement des institutions de l’Etat, les sources et les modalités d’exercice du pouvoir politique cristallisent toutes  les appréhensions, contradictoires ou consensuelles, qui alimentent le débat démocratique. S’il revient essentiellement à la Charte fondamentale de définir des droits et libertés économiques,  politiques et sociaux, leur garantie effective n’est pas adossée aux rites habituellement incantatoires et déclaratoires des dispositions constitutionnelles, surtout lorsque leurs violations ne sont pas généralement suivies d’une sanction juridictionnelle.

Une observation attentive des deux dernières alternances nous permet en effet de jauger le rôle, l’influence de nos institutions politiques,  administratives et judiciaires au renforcement de la démocratie. Il n’est pas faux de dire que la politisation outrancière de l’administration mise en relief par un blanchissement politique d’un directeur domanial, l’exacerbation de l’intérêt partisan au détriment des intérêts nationaux,  et l’instrumentalisation sans précédente d’une justice- caractérisée aujourd’hui par le refus d’un procureur d’enclencher la procédure de poursuite contre  des actes de prédation de deniers publics, sont autant de maux qui risqueront d’aboutir, si rien est fait, à l’affaissement des piliers de la République.

Il est évident que dans un pays où le Prince se croit être investi du droit divin  de vie ou de mort sur ses paisibles citoyens, en décidant selon ses caprices conjoncturels qui doit aller en prison et qui doit en sortir, le rétablissement de l’ordre ne saurait advenir que par un sursaut populaire. L’histoire a en effet démontré que lorsque les complaintes du peuple sont assidument méprisées par les pouvoirs publics et que les fondements d’un bon ordre social sont gravement menacés, le devoir de citoyen impose une posture de défense des intérêts supérieurs de la nation.

Remontons juste à 7 ans, en une date du 23 juin 2012, certainement une date emblématique à jamais dans la postérité  du soulèvement populaire, le peuple du Sénégal avait enfin décidé de reprendre son pouvoir des mains d’un régime oublieux du fondement initial de son autorité. En écrivant ces lignes comment ne pas penser aux différentes mobilisations populaires  en Algérie, en passant par le Soudan sans oublier l’actuelle forte mobilisation du peuple guinéen pour barrer la route à un énième tripatouillage constitutionnel aux fin de confisquer le pouvoir?

Nous pouvons le dire.  La décennie  2010-2020 est sans doute le début d’une nécessaire remise en cause du système de représentation  et une occasion historique de l’exercice véritable du pouvoir  du peuple par le peuple.

Le Sénégal, à l’image des grandes démocraties, se doit de préserver ses acquis démocratiques aujourd’hui sérieusement menacés par des retrouvailles on ne peut plus suspicieuses entre l’ancien maitre et l’ancien élève de la magouille, et une plainte pour diffamation subrepticement déposée pour dévoyer les bonnes consciences citoyennes de la quête interminable et sans répit de la bonne gouvernance, de la préservation de L’État de droit et de l’urgence d’un engagement absolu auprès d’un homme qui incarne parfaitement les valeurs et les principes de la République, à travers sa non-participation au  » dialogue de la farce nationale et sa dénonciation indéfectible des gabegies financières de l’Etat.

A l’image des manifestants algériens et guinéens, le peuple du Sénégal ne doit pas se tromper de combat. Il est  plus que jamais à la croisée  des chemins. Il est redevable à l’histoire. Il lui en sera demandé compte.

Théophile DIATTA

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