jeudi 25 avril 2024
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Jeudi Noir N° 56 : Pour une gestion de nos ressources naturelles en « procollégialité »

Il n’est nul besoin de dire que ce jeudi de CAN 2019 est noir, c’est vrai que l’arbitre semblait s’acharner sur nous mais nous devons admettre que les Algériens ont été des stratèges et mérité le 1-0. Autant dire que notre statut de favori en prendra un sacré coup ! C’est tant mieux, nous devrions en tirer des leçons …nous avons bien vu de piètres équipes au 1er tour de mondial arriver en finale voire gagner (Brésil, Italie) il faudrait néanmoins faire preuve de maturité, de technique, de ruse même, c’est le tarif pour prendre le sacre devant tous ces champions. Battre l’Egypte chez elle sera une autre paire de manche aussi. Il nous faudra un mental comme jamais pour gagner cette coupe. Je ne crois pas d’ailleurs que nous ayons un problème de qualité technique individuelle, c’est sur le mental et la stratégie que les choses se joueront. Les questions stratégiques reviennent partout, en ce moment.

La transition est ainsi trouvée pour parler du dialogue national en cours, de l’affaire BP/Timis/Aliou SALL et des signaux peu rassurants liés aux appétits miniers des occidentaux en Afrique. Bien, le frère du Président a fini par démissionner, c’était logique et nous devons nous en féliciter et féliciter l’action continue des forces citoyennes et politiques pour réclamer la lumière, des sanctions et l’annulation des contrats. Voilà ce que devraient faire tous les acteurs citoyens des pays d’Afrique. Surtout au moment où la Banque Mondiale doit lancer sa carte à 1 Milliard de dollar (coût théorique de cette carte minière de l’Afrique censée donner les types de ressources et leur évaluation partout en Afrique). Cette carte est envisagée dit on pour aider les états africains à mieux négocier la vente de leurs ressources.

Cette philanthropie apparente de la banque n’est qu’une vaste arnaque à mon sens car tout le monde sait que nos états n’ont aucune méthode, aucune force pour s’opposer actuellement aux multinationales qui se dépêcheraient de se partager le gâteau. Il faut refuser de leur donner cette opportunité en s’opposant dès maintenant à cette étude minière prématurée. Ce n’est pas encore le moment car nous n’avons pas encore la maturité politique, ni économique, ni même dans la gouvernance publique pour pouvoir assumer les découvertes. N’a t-on pas vu l’an dernier les américains, par leur Secrétaire d’Etat Rex Tillerson ainsi que sept gros pontes miniers américains débarquer en RDC sous Kabila pour négocier les mines de Cobalt ? On sait que le Congo recèle de 50 à 60% des réserves MONDIALES de ce minerai utilisé dans les batteries des voitures, avions. Smartphones et ordinateurs… Kabila les a fait poireauter puis il a été « dégagé ». Rien qu’en 2017 le prix du Cobalt est passé de 15 dollar la livre à plus de 30 dollar, cela justifie bien des renégociations !

Les USA et la Chine semblent se faire une guerre de positionnement impitoyable dans ce vaste pays. Imaginez donc ce que ce serait si tout avait été découvert partout en Afrique ? Ici notre rébellion casamançaise commence à se remuer – quand je disais en 2107 que cette situation de ni paix ni guerre risquait de nous coûter cher quand le pétrole va poindre son nez – alors que le gouvernement n’a pas cessé de marteler que Macky a assuré la paix en Casamance sachant parfaitement qu’ils mentaient éhontément ! Lorsque le Ministre de l’hydraulique faisait ses tournées en Casamance en 2017 une escorte de plusieurs dizaines de voitures militaires armées d’automitrailleuses le suivait… C’etait sous mes yeux ébahis quand moi je circulais sans protection armée, au milieu de la nuit, durant la campagne législative sur les routes de Diouloulou, en toute tranquillité. Voilà donc que mes craintes se précisent : Salif SADIO commence à s’énerver. Y a-t-il un lien avec l’affaire des contrats pétroliers ? On finira sans doute par y voir clair plus tard… trop tard ? Ce qui est sûr est qu’on eût été bien avisé de régler vigoureusement la question casamançaise durant les 3 années passées, surtout après la chute de Yaya Jammeh, quand on sait la disponibilité dont témoignaient les acteurs (à commencer par ATTIKA, mais aussi les sages casamançais dont les religieux).

Mes nombreuses alertes n’ont malheureusement servi à rien. Notre Etat est resté sourd et aveugle ! Il y a danger maintenant et notre stabilité appelle très vite des décisions fortes. Le dialogue initié peut être à cet effet une chance si nous le menons à bon escient. Famara Sagna doit prendre conscience, si ce n’est pas déjà le cas, qu’outre sur les aspects politiques il faudra apporter des propositions novatrices en matière de gouvernance publique. Le temps est venu de faire des réformes d’avant-garde pour protéger notre pays des mercenaires économiques et par la même occasion des incitateurs de troubles qui ont fini de déstabiliser le Mali et qui cherchent à poursuivre leurs basses besognes un peu partout.

La technique est bien connue : diviser pour mieux régner. Il semblerait que le nord du Mali soit un scandale minier et presque tout s’y trouverait y compris une mer d’eau souterraine, voilà ce qui pourrait expliquer que subitement des populations soeures comme les dogons et les peulhs, qui ont vécu en toute fraternité depuis l’empire du Mandé s’entretuent ! Pour être plus précis, mon voyage au Mali m’a fait découvrir une réalité difficile à appréhender face à ces événements récents de massacres au Mali dans les cercles de Bankass et de Bandiagara : Ni les peulhs, ni les dogons ne croient un instant que ces faits viennent de leurs communautés respectives ! Un peulh parlant mieux les dialectes dogons que les dogons eux mêmes (diamsay, togokan, tomboso et ibissoh notamment ) me dit qu’ils vivent ensemble, dorment, jouent ensemble, partagent les événements ensemble depuis le temps de Soundiata KEITA. Ils ne PEUVENT pas tuer des gens avec qui ils ont toujours bien vécu. Ils ont plutôt vu arriver des gens déguisés en dogons qui ne parlaient aucun de leurs dialectes ni même le français et qui ont tué les hommes, les femmes et les enfants et ont volé leurs bêtes. Lui-même, guide de profession y a perdu près de 100 boeufs et a du faire venir sa famille à Bamako sans pouvoir assurer la survie de celle-ci.

Revenons donc à nos réformes, nous devons oser les ruptures. Nous devons gérer notre pays en « procollégialité » (oui j’avoue que cela me plairait de faire admettre ce nouveau vocabulaire). Plus aucun Président, ni aucun Ministre ne doit pouvoir maintenant, seul, donner un blanc seing à des multinationales pour mettre la main sur nos ressources. Pour cela certaines prérogatives comme celles liées à la gestion de nos ressources naturelles doivent être partagées avec un collège de personnes désignées de manière logique et transparente. Il ne s’agit pas d’un COS-PETROGAZ bis, mais plutôt d’une INSTITUTION technocratique chargée de la prospective générale sur toutes les questions d’avenir. On éliminerait par la même occasion le Conseil Economique Social et Environnemental, et cette nouvelle institution elle, travaillerait davantage avec l’Assemblée Nationale plutôt qu’avec le Président. La procollégialite serait un concept nouveau signifiant « une gestion collégiale d’un bien public utilisant les notions de prospective. « Elle couvrirait tous les domaines de la vie du pays et orienterait les actions vers plus d’efficience et une gestion durable notamment. Il resterait ensuite à créer des émules en Afrique pour très vite mettre en place les réseaux inter africains de la procollégialité, parade contre la machine des multinationales. Je serais prêt en tout cas en ce qui me concerne à participer à cette réflexion en invitant les élites et groupes Think Tank de notre pays à y mettre la main. Elle pourrait s’avérer déterminante pour la préservation de notre continent.

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