Parler d’une possible candidature de Macky Sall au poste de Secrétaire Général des Nations Unies est déjà, en soi, une insulte à la mémoire des victimes, une offense aux peuples épris de justice, et un sacrilège contre les valeurs fondatrices de l’Organisation des Nations Unies.
L’ONU, en tant qu’organisation mondiale garante de la paix, de la sécurité internationale, de la démocratie, des droits humains et de la justice, ne peut et ne doit jamais être dirigée ( ne serait-ce que symboliquement ) par un ancien chef d’État dont le parcours est entaché de graves atteintes aux droits fondamentaux. Or, Macky Sall, ancien président du Sénégal, incarne malheureusement l’antithèse de ces idéaux.
Un lourd passif moral et politique
Les faits sont têtus. Le bilan de Macky Sall durant son règne au Sénégal (2012-2024) est accablant :
Plusieurs dizaines de manifestants tués, dans une impunité totale. Aucune enquête indépendante, aucun procès équitable, aucun mea culpa.
Des milliers d’opposants arrêtés, emprisonnés, réduits au silence dans des conditions dénoncées par des ONG internationales.
Des témoignages de tortures dans les prisons et commissariats, relayés par les médias, les familles, les réseaux sociaux, et désormais documentés dans des démarches introduites à la Cour Pénale Internationale (CPI).
La suppression illégitime des élections présidentielles de février 2024, acte sans précédent dans l’histoire du Sénégal, invalidé uniquement grâce à la résistance du peuple sénégalais et au rappel à l’ordre du Conseil Constitutionnel.
Des pratiques de répression systématique contre tout opposant populaire, du domicile barricadé sans décision de justice à l’élimination pure et simple de candidats, transformant chaque élection en champ de manœuvre politique illégal.
Un pillage économique jamais vu au Sénégal
Outre la répression politique, la gestion économique sous Macky Sall a précipité le Sénégal dans une crise budgétaire d’une gravité sans précédent :
une dette publique dépassant les 105 % du PIB ;
un déficit budgétaire supérieur 12 % ;
un service de la dette explosif : près de 4000 milliards FCFA prévus en 2025 ;
et pendant ce temps, une élite politico-affairiste s’enrichit outrageusement, comme en témoignent les cautions astronomiques déposées pour des libérations provisoires dans des affaires de détournement présumé de fonds publics (plus de 400 milliards pour Tahirou Sarr, 34 milliards pour un proche griot).
Des rapports accablants de l’Inspection Générale des Finances (IGF) (septembre 2024) et de la Cour des comptes (février 2025) viennent confirmer la gestion opaque et prédatrice du régime.
L’ONU mérite mieux qu’un symbole de l’impunité
La fonction de Secrétaire Général des Nations Unies n’est pas un poste protocolaire comme un autre. C’est le visage moral de l’organisation. Un repère pour les peuples, un porteur d’espérance, un modèle de probité, de neutralité et d’intégrité.
Comment une personnalité comme Macky Sall, associée à des violations graves, répétées et systématiques des droits humains, peut-elle-même aspirer à diriger l’ONU ?
Comment expliquer aux mères de manifestants tués, aux détenus politiques libérés à peine un an plus tôt, aux journalistes bâillonnés, aux lanceurs d’alerte muselés, que leur bourreau présumé pourrait devenir la voix officielle de la paix et de la justice dans le monde ?
Un danger symbolique mondial
Certes, la nomination d’un Secrétaire Général repose sur un équilibre géopolitique complexe, avec les vetos des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (USA, Russie, Chine, France, Royaume-Uni). Certes, des pays peuvent soutenir une candidature pour des raisons d’opportunité régionale ou d’allégeance politique.
Mais la communauté internationale ne peut pas sacrifier l’image morale de l’ONU sur l’autel du cynisme diplomatique.
Une ligne rouge à ne pas franchir
Le simple fait que le nom de Macky Sall soit associé au poste de Secrétaire Général des Nations Unies est un signal très dangereux envoyé aux dictateurs en puissance, aux présidents répressifs, aux kleptocrates : celui qu’un règne marqué par les abus, les violations, le pillage et la répression n’empêche pas d’aspirer aux plus hautes fonctions morales de la planète.
L’ONU ne peut pas devenir un refuge pour les responsables politiques contestés, ni un tremplin pour réhabiliter une image internationale ternie par les faits.
Conclusion
La candidature de Macky Sall à la tête des Nations Unies ne doit ni prospérer, ni même être envisagée.
Elle est moralement intolérable, politiquement risquée et symboliquement destructrice.
L’ONU mérite mieux. Le monde mérite mieux. Les victimes du régime de Macky Sall méritent le respect.
Mouhammad CISSE
Enseignant, militant de Sénégal 2050
mamadoumi@hotmail.com