mercredi 24 avril 2024
Economie

Franc CFA : Le président béninois Patrice Talon brise un tabou

Patrice Talon, le président béninois, a évoqué pour la première fois, le retrait de France des réserves de change de son pays le Bénin. Quand on sait que côté français, l’on se disait ouvert à une reforme ambitieuse du franc pour peu que la proposition vienne des États membres de la zone franc, l’économiste Martial Ze Belinga considère que c’est un tabou qui vient d’être brisé.

La fin du franc CFA étant considéré comme inéluctable, il fallait bien enclencher le processus, et les réserves de change des pays de la zone France sont l’élément le plus saillant et qui cristallisent le plus les attentes.

Il y a évidemment un cadre juridique qui fixe des obligations de remonter au moins 50% des réserves au Trésor public français. Par conséquent il va falloir négocier, entrer en discussion pour sortir les réserves africaines du Trésor public, et cela peut prendre un certain temps.

Pourquoi avoir avoir attendu tout ce temps, avant que les hommes politiques et les sociétés africaines ne s’expriment? C’est parce que la France exerçait un blocage politique pour garder cette rente historique et coloniale le plus longtemps possible : 100% des réserves de la zone étaient conservées au Trésor public français, puis 65% dans les années 1970 pour finalement tomber à 50%.

Il va falloir que les hommes politiques prennent leurs responsabilités, qu’ils soient au pouvoir ou de l’opposition, de la même façon qu’un certain nombre d’auteurs, d’intellectuels et de mouvements citoyens sont entrain de prendre les leurs. La monnaie étant un instrument d’exercice de la souveraineté, elle est aussi du ressort des Parlements et pas simplement des chefs d’État africains. Dans les Constitutions africaines, les Parlements africains ont leur mot à dire.

Pour Martial Ze Belinga  « puisqu’on est dans un processus de décolonisation économique, il s’agit aussi pour les sociétés coloniales, et là on parle de la France en particulier, de comprendre son intérêt, l’intérêt que les sociétés coloniales vont avoir à générer un nouveau rapport avec le monde. Et ce rapport doit être un rapport qu’en théorie des jeux, on appelle des jeux à somme positive, gagnant-gagnant. Il faut construire des jeux gagnant-gagnant désormais. Et les anciens modèles ne fonctionneront pas. Ils ne fonctionneront plus entre les Africains et l’Europe, entre les Africains et le reste du monde, mais ils ne fonctionneront plus non plus entre une partie des élites africaines et les peuples africains. Et le franc CFA en fait n’est qu’une partie de ces questions-là. »

JotnaNews

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