Financement étranger : Qui devrait-on soupçonner ?(Aldiouma Sow)
Le projet Némékou Tour tout en permettant d’assurer la viabilité financière, la pérennisation institutionnelle et l’autonomie organisationnelle pour notre parti, garanti par la même occasion notre indépendance vis-à-vis des pouvoirs d’argent illicite et des lobbys aux agendas sinueux et insidieux aux aguets pour détricoter le socle de valeurs sur lesquelles est assis notre pays et qui fait de lui un ilot de paix et de cohésion sociale. Aussi, il prouve le degré d’engagement, l’adhésion massive des sénégalais à notre offre politique. Ceci conforte l’opinion selon laquelle, notre candidat a été celui qui, au sortir de la dernière présidentielle, a le plus bénéficié d’un électorat partisan dont l’efficacité réside dans sa faible volatilité comparé à l’électorat stratégique caractérisé par son caractère conjoncturel et donc instable. La réussite du Némékou Tour démontre également que nos rangs se sont renforcés sans doute à la sortie de la dernière présidentielle.
En outre, le succès éclatant du projet Nemmekou Tour initié par notre Parti a eu le mérite non seulement de reposer dans le débat public national la lancinante question du financement des partis politiques mais également d’amener les différentes composantes de notre nation à s’interroger profondément sur la question de la transparence dans la vie publique et de nos partis en particulier. C’est en cela aussi que ce projet est révolutionnaire.
C’est pourquoi, nous devons éviter de nous faire divertir par les conservateurs. Nous voulons nommés par-là les membres du système que nous voulons déboulonner et continuer à magnifier notre prouesse politique, tout en gardant à l’esprit, ce pourquoi les sénégalais d’ici et de la diaspora ont répondu massivement à notre appel.
Par ailleurs, pour rappel, le sujet du financement des partis politiques ne date pas d’aujourd’hui. Déjà, en 1981, pour les mêmes raisons qui ont justifié la loi sur la Cour de répression de l’enrichissement illicite, cette loi a été également adoptée pour réguler la vie des partis politiques. Elle prévoyait déjà des dispositions qui réglementent ce financement. Elle sera par la suite retoquée en 1989. Mais après l’ouverture intégrale de l’espace civique à partir des années 90, un consensus s’était dégagé parmi la classe politique et dans la société civile pour la réformer dans l’optique de l’adapter aux nouveaux défis nés des injonctions des bailleurs de fonds qui réclamèrent un traitement équitable des partis quant à l’accès aux ressources publiques. C’est dans cette mouvance que le président Abdou Diouf avait instruit le professeur El Hadj Mbodj de réfléchir sur un modèle de financement qui pouvait garantir la transparence et le financement équitable des partis politiques. Il déposa son rapport à la veille de la présidentielle de 2000 mais ce dernier ne sera jamais valoriser dans les différentes lois sectorielles sur la bonne gouvernance qui seront adoptés dans la première décennie de l’an 2000.
Plus tard, en 2008, les conclusions des assises nationales feront des recommandations dans ce sens avant d’être reprises par la commission des réformes des institutions. En 2012, juste après son investiture, le Forum Civil, sous le leadership de son vaillant et regretté coordinateur général Mouhamadou Mbodj (paix à son âme), avait dans un package de trois lois qu’il avait proposé au nouveau président élu, fait figurer deux drafts de projets de lois dont un relatif au financement des Partis politiques et l’autre aux conflits d’intérêts. Parmi ces trois lois, et comme il l’a fait avec les conclusions de la CNRI, le président, chef de Parti, n’a appliqué que la loi sur l’OFNAC et a rejeté à la fois la loi sur le financement des Partis politiques et la loi sur les conflits d’intérêts. Mais avec le temps, vu son comportement d’aujourd’hui avec L’OFNAC, nous avons compris que l’adoption de la loi instituant cet organe n’était rien d’autre qu’une stratégie pour gagner la confiance des partenaires techniques et financiers pour le financement de son PSE qu’il venait de proposer au Club de Paris mais il n’a jamais eu l’ambition d’assainir les mœurs politiques pour rétablir le lien de confiance qui doit nécessairement exister entre les citoyens et l’élite politique dans une démocratie qui se veut pluraliste comme la nôtre.
Bien plus, à la suite de l’élection présidentielle du 24 février 2019, la commission du dialogue politique mise en place avait confié à une sous-commission composée par des représentants des principales parties prenantes audit dialogue, la mission de réfléchir sur le financement public des partis politiques. Après la tenue de plusieurs réunions, ladite structure avait proposé à la plénière qui l’avait validé, un rapport contenant des recommandations révolutionnaires dont l’application pourrait valoir une avancée significative de notre pays sur ce sujet.
Contrairement à ce qu’a voulu nous faire croire une certaine presse inféodée au système de mal gouvernance, les critères d’éligibilité , la clé de répartition des fonds reçus de l’Etat par les partis politiques et le contrôle de l’utilisation desdits fonds ont plus marqué les débats que le point relatif aux financements étrangers. Cela ne veut pas dire pour autant que ce dernier point ne revêt pas un intérêt particulier pour les membres de la sous-commission. Évidemment, ce point a été traité dans la rubrique des sanctions du non-respect des conditions d’accès et d’utilisation des ressources obtenues par un Parti éligible à ce financement.
En outre, les membres de la sous- commission, à l’instar des législateurs de 1981 et celui de 1989, ont eu conscience de l’impact négatif que peuvent avoir les financements reçus d’un étranger sur la démocratie, sur la souveraineté et la sécurité nationales de notre pays. D’ailleurs, c’est ce sens de la responsabilité que notre Parti a toujours fait montre dans le cadre des appels au don qu’il a toujours initiés, en veillant à ce que rien, dans les cibles et les outils utilisés, ne soit en déphasage avec les lois qui régissent les partis politiques dans notre pays.
C’est pourquoi, la perception et l’interpellation du Ministre de l’intérieur dans son communiqué nocturne, nous laissent de marbre ainsi que celles faites par ses pseudo-journalistes et autres mercenaires de la plume et / ou du verbe qui ont montré avec le temps leur véritable nature de fossoyeurs de la démocratie et d’ennemis de l’état de droit. Mieux, ces élucubrations dénudées de tout fondement scientifique nous paraissent ironiques surtout lorsqu’ils proviennent des responsables de l’APR qui doivent aux sénégalais des réponses sur les interrogations suivantes :
Pourquoi ont-ils supprimé la taxe sur les appels entrant au lendemain de leur accession au pouvoir ?
Pourquoi ont-ils octroyé une concession dans le Port Autonome de Dakar au groupe Bolloré Logistics en violation des dispositions pertinentes du code des marchés publics ?
Pourquoi avoir accordé des titres miniers au délinquant Franc Timis au mépris des observations de l’Inspection Générale d’Etat qui attestent de l’illégalité de la procédure à la base de cette transaction ?
Pourquoi avoir abrogé les dispositions du décret signé par le Président Wade interdisant à la société Forteza d’exporter le gaz issu de son exploitation des mines de Gadiaga ?
Sont-ils les auteurs de cette fameuse lettre qui circule et portant la signature et les enseignes de leur parti et dans laquelle ils sollicitent des subsides au défunt président gabonais Omar Bongo Odimba ?
Déposent-ils régulièrement auprès du Ministère de l’intérieur leurs rapports financiers et d’activités tels que exigés par la loi sur les partis politiques ?
En tout état de cause, l’APR et ses alliés sont disqualifiés pour parler de financements étrangers tant qu’ils ne répondront pas à ces questions avec des preuves matérielles à l’appui.
Ils sont également exclus du débat public sur la réforme du système partisan sénégalais tant que les fonds politiques présidentiels continueront à être soustraits aux règles qui gouvernent la comptabilité publique, tant que les moyens d’action de l’Assemblée Nationale contre le gouvernement sont réduits par la loi supprimant le poste de Premier ministre et tant que le ministre de l’intérieur, partisan disposant du commandement territorial et à qui est rattachée la direction générale des élections, continue d’organiser les élections dans notre pays et à réguler la vie des partis politiques.
Enfin, qu’on ne s’y trompe pas, ce qui manque pour adapter notre législation aux nouveaux défis démocratiques et sécuritaires de notre pays ce ne sont point les idées et les propositions consignées dans plusieurs rapports qui dorment dans les tiroirs du Gouvernement mais ce sont plutôt la volonté politique et le respect des engagements pris par le président de la République lors du lancement du dialogue politique à traduire en lois les accords issus de ce dialogue.
C’est pourquoi, en attendant que l’initiative des lois soit l’apanage d’un gouvernement patriotique et d’une Assemblée Nationale inclusive, souveraine et représentative des intérêts de notre pays comme l’espère notre peuple depuis plus de 60 ans, notre Parti continuera à innover aussi bien dans le financement de ses activités que dans son fonctionnement car nous demeurons convaincus, que nous pouvons, depuis l’opposition transformer notre société en modernisant nos outils et nos procédures.
Ensemble, nous ferons tomber le système !
ALDIOUMA SOW,
Membre du Bureau Politique de Pastef
Chargé des questions électorales