jeudi 16 mai 2024
Sports

Faire du Sénégal une nation sportive : une ambition majeure pour la jeunesse 

L’équipe nationale du Sénégal et, dans une moindre mesure la lutte traditionnelle, sont l’arbre qui cache la forêt d’un secteur sportif dévasté par des années d’errements liés notamment à sa politisation excessive. Alors que le sport devait être un formidable levier de développement humain et économique pour le pays, il est devenu le parent pauvre des politiques publiques menées dans plusieurs décennies.

Dans un pays où plus de la moitié de la population à moins de 30 ans, il est temps d’opérer des transformations profondes du Sport sénégalais aussi bien dans sa gouvernance qu’en matière de financement.

C’est pour répondre à cet enjeu que le programme politique plébiscité par les citoyens sénégalais lors des dernières élections présidentielles a mis l’accent sur deux axes majeurs à savoir la réforme et la gouvernance du sport d’une part et, l’érection du sport de performance en vitrine touristique pour le Sénégal, d’autre part.

Sur le plan opérationnel, le développement du sport sénégalais passera nécessairement par la mise en place d’un consensus fort autour d’une gouvernance inclusive mais surtout par un modèle de financement innovant et participatif.

 

  • Pour une gouvernance inclusive et partenariale du sport 

Le projet politique du nouveau régime sénégalais prévoit la création d’une « une agence de développement et de promotion du sport afin de développer les infrastructures sportives et les clubs sportifs, former les entraineurs et les athlètes et promouvoir le sport auprès de la population ».

Pour que le sport sénégalais soit l’affaire de tous, il est en effet indispensable de mettre en place une instance nationale composée d’un collège de 4 blocs de familles suivants :

  • Etat ;
  • Collectivités territoriales ;
  • Mouvement sportif (Fédérations, Comité olympique, ASC, etc.) ;
  • Monde économique (Patronat).

Cette instance, dont la souplesse de fonctionnement sera garantie par son statut juridique (un CA, un Président et un DG), aura pour mission de mettre en œuvre les politiques sportives du Gouvernement aussi bien en matière du développement des pratiques que pour le sport de haute performance.

Au niveau déconcentré, elle sera représentée par le Gouverneur qui en sera le délégué territorial chargé de la mise en œuvre de sa politique notamment en matière d’attribution de subventions aux porteurs de projets sportifs.

Dans l’exercice de ces missions, le Gouverneur sera épaulé par une déclinaison territoriale de l’agence nationale avec la mise en place de comités régionaux du Sport dont la mission sera d’impulser et de mettre en place des politiques sportives locales, en cohérence avec les orientations nationales définies par le Gouvernement. Par symétrie, elle sera composée par les représentants des 4 collèges susmentionnés. Les présidents de ces comités seront élus par leurs pairs.

  • Pour un financement participatif et innovant du sport avec une contribution de tous les acteurs 

Un des handicaps du sport sénégalais est le manque chronique de moyens financiers dans la quasi-totalité des secteurs. C’est la raison pour laquelle les nouvelles autorités ont prévu de créer « un fonds national de développement du sport pour accompagner le sport et compléter les limites inhérentes aux budgets de l’État. Ce fonds sera alimenté par les taxes de droits de télévision, de la loterie, du sponsoring, des casinos etc. »

Toutefois, même si l’intention du nouveau régime est pérenniser les ressources du sport sénégalais, la mise en place d’un fonds dédié ne paraît pas indispensable. 

Un modèle de financement innovant pourrait être plus efficace et plus pertinent. Le budget de l’agence dont la création est prévue pourrait provenir de différentes sources.

Au plan national, l’agence sera donc financée par :

  • Une fiscalité fléchée (taxes affectées, taxes sur les droits de diffusion des événements sportifs, etc.)
  • Une quote-part des recettes de la loterie nationale ;
  • Des partenariats et du mécénat.

Au niveau territorial, des comités régionaux des financeurs, composés de membre des comités régionaux du Sport précités, seront mise en place. Leur budget sera abondé essentiellement par les contributions financières de leurs membres et serviront à développement la pratique du sport en fonction des spécificités locales.

Ces instances auront également la possibilité de développer le mécénat dans les régions pour financer les activités et/ou les équipements sportives qu’elles souhaitent, en cohérence avec la politique définie par l’agence nationale.

 

  • Pour un financement efficace du développement des pratiques sportives et des équipements 

Les financements du sport porteront aussi bien sur les équipements structurants et de proximité que sur le soutien des acteurs du sport dans leurs dépenses de fonctionnement en matière de sport. Il sera en porté une attention particulière au sport de haut niveau ainsi qu’aux sports olympiques.

  • Une politique cohérente d’équipements sportifs est indispensable pour développer le sport sénégalais. Chacune des 14 régions du Sénégal devrait disposer d’un complexe multisports (stades de football, basketball, handball, pistes d’athlétisme, piscine, etc.) financé par l’agence nationale. Les plateaux multisports de proximité (football 5×5, Mini basketball, street-workout, etc.) seront, quant eux, pris en charge par les comités régionaux du sport avec le soutien financier de l’agence nationale sur appel à projets.
  •  Les acteurs (clubs, ASC, collectivités, établissements scolaires, etc.) du sport seront accompagnés dans leurs dépenses de fonctionnement ainsi que de leurs activités sportives avec des subventions attribuées par le Gouverneur sur les crédits annuels dont la gestion lui sera confiée.  

Les fédérations sportives agréées par le Ministère des sports seront, quant à elles, bénéficiaires de subventions de fonctionnement dans le cadre d’un contrat de développement. Le montant de ces subventions seront fonctions de plusieurs critères comme le nombre de licenciés, la part de pratiquants féminins, le taux d’inclusion de personnes atteintes de handicap, etc.

  • Enfin, les fédérations de sports professionnels bénéficieront, en plus, de subventions spécifiques dans le cadre de contrats annuels ou pluriannuels de performance lié au résultats obtenus dans les compétitions nationales et internationales. Par ailleurs, une partie significative des crédits de l’agence sera orientée vers les fédérations olympiques dans le cadre notamment de la préparation des jeux olympiques et paralympiques.

Le rayonnement du sport sénégalais peut être un vecteur de développement économique et social très important à condition que ce secteur d’activité soit doté d’une gouvernance inclusive et participative mais également d’un modèle de financement innovant.

 

Sékou SONKO

Inspecteur divisionnaire des finances publiques Fondé de pouvoir et Adjoint de l’Agent comptable – chef des services financiers de l’Agence nationale du Sport France- PASTEF France

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