Violences xénophobes en Afrique du Sud : au secours Mandela
Les violences xénophobes enregistrées dans plusieurs villes en Afrique du Sud depuis le dimanche 1er septembre ont suscité de vives réactions sur le continent africain. Ces violences ont fait au moins cinq morts et des dizaines de blessés d’après les services de sécurité du pays qui ont également annoncé près de 200 arrestations.
Ce sont les réseaux sociaux qui ont propagé une vague d’indignation sans précédent contre ces violences xénophobes qui ne sont pas les premiers du genre dans le pays. Des personnalités politiques, des activistes de la société civile, des hommes d’affaires, des chanteurs, artistes et autres intellectuels ont tous relayé des messages d’indignation, mais aussi des appels à la solidarité avec les étrangers victimes de ces violences xénophobes qui secouent le pays de Nelson Mandela.
Dans un communiqué, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a tenu à condamner «avec la plus grande fermeté, les actes de violence commis en Afrique du Sud contre des ressortissants de pays africains incluant le pillage et la destruction de leurs biens».
Plusieurs dirigeants de pays africains ont aussi condamné ces violences, certains ont annoncé des mesures de rétorsion notamment l’annulation de leur participation à l’édition africaine du World Economic Forum Africa 2019 qui va s’ouvrir dans quelques jours au Cap.
Ces derniers jours, les Nigérians, Somaliens, Zimbabwéens, Mozambicains, Bangladais, Malawites,… n’apparaissaient pas plus visés que les nombreux autres immigrés en nombre plus restreint. Bien que l’on ne connaisse pas la nationalité des victimes, le président nigérian Muhammadu Buhari a aussitôt exprimé son mécontentement du traitement infligé à ses concitoyens. Il a assuré vouloir garantir leur sécurité.
La tension qui continue dans plusieurs grandes villes du pays a conduit le président Cyril Ramaphosa à s’exprimer pour condamner les attaques qui visent particulièrement les étrangers. L’appel au calme et les garanties données par les autorités sud-africaines n’ont pas suffit à atténuer la vague d’indignation.
Derrière ces violences xénophobes faites aux africains, c’est l’héritage de Mandela que l’on brûle. Il y a comme une amnésie collective. Le Grand humaniste Nelson Mandela doit certainement se retourner dans sa tombe lui qui, dans son combat contre l’Apartheid disait se battre « contre la domination de l’homme blanc mais aussi contre la domination de l’homme noir. »
Selon Amnesty International, cette nouvelle vague de violences est le résultat « d’années d’impunité pour les crimes xénophobes » perpétrés ces dernières années dans le pays. Des discours politiques attisant la haine ont été dénoncés par plusieurs ONG. À Johannesburg, les élus locaux, y compris le maire, n’hésitent pas à cautionner des actes xénophobes, en stigmatisant dans leurs discours les étrangers qu’ils rendent responsables d’une criminalité qu’ils n’arrivent pas à endiguer. L’ANC qui s’accroche au pouvoir depuis 1994, est devenu sclérosé et cherche des boucs émissaires pour justifier les difficultés socio-économiques que rencontre le régime. Après vingt cinq ans de gouvernement ANC, les désillusions sont grandes pour le reste du continent africain qui pensait avoir trouvé enfin sa locomotive, au moins au plan économique.
Après ces terribles scènes de violence xénophobes, qui se répètent depuis plusieurs années, après les fortes réactions de la communauté des africains, notamment l’autre géant d’Afrique qu’est le Nigéria, que restera-t-il encore du rêve d’unité et d’intégration africaines ?
Après de tels actes de violences xénophobes, le panafricanisme qui luit en chacun d’entre nous risque de s’éteindre à petit feu.
Abdou SONKO