Quand les faussaires pactisent avec les sphères du pouvoir : économie en danger.
L’article 122 tertio du code pénal sénégalais dispose :
« Quiconque aura fabriqué, offert, reçu, importé, exporté ou détenu, sans y avoir été autorisé, des marques, matières, appareils ou autres objets destinés par leur nature à la fabrication, contrefaçon, falsification, altération ou coloration de signes monétaires, sera puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende de 4.000.000 à 1 0.000.000 de francs ou de l’une de ces deux peines seulement. La tentative sera punie comme le délit consommé».
Dans un état de droit, cette sanction devrait s’appliquer à tout individu pris sur le fait, pourvu qu’il en soit ainsi dans l’affaire qui fait les choux gras de la presse de notre beau pays.
Selon l’actualité, des caisses remplies de billets de banque en Euros et en Dollars auraient été retrouvées dans le coffre de la voiture de Seydina Fall dit Bougazeli. Ceci constitue un flagrant délit pour détention de fausse monnaie. Ce mic mac implique un réseau de faussaires, mais le prévenu est sous le feu des projecteurs du fait de son statut privilégié, qui heureusement pour nous, lui a été retiré illico presto. Ce représentant du peuple issu de la majorité au pouvoir, n’a pas pu bénéficier comme ces pairs, du statut particulier que lui conférait sa carte de parti.
Afin de comprendre en quoi les agissements de cet individu sont graves, il est important d’expliquer le danger que représente les faux billets dans une économie déjà fragilisée par l’endettement à outrance.
Les banques centrales des États de l’Afrique de l’ouest sont responsables de la politique monétaire, elles se doivent de contrôler la monnaie en circulation, en limitant l’inflation et ainsi stabiliser l’évolution des prix. Cette quantité de billets et pièces qui circulent représente la masse monétaire.
De façon schématique, la monnaie peut être assimilée au sang dans le corps humain au sein duquel tout caillot peut en bloquer la circulation, c’est ainsi que les faussaires déstabilisent l’économie en injectant cette fausse monnaie.
Celui qui fait circuler de faux billets fait grimper les prix des marchandises, du fait de loi de l’offre et de la demande, ainsi leur acquisition, se fera au prix fort!
Certaines politiques monétaires produisent le même effet en augmentant la masse monétaire, comme les taux directeurs de la banque, et plongent les États dans un profond endettement.
Au final, cela revient à une sorte de taxe invisible, qui ne se reflète pas dans notre argent, mais se ressent dans notre pouvoir d’achat par une hausse généralisée des prix. Ceci est une forme d’inflation mesurable par la variation de l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC). C’est le résultat de phénomènes complexes affectant
l’économie, mais toute hausse de prix n’est pas synonyme d’inflation. Cette dernière peut se manifester également par une pénurie momentanée, une hausse de la demande ou localisée sur quelques marchés, ce qui devraient être une source de préoccupation majeure des autorités politiques et monétaires, les investisseurs et les consommateurs.
En conséquence notre faux-monnayeur est doublement criminel aux yeux de la société. Le comble dans notre pays est que cette opération a lieu au plus haut sommet de l’état.Ce représentant du peuple en tentant de s’enrichir, appauvrit (en termes de pouvoir d’achat) tous ceux qui possèdent de cette monnaie. Après avoir porté atteinte à la stabilité de notre économie, le député aurait tenté de soudoyer les gendarmes lors de son interpellation !
Espérons que justice soit faite.
Maimouna Dia
PASTEF Bordeaux