Chers compatriotes,
Frères et sœurs de douleur et d’espérance,
Familles endeuillées dont le cœur saigne encore,
Anciens détenus politiques dont l’esprit n’a jamais été capturé,
Blessés courageux qui portez dans votre chair la vérité de notre histoire,
Aujourd’hui, je ne vous parle pas seulement comme président de PASTEF, encore moins comme Premier ministre. Je me tiens devant vous comme un frère marqué, façonné par les mêmes larmes, les mêmes injustices, les mêmes rêves brisés et reconstruits.
Nous sommes réunis pour honorer ceux qui ne reviendront plus, ceux dont les rires ont été étouffés par la brutalité d’un système qui a voulu écraser un peuple debout.
Le Sénégal se souvient.
Le prix de notre liberté.
Aujourd’hui, le Sénégal s’arrête, le Sénégal se recueille, le Sénégal se souvient.
Nous nous souvenons de chaque visage, de chaque nom, de chaque vie interrompue ou brisée. Ces jeunes, ces étudiants, ces citoyens ordinaires sont sortis dans les rues, non pas par violence, mais par amour viscéral pour leur pays et par refus absolu de l’injustice. Leur seule arme était leur droit, leur seul bouclier était la Constitution.
Aux familles des martyrs,
Chères mères, chers pères, frères et sœurs éplorés,
La nation tout entière partage votre douleur. Vos enfants ne sont pas des statistiques : ce sont des héros. Leur courage a ébranlé les murs de l’oppression. Leur dignité face à la répression a ouvert la voie aux changements historiques que nous vivons. Leur don de soi ultime pour la patrie est notre dette éternelle.
Votre enfant n’est pas mort pour rien. Il a été victime d’un système qui a choisi la répression au lieu du dialogue. La justice, la vraie, viendra. L’État veillera à ce que chaque responsabilité soit établie, que chaque dossier soit élucidé. Nous vous devons la vérité. Nous vous devons un pays digne du sacrifice de vos enfants.
Aux anciens détenus politiques et aux blessés,
À vous qui revenez des ténèbres,
À vous dont le corps raconte l’histoire mieux que n’importe quel commentaire,
Vos cicatrices sont des décorations nationales. Votre dignité dans l’abîme a guidé tout un peuple vers la libération, vers un nouveau souffle. Vous êtes les drapeaux vivants de la résistance sénégalaise.
PASTEF est né du cri du peuple. PASTEF n’est pas né dans un bureau climatisé pour une ambition politicienne. Il est né d’un cri : un cri poussé dans les diasporas, les quartiers populaires, les campagnes ; un cri des consciences réveillées d’une jeunesse qui refusait la résignation.
Notre mouvement grandit, porté par une idée simple mais révolutionnaire : démarchandiser la politique et construire un Sénégal gouverné par et pour ses fils et ses filles, selon des principes intangibles de travail, d’éthique et de fraternité dans la justice, la transparence et la souveraineté.
Persécutés pour ces idées, nous avons été dissous, arrêtés, diffamés, emprisonnés, insultés, calomniés, tués. Mais chaque oppression a renforcé notre conviction. En fermant nos portes, ils ont ouvert nos cœurs. En emprisonnant nos corps, ils ont libéré nos consciences. Nous étions un cri du peuple ; nous sommes devenus son espoir, puis son choix.
Mon engagement est né d’un serment ancien : ne jamais supporter l’injustice. Ancien inspecteur des impôts et domaines, j’ai vu des mains vendre la patrie. J’ai vu la trahison des élites. Ce jour-là, j’ai fait un choix : celui de ne jamais détourner le regard, celui de ne jamais me soumettre.
Ce serment m’a mené vers le syndicalisme, puis vers la politique, puis vers vous.
Puis vers la radiation.
Puis vers la persécution.
Puis vers les tribunaux.
Puis vers la prison.
Puis enfin vers le pouvoir.
Comme nos martyrs, j’ai connu la cellule, la disqualification, la déformation, la faim extrême. Mais je n’ai jamais cédé, car ma force venait de vous. Si je suis aujourd’hui Premier ministre, c’est parce que vos voix m’ont porté. Je ne suis pas votre chef. Je suis votre mandataire. La main qui signe est votre main. La voix qui parle est votre voix collective.
Honorer nos martyrs ne consiste pas seulement à pleurer ou à les célébrer une fois par an. Cela consiste à bâtir : la vérité et la justice, sans compromis ; l’élucidation des événements ; l’établissement des responsabilités ; la fin de l’impunité ; la garantie qu’aucun nom ne soit oublié, qu’aucun dossier ne soit enterré.
Il s’agit aussi de construire un État juste, de réformer les institutions pour qu’elles servent les citoyens et non des intérêts particuliers.
Il s’agit de bâtir l’économie de la dignité, d’appliquer le projet économique de PASTEF : création d’emplois, industrialisation, valorisation des ressources au profit du peuple.
Pour honorer cette mémoire, nous devons investir massivement dans l’éducation, la formation, l’entrepreneuriat. Deux propositions m’ont été soumises : l’une pour l’érection d’un mémorial des victimes ; l’autre pour la création d’un panthéon de la démocratie sénégalaise, un acte fondateur affirmant que notre République ne tolérera plus que des citoyens tombent pour avoir exprimé leurs convictions.
Il nous faut protéger cette révolution.
La révolution commence toujours dans la fragilité.
Le plus grand danger qui nous guette aujourd’hui n’est plus la répression d’hier. Le plus grand danger, c’est l’oubli. C’est l’endormissement.
Nous n’avons pas le droit de dormir.
Nous n’avons pas le droit de trahir la mémoire des nôtres.
Je lance aujourd’hui un ordre : l’ordre du devoir sacré à la grande famille patriotique.
Cet ordre, c’est :
1. Consolider la grande armée civique de PASTEF, avec l’objectif d’un million d’adhérents actifs d’ici fin 2026. Chaque carte est un engagement pour la démocratie, la liberté et la réussite du projet.
2. Vitaliser 10 000 cellules de PASTEF et de vigilance citoyenne dans chaque quartier et village. Soyez les sentinelles de l’éthique, de la bonne gouvernance et de la souveraineté.
3. Redynamiser notre mouvement de service, notre ADN : dons de sang, nettoiement des espaces publics, soutien scolaire gratuit, solidarité active. Que le sang versé soit remplacé par le sang donné pour la vie.
Chers camarades, chers frères,
Un pouvoir qui oublie sa base se perd. Un parti qui oublie son éthique meurt. PASTEF doit rester la conscience vivante de la nation, une référence en Afrique par la force de ses idées et l’exemplarité de son action.
Pour cela, nous nous appuyons sur nos valeurs : fraternité, solidarité, travail acharné, éthique inébranlable.
Je le dis devant l’histoire : les martyrs ne sont pas derrière nous, ils marchent devant. Je sens leur souffle ici. Je sens leur regard peser sur nos épaules.
C’est devant eux, devant vous, devant notre conscience collective que je prends ce serment :
Nous n’échouerons pas.
Nous ne faiblirons pas.
Nous ne trahirons jamais.
Nous ne les trahirons jamais.
Nous construirons ce Sénégal souverain, juste, fier, prospère.
Brique après brique.
Nous le construirons, ou nous périrons en essayant.
Pour la mémoire des martyrs.
Pour la dignité retrouvée.
Pour le Sénégal souverain.
Vive les martyrs de la liberté.











