dimanche 28 avril 2024
Contributions

Où est l’armée dans cette guerre contre le Coronavirus ? (Par Ismaila Goudiaby)

Nous sommes en guerre. Combien de fois a-t-on entendu cette phrase depuis que le fléau du Coronavirus a traverse nos frontières ? Non seulement de la bouche de nos autorités gouvernementales, mais aussi de citoyens ordinaires, de journalistes, commentateurs et autres invités des plateaux de radios et télévisions. L’expression m’a paru galvaudée, mais franchement elle me laissait indifférent jusqu’à ce que j’aie regardé ce reportage de la chaine américaine MSNBC sur le concours de l’armée américaine dans la lutte contre l’expansion vertigineuse du virus. Nous pouvons au Sénégal aussi donner plein sens à la guerre contre le fléau, en faisant intervenir nos forces militaires aussi bien dans la prise en charges de patients actuels que dans l’anticipation des futurs cas.

New York est l’épicentre de l’épidémie du Coronavirus aux Etats-Unis. Il y a trois jours, il avait été rapporté que le nombre de cas dans la ville doublait tous les quatre jours, et qu’il avait atteint le nombre faramineux de 13000 personnes infectées dont 125 étaient décédées. Hier, Vendredi 27 Mars 2010, les nombres étaient passés respectivement à 23111 et 365. C’est dans ce contexte l’armée américaine est entrée en action dans l’état de New York avec comme défi convenu avec le gouverneur, de freiner et d’enclencher le rebours du fléau des fin la fin du mois d’Avril, c’est-à-dire dans un peu plus d’un mois. Une véritable gageure, mais l’histoire de l’Amérique n’est-elle pas faite de défis plus fous les uns que les autres ?

Sur MSNBC, le General Todd Semonite, commandant en chef de l’équivalent américain du génie militaire (The US Army Corps of Engineers) a expliqué en des termes simples comment cette prestigieuse branche de l’armée américaine va transformer des milliers de chambres d’hôtel de New York en chambres d’hôpital. Un exposé fascinant qui montre qu’il n’est parfois pas besoin d’aller chercher loin des solutions qui sont à portée main. ‟Le problème est très complexe, nous ne nous en sortirons jamais à l’aide de solutions complexes”, a-t-il déclaré. ‟Il nous faut des procédés extrêmement simples”.

Il a poursuivi en décrivant comment, en réadaptant un dispositif déjà existant dans le système d’aération de chaque chambre d’hôtel, faire baisser la pression à l’intérieur de celle-ci afin de pouvoir y accueillir des patients. Le but, a-t-il poursuivi, est de ‟faire chuter la pression de 2 à 3 psi” (environ 14 à 20 kPa) par une succion de l’air extérieur à travers le système de  ventilation des toilettes, de manière à avoir une pression négative. Ensuite ‟il faudra placer à l’entrée une cloison en plastique avec une fermeture éclair a travers laquelle on entre et ressort de la chambre”, a-t-il conclu. 

Le Sénégal n’est pas les Etats-Unis, bien entendu, mais nous avons aussi une armée. Sent-on la présence de cette armée dans cette lutte, dans ce que tout le monde semble convenir d’appeler la guerre contre le Coronavirus ? Elle est peut-être à ses lieux habituels, c’est-à-dire dans ses structures de santé, et peut-être ailleurs aussi par le biais de son personnel médical, mais nous sommes en droit d’attendre bien plus de notre armée. Est-elle en mesure, dans la limite de ses compétences et capacités, d’accomplir quelque chose de salutaire comparativement à ce que l’armée américaine est en train de faire ? Je n’en doute point au regard de la qualification des officiers ingénieurs et des autres spécialistes du génie militaire ? Le fera-t-elle jamais ? Rien n’est moins sur.

Dans tous les domaines scientifiques et techniques, l’armée sénégalaise, à l’instar du reste de la population active du pays, regorge de compétences parmi lesquelles des diplômés de prestigieuses écoles militaires et d’ingénierie d’occident. Mais c’est à croire qu’il nous manque toujours ce liant, ce dénominateur commun capable de nous aider à mettre ensemble les composantes nécessaires pour bâtir quelque chose d’encore plus formidable que la somme de ces éléments. Il nous faut un veritable sursaut national qui ne saurait être sans une implication totale de l’armée, sans une appropriation par celle-ci des défis nationaux. Autrement dit, il nous faut donner corps à la notion même d’Armée-Nation qui doit cesser d’être ce concept creux  ressassé lors de reportages de défilés nationaux.

Ce ne sont pourtant pas les idées et les bonnes intentions qui manquent. Récemment, il a été rapporté dans la presse que l’architecte Pierre Atepa Goudiaby avait suggéré la transformation de Dakar Arena, notre tout nouveau stade de Basketball, en hôpital. J’ignore s’il s’agissait d’une simple anecdote comme il en nait et circule par milliers tous les jours dans les réseaux sociaux, mais l’idée est pleine de sens et aurait du retenir l’attention du gouvernement. Elle aurait du à tout le moins alimenter davantage les débats publics sur les solutions à envisager face à une menace contre laquelle nous n’avons ni assez d’infrastructures, ni assez d’équipements, ni assez d’hommes, pour reprendre l’expression militaire.

Aussi, hier soir Sur Tfm, le Directeur Générale de L’Agence Nationale de Promotion Touristique (ANPT), Papa Mahawa diouf, a fait état de ‟la mise à disposition de quelques réceptifs pour recevoir les cas contacts”. Le chiffre de 4800 réceptifs qu’il a avancé cependant ne peut être qu’un lapsus vu le nombre total de réceptifs au Sénégal qui est de moins de 800, et l’on ne peut non plus pas raisonnablement imaginer qu’il puisse s’agir de chambres à consacrer à une telle opération. Nous retenons donc simplement l’idée, la bonne intention qui la sous-tend, ainsi que la coordination qu’il a déclarées être en cours entre le Ministère de la Sante et Ministère du Tourisme et des Transports Aériens. Un intéressant dossier à suivre.

Au total, l’allusion faite plus haut à l’Army Corps of Engineers n’était qu’un fascinant exemple présenté pour inspirer. L’appel du devoir concerne toutes les composantes de l’armée, toute son ingéniosité, tous ses hommes, et toutes ses ressources mobilisables. Pas seulement les services et le personnel de santé des armées sensés être déjà au cœur de la mobilisation contre le fléau, mais bien l’armée toute entière. Elle ne doit épargner aucune de ses ressources et capacités au moment où le pays a besoin de freiner au plus vite l’avancée de l’épidémie. S’elle n’est pas encore en action, ou s’elle a seulement été mise en état d’alerte comme il arrive parfois dans des moment de crise ou de tension interne, il serait grand temps qu’elle s’illustre comme elle l’a fait en bien des occasions, y compris hors de nos frontières.

Ismaila Goudiaby
PASTEF Ziguinchor

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MAB
MAB
4 années il y a

Si cette situation se complique encore plus, la Grande muette finira bien par intervenir d’une façon ou d’une autre. Esperons que cela ne soit trop tard.
Barry from Thies.

IG
IG
4 années il y a
Répondre à  MAB

En tout cas la Grande Muette de revele jusque-la etre la Grande Absente. Thanks for weighing in, my friend.

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