L’économie immédiate : baromètre et levier de résilience face à la pandémie du Covid-19
Le Coronavirus apparu en décembre 2019 en Chine qui est un puissant Etat et une grande Nation, a rapidement installé une catastrophe sanitaire un peu partout dans le monde. La gravité de la situation nous achemine tout droit à une autre économique et prions qu’on n’en soit pas à une catastrophe humanitaire, mais surtout agissons.
La forte dépendance de la plupart des économies et le caractère extraverti de l’activité économique montre à quel point il demeure urgent de se focaliser sur l’économie de l’ici-maintenant, celle de la résilience pour survivre à toute éventuelle crise alimentaire ou humanitaire conséquence de l’économique si elle perdure. Le covid-19 tient le monde en haleine et la santé tient l’économie en survie ; plus vite la bataille est gagnée, rapidement la catastrophe n’atteindra pas l’humanitaire.
Toutefois, l’aspect positif majeur demeure cette cohésion politique nationale qui sera assurément suivie par une sédimentation sociologique par les autres franges après la courageuse, salutaire et sage décision du Président de la République Macky Sall à inviter toute la classe politique et à prendre des mesures institutionnelles et économiques urgentes. L’autre, non moins important, serait les leçons tirées pour aller dans le sens de valoriser l’économie immédiate.
C’est une dimension de l’économie gravement et longuement occultée ou méconnue qui vient d’avoir raison sur la déshumanisation profondément entretenue sur ce qui eut à l’origine un mobile d’équité et d’équilibre dans les interactions sociales. L’économie a été à ses origines moraliste, voire théologique.
En effet, des économistes comme le Professeur Felwine Sarr ont raison de reprocher à cette discipline son profond complexe des sciences exactes et sa forte tendance quanto phrénique qui la noie dans les spéculations dont les plus notoires sont les soubresauts des tremblements des bourses et autres crises financières.
L’excès et la sur abstraction mensongère ont étouffé l’économie et sa nature immédiate, qui demeure la dimension la plus réelle, la plus intégrative et la plus soutenue de l’économie en général. Ces trois majeures sont aujourd’hui confirmées par la BCEAO qui vient de prendre des décisions qui confirment le caractère salutaire de ce nouveau paradigme qui est en réalité une dimension étouffée et méconnue par l’hyper extraversion. Les Banques ont toujours été la parfaite illustration de l’économie spéculative.
En effet, cette approche économique inspirée par la Philosophie de l’Economie Suffisante thaïlandaise qui nous a amené à conclure que « si cette économie est suffisante c’est parce qu’elle est immédiate », nous a amené à se focaliser sur l’environnement physique et naturel avec comme force majeure, la capacité d’obtenir le maximum d’accessibilité et de processus de transformation et la culture au sens large du terme de « l’ensemble des biens et services matériels comme immatériels » pour voir la valeur ajoutée issue de ces deux productions brutes.
Il s’agit d’une nouvelle approche institutionnelle de l’économie à partir du niveau le plus immédiat et le plus accessible. Le Roi de la Thaïlande Rama IX a le mérite d’être un précurseur du développement durable et soutenu en insinuant le cout environnemental et le rôle des pouvoirs publics dans le développement. Il a juste érigé en politique publique de développement, à l’échelle macro, une politique de développement à la base jusque-là menée par les ONG et organisations de la société civile. Ce qui présuppose une parfaite appropriation par les populations actrices et bénéficiaires.
Il faut ainsi noter que cette approche prédestine à une forte valeur ajoutée et une riche chaine de valeur. Cependant, faudrait-il qu’elle parvienne à contourner la faiblesse technologique de l’Afrique et des pays en retard industriel face aux multinationales, sous peine de ne pas être viable.
En effet, si l’on considère le processus de développement qui part des Physiocrates (fin XVIIIe siècle) à l’Ecole classique (début XIX siècle) et l’Ecole néo-classique (fin XIXe siècle) jusqu’à l’Ecole de John Maynard Keynes, on perçoit successivement le caractère réel à travers l’agriculture, la fonction du libre-échange, de la monnaie, de l’emploi et l’enjeu de la croissance comme différents focus de débat.
Assez suffisante alors pour trouver un angle qui permet de se frayer un chemin à travers ces différentes problématiques : l’économie immédiate.
Aussi, faudrait-il que la capacité de satisfaire les besoins à travers les ressources humaines, naturelles et financières issues de l’environnement géographique et spatial le plus immédiat constitue un baromètre puissant d’économie immédiate.
A titre illustratif, la capacité de réponse donnée par le vaillant corps médical est assez illustrative de la qualité des ressources humaines sanitaires. Un rehaussement du niveau d’équipement ferait des points supplémentaires. Le coût économique des comportements et le coût du manque d’infrastructures et d’équipements sont en réalité les facettes souvent faiblement perçues de l’économie immédiate. Un mauvais comportement citoyen entraine une et des pertes énormes ; un passif à intégrer dans le bilan alors. Une action citoyenne avec tous les effets induits en serait alors un actif même s’il n’a pas été comptabilisé.
L’action citoyenne est alors une dimension souvent imperceptible dans l’économie conventionnelle et un pan entier à comptabiliser dans l’économie immédiate, par sa nature réelle, intégrative et soutenue.
Le caractère réel mesuré à travers la valeur non monétaire de tous les efforts qui seront consentis et le caractère intégratif que le Gouverneur de la BCEAO vient de comprendre à travers la deuxième décision d’élargir le champ des mécanismes avec l’initiative de faire la cotation de 1700 entreprises privées dont les effets n’étaient pas acceptés auparavant dans son portefeuille, montrent à suffisance combien l’activité économique a été exclusive de pans entiers du potentiel.
Economie immédiate n’est pas autarcie, elle est juste une prise de conscience de l’ensemble des potentialités monétaire comme non monétaire, informelle, de l’exigence de focus sur la qualité des ressources humaines pour obtenir un développement soutenu. Elle respecte l’environnement afin de considérer la durabilité d’autant plus qu’elle se veut une économie du terroir, une économie verte.
L’économie immédiate est un retour aux valeurs, c’est pourquoi elle privilégie l’agriculture bio qui a été la première forme agricole. C’est une invitation à l’action citoyenne car elle permet d’appréhender le cout économique des efforts citoyens comme mode de contribuable alternatif au service public à l’instar de ce que font les jeunes dans le scoutisme. Elle est alors une économie de réconciliation de l’individuel avec le collectif par ses valeurs de responsabilité : un besoin crucial en cette période de coronavirus.
C’est une économie de développement à la base, comme nous l’avions évoquée tantôt, elle est ascendante à l’instar du bottom-up dans laquelle l’entreprenariat individuelle, féminin, familiale, communautaire avec les enseignements des pratiques d’économie sociale et solidaire, de micro finance, d’économie circulaire à la seule condition que la matière première ou produit brut provienne de l’immédiat ; qu’elle émane de soi et soit maitrisée par soi-même dans l’optique visée. Son caractère de profit : sa dimension économique, est ici envisagée en pondération du coût social et de sa nature contributive au développement de sa localité. C’est pourquoi toute activité d’entrepreneuriat social a une incidence d’économie immédiate.
En définitive, l’économie immédiate est une systématisation de la relation entre l’économie la culture et l’environnement d’une part, la responsabilité sociale dans la création de richesse d’où son caractère humaniste. Elle valorise le local en ce sens qu’elle articule le système de production à la consommation comme le souhaitait le président Sankara quand il disait : « Consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons ».
C’est pourquoi elle optimise aussi l’approche coopérative de Mamadou Dia qui renforce le système de production à travers leurs acteurs par des compétences technique, d’organisation, de gestion et d’adaptation. Elle favorise ainsi le transfert et la dissémination de technologie. C’est une économie de dissémination.
En conclusion, la fermeture des aéroports qui porte un coup dur aux échanges internationaux et le confinement des personnes pour réduire les risques de dissémination du virus et de contagion semblent inviter le monde à appréhender d’abord l’immédiat ; pourvu que les leçons seront bien apprises et assimilées.
Plus on dépend de ses potentialités, mieux on résiste aux chocs externes d’où la nécessité de mieux considérer l’économie immédiate à l’instar de ce précieux ouvrage qui vient de m’être offert par la Présidente de Solidarité laïque : « Le Pouvoir du moment présent » qui m’a permis de voir le niveau spirituel de ma réflexion socio-économique.
Dr Alioune DIONE
Membre du Mouvement des Cadres de PASTEF.
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