Le Sénégal serait-il au faubourg des réalités du Covid-19 ? [Partie 1]
Ousseynou Tamba est un étudiant en master à la section anglaise de l’université Gaston Berger de Saint Louis. Spécialisé en Littérature et Civilisation du Monde Anglophone, il analyse, ici, la façon dont les sénégalais ont vécu et vivent encore l’épidémie du Covid-19 depuis quelques semaines. À cette occasion, il jette un regard critique sur la gestion de l’épidémie par les autorités gouvernementales du Sénégal.
« Vous êtes sûr que le Sénégal ne serait pas le titre d’un film comique et les sénégalais des acteurs » cette raillerie à connotation satirique de la part de Nana Hélène publiée sur sa page Facebook dépeint avec ipséité le caractère insolite du comportement des habitants de Sunugaal[1]. La menace du Covid-19 est imminente et réelle, les conséquences, à l’image de certains pays occidentaux, pourraient être catastrophiques.
Aujourd’hui, par un fâcheux concours de circonstances, cela est devenu un fait réel dont nous avons tendance à mal appréhender les véritables conséquences comparait aux vrais problèmes que le pays vie. Le comportement messéant de nos congénères à l’affut du virus de Wuhan communément appelé Corona virus nous laisse perplexe sur l’approche homo senegalensis par rapport aux vraies menaces qui nous guettent. Entre borgnitude et paresse intellectuelle, fanatisme religieux ou inconscience, ingérence et manque de patriotisme, le pays de Kocc[2] est souvent emporté par une série de flux fallacieuse et vive qui le précipite à la périphérie des véritables enjeux liés au Covid-19.
Visite dans la Tanière
Dès l’annonce de l’état d’urgence le 12 Mars par le Président, s’en est suivie une série de vagues déferlantes de polémiques sur les réseaux sociaux et plateaux télévisions, partant des plus opportunistes aux plus absurdes. Le virus que certains Sénégalais voyaient comme une punition divine pour les chinois pour avoir persécuté et torturé les Musulmans « ouïghours ».
Au début des croyances de toutes sortes ont été avancées, avant l’arrivée du virus au Sénégal. La foi est considérée comme l’écran qui sauve le Sénégal à titre de comparaison. Comme si ce virus selon l’analyse des Sénégalais reconnaît les appartenances religieuses, confrériques où peut être même ethnique avant d’attaquer. Peut-être pense-t-on que ce virus est une pathologie spéciale que les scientifiques de ce monde ont omis de nous expliquer. Au Sénégal, nous sommes dans un pays où les habitants ont des compétences pluridimensionnelles, dans tous les domaines.
Le mot d’ordre du commandant en chef est clair : interdiction des grands rassemblements et des manifestations publiques (y compris églises et mosquées) ; le renforcement du contrôle aux frontières, l’interdiction des transports inter-régionaux ainsi que la fermeture des établissements scolaires et universitaires à partir du 16 Mars date qui a été prolongée par la suite jusqu’au 02 Juin. Et aujourd’hui encore reportée. Ainsi que la fermeture complète de l’espace aérien à partir du 20 Mars à minuit jusqu’au 17 Avril. La création d’un fond de riposte et de solidarité, force Covid-19, d’un montant de 1000milliards. La prise de mesures fiscales en soutien aux entreprises l’état-d’ urgence et un couvre-feu chaque jour de 06 à 20h est fixé.
Borgnitude ou paresse intellectuel
Couvre-feu et état d’urgence ont atteint une propagation à une dimension nationale avec des symptômes comme la flemmardise et borgnitude d’un certain nombre d’étudiants Sénégalais déclarant positifs nos congénères à l’éternelle ineptie de « Jeunesse inconsciente ». Après la déclaration de clôture provisoire des universités jusqu’à nouvelle ordre, des réactions enthousiastes célébrant cette clôture furent notées au sein des étudiants faisant état d’une insouciance sur les véritables effets de ce fléaux. Pire encore nos éternels fiers apprentis juristes qui se ruent sur la simple définition du mot Couvre-feu pour encore se vanter une nouvelle fois sur l’importance d’étudier les sciences juridiques proférant des messages comme « Quand le droit parle, tout le monde se tait, n’est pas juriste qui veut etc… », entrainant des disputes fallacieuses qui nous mettent hors des mesures barrières du danger.
Sans aucun doute ils n’ont pas cerné l’impact que cela aurait sur notre économie. Qu’en sera-t -il de nos vieux pères « Goorgolus »[3] qui essayent de joindre les deux bouts à partir de leur labeur journalier pour assurer le quotidien ? Nous parlons bien sûr aussi de cette vendeuse de thiéré[4] qui au crépuscule ne compte que sur ce petit business pour assurer sa survie. Nos pensées vont à l’endroit de cette journalière à l’université, qui à cause du virus est au chômage technique, de ce transporteur qui se trouve dans l’incapacité de conduire et se retrouve figé chez lui. Cette pandémie a des répercutions dans les relations entre nations avec la fermeture des frontières et l’arrêt du transport maritime et aériens. L’économie est en mal. L’incertitude s’installe, une concentration et une union de force s’impose.
Pendant ce temps, chez nous bien sûr, la jeunesse s’adonne à des scènes d’actions Hollywoodienne dans les rues de Dakar, juste pour s’amuser et défier l’autorité policière. Des courses poursuites à connotation attaquant défenseur opposant homme de tenue et population civile teintées sous la bannière allégorique de League des champions du couvre-feu animent les réseaux sociaux.
Ousseynou Tamba
Étudiant en Master à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, spécialisé en Littérature et Civilisation du Monde Anglophone
[1] Nom wolof attribué à Sénégal et dont le nom du pays découle. Sunugaal qui signifie littéralement notre pirogue en faisant référence à notre pays.
[2] Personnage mythique et emblématique de la sagesse dans le pays.
[3] Mot wolof attribué aux débrouillards
[4] Nom du couscous Sénégalais