Le racisme aux États-Unis, l’autre pandémie(Par Mangue SENE)
La scène, filmée par des passants, est révoltante. Un homme noir plaqué au sol, est immobilisé par quatre policiers blancs; pendant une dizaine de minutes un des policiers appuie son genou sur le cou de l’homme inerte. Bien qu’il se plaigne de ne pouvoir respirer, la pression ne se desserre pas. L’homme rendra l’âme quelques minutes plus tard.
Les quatre policiers ont été licenciés, mais un seul a été inculpé. C’est suite à la vague d’indignation et aux violentes manifestations provoquées par la vidéo que la justice américaine s’est décidée à les inculper tous pour « meurtre ».
Si ce drame a suscité autant d’indignation et de révolte, c’est parce George Floyd n’est pas le premier Afro-Américain à mourir à cause d’une
violence policière. La situation que vit l’Amérique n’est pas sans rappeler les événements de Los Angeles en 1992. Rodney King, un Noir, fut
brutalisé et sauvagement battu par des policiers blancs. S’en suivirent de violentes émeutes à l’issue du procès qui a vu les policiers
acquittés. Deux d’entre eux seront finalement condamnés dans un second procès. La liste est longue d’Afro-Américains victimes de violences
policières, verbales ou physiques. Beaucoup d’entre eux, hélas, y ont laissé leur vie.
Le racisme, c’est connu, a toujours existé aux États-Unis (et ailleurs). Il n’a pas empiré, il est tout simplement plus médiatisé. Si cet acte
raciste d’une brutalité inouïe a provoqué une grande indignation aux États-Unis et au-delà, c’est parce qu’il a été filmé et largement partagé
sur les réseaux sociaux.
La traite négrière a eu des conséquences néfastes sur les esclaves africains et leurs descendants vivant aux États-Unis, dans les Caraïbes
et bien au-delà. Une abomination qui a duré quatre longs siècles pendant lesquels des millions d’Africains furent arrachés à leurs terres et
déportés aux Amériques dans des conditions atroces. Beaucoup d’entre eux périrent dans la profondeur et l’obscurité des cales des lugubres navires négriers. Et le sort réservé à ceux qui avaient survécu à la traversée de l’Atlantique était encore plus effroyable.
L’esclavage fut aboli avec la fin de la guerre de Sécession perdue par le Sud esclavagiste. Toutefois, l’abolition de l’esclavage n’a pas été
synonyme de plus de liberté et d’autonomie pour les anciens esclaves. Des lois aussi iniques qu’infamantes telle que la ségrégation raciale furent votées. Ces lois, bien qu’elles n’existent plus (officiellement), ont eu des répercussions sociologiques, culturelles et économiques désastreuses sur les Afro-Américains.
Le traumatisme de l’esclavage et des lois raciales est encore présent dans la communauté noire et continue d’impacter leur existence. Les AfroAméricains ne sont pas seulement victimes de brimades et de violences policières. L’esclavage et la ségrégation raciale qui a suivi ont laissé la place à un racisme systémique et structurel, donc très difficile à combattre. Aux États-unis les inégalités sociales touchent beaucoup plus les Afro-Américains que n’importe quel autre groupe social. Les Noirs ont toutes les difficultés pour avoir accès à des soins de santé adéquats, à une éducation de qualité et à des logements décents. Ce racisme institutionnel est le fruit d’un processus historique et culturel qui promeut l’idéologie du « suprémacisme blanc ». Cette notion, ridicule et dangereuse, traduit un complexe de supériorité que traînaient des Blancs incultes, dont l’unique objectif était la préservation de l’asservissement et de l’humiliation de l’homme noir. Une des conséquences de cette situation a été l’émergence du sinistre Ku Klux Klan, une organisation terroriste qui s’est opposée à l’émancipation des Noirs en utilisant des méthodes aussi abjectes que le viol, la torture ou l’assassinat.
La lutte des Afro-Américains pour leurs droits civiques a été longue, difficile et périlleuse, mais elle n’a pas été vaine. Il convient donc de
rendre un hommage appuyé à Rosa Parks qui a refusé de céder sa place dans un bus, à Martin Luther King dont on espère vivement que le rêve se réalise, à Malcom X, et à tous les autres qui ont payé de leurs vies pour une société plus humaine et plus équitable.
« Le mal le plus pernicieux, le plus nocif sur cette terre est le racisme » disait déjà Malcolm X. Ces mots sont encore plus vrais aujourd’hui, car
le racisme est une réalité que beaucoup de Noirs ont vécue ou continuent de vivre. Le racisme est une bête immonde, une hydre que nous sommes tous appelés à combattre.
L’onde de choc qui a fait écho à la mort de George Floyd nous fait espérer que le monde a enfin pris conscience de l’injustice et de
l’avilissement que vivent les Noirs aux États-Unis et partout ailleurs. Ainsi le slogan « Black lives matter » revêtira toute son importance, et
George et les autres, tous les autres, ne seront pas morts en vain.
Mangue SENE Pastef-Les Patriotes Rome