Jeudi Noir N°78 : Augmentation du tarif de l’électricité, inopportune et injustifiable
Semaine très agitée, électrique oui, prélude à des tensions en mode « Fast track ». Concernant la question de l’augmentation des tarifs de l’électricité au 1er décembre, on peut être valablement choqué pour plusieurs raisons:
1- Sur le délai de mise en œuvre : Moins d’un mois, pour des augmentations allant jusqu’à 10% (certes disent ils pour un peu moins de 20% de la clientèle) pour une proportion non négligeable. C’est une variation importante qui aura des incidences lourdes. Il semble malheureusement qu’il n’y ait pas eu de réflexion quant aux effets collatéraux. En effet s’agissant d’un facteur de production, il faudra inéluctablement s’attendre à une augmentation du prix de revient de l’eau, par conséquent suivez mon regard… Ensuite il y aura un effet négatif sur l’inflation avec ses conséquences sur les prévisions de croissance !
2- Sur la réelle opportunité de cette décision : le Directeur de la Senelec aurait pu nous épargner cet alibi de 12 milliards, c’est tout simplement mesquin. Pourquoi ? Parce que ce montant est insignifiant devant les nombreuses décisions du gouvernement budgétivores et aussi douloureuses pour les Sénégalais qu’inopportunes et injustifiables.
Dans la première catégorie INOPPORTUNITE je citerais: le projet CAP KARANGUE que Abdoulaye Daouda Diallo nous a si gentiment laissé. On nous impose sans explication par Arrêté le remplacement de nos permis de conduire (10 000 F s’il vous plaît !), de nos plaques d’immatriculation désormais fabriquées par une société française qui daigne sous traiter la pose à nos goorgolus (et dire que eux ci avaient créé de nombreux emplois rien que sur ce créneau, avec une capacité allant jusqu’à la production de 44 mille plaques en deux mois, ils payaient aussi leurs impôts !) Et de nos cartes grises. Cette fois, on modernise bien sûr avec des cartes à puce. Que fait-on de ces puces, on verra bien ! A t-on prévu le matériel pour le contrôle par les puces, ça c’est une autre affaire !
D’ailleurs est ce que cela nous change des cas déjà vus sous wade (CNI numérisées et biométriques), puis depuis 2017 avec les cartes d’électeurs biométriques qui n’ont aucunement empêché les fraudes ?! Mieux vaut en rire… pour ne pas pleurer !
Au final des centaines d’emplois vont mourir et moins d’impôts à percevoir pour l’Etat. Et d’un, je parle des exemples inopportuns bien sûr. Car le vrai problème est plutôt le besoin de réforme des procédures et de la chaîne de décision pour limiter la corruption.
Ensuite, ce fameux supercalculateur SEQUANA qu’ATOS nous vend au prix faramineux de 10 Milliards CFA ! On se gausse de dire qu’on est dès lors 2ème en Afrique derrière l’Afrique du Sud. Je constate que la Côte d’Ivoire a acquis elle aussi depuis juin dernier un supercalculateur, lui aussi d’ATOS ! Comme par hasard notre propension à nous concurrencer en toute stupidité, peut-être un « ethos », nous a fait signer tous les deux un emprunt auprès de la France en faveur d’ATOS quasiment en même temps (les deux en 2016). Quelle est la finalité de cela ? Calculer super-vite pour en faire quoi après quand on sait la vitesse de décision de nos politiques ? C’est comme en fait courir à perdre haleine quand on sait d’avance que la porte au bout du tunnel sera fermée… Former nos élites dans les technologies du Big Data, de l’Intelligence Artificielle d’accord mais pas à n’importe quel prix. En gestion, il est connu qu’il vaut mieux une charge qu’un investissement lorsque le matériel est sous utilisé. Le nombre de pratiquants sera-t-il assez important quand on sait la désaffection grandissante pour les mathématiques au secondaire ? A coup sûr cette réflexion n’a pas été menée !
Dans la deuxième catégorie INJUSTIFIABILITE, je me contenterais de citer le BRT. Comme par hasard notre fameux « ethos » cette fois dans les tares du mimétisme nous a amenés à copier encore la cote d’Ivoire. Mais il y a 2 choses qu’il faut savoir ici : En Cote d’Ivoire leurs 20km de BRT leur ont coûté 175 milliards CFA, ici 18,3km de BRT coûteront 300 milliards… what ????? Oui, Il y a bien anguille sous les pieds, en plus au moment où on cherche ces… 12 milliards ! Mais au fait a-t-on bien estimé les avantages comparatifs susceptibles d’assurer la rentabilité de ce mode de transport ? J’affirme que NON ! En effet, ce genre de transport en site propre ne fonctionne bien qu’en multimodal, ce qui n’est pas le cas ici. Il aurait fallu en effet prévoir des zones de parkings aux extrémités des lignes pour récupérer des automobilistes qui accepteraient, moyennant une modique somme de garer leurs véhicules libérant ainsi les voies, pour prendre le bus. Par ailleurs avec l’indiscipline qui nous caractérise, il n’est pas sûr que le BRT pourra bénéficier tout le temps de son site propre (où il est seul).
En conclusion on a emprunté costaud pour un résultat très probablement riquiqui. Ont-ils fait du benchmarking pour voir qu’en Afrique du sud le BRT fut un fiasco à cause de tels errements. A Lagos cependant, la multimodalité a rendu leur projet BRT rentable.
Je termine Abdoulaye… je termine… Fontroche nous a eus « à fond » avec ces 50 0000 lampadaires solaires, quoi qu’ils nous barratinent ensuite ! 57 Milliards CFA pour 3 ans c’est déjà plus de 19 Milliards qu’on aurait économisé par an sur 3 ans si on n’avait pas signé… Est ce qu’on doit trimer alors pour ainsi… Font font font les petites marionnettes… pour qu’elles éclairent nos pauvres villes du Sénégal avec notre soleil. Pourtant nos campagnes n’avaient pas besoin de lampadaires à plus de 1 million CFA le lampadaire, elles manquent déjà cruellement d’eau, de médicaments… elles auraient bien accepté les lampadaires de Ablaye TOURE, mon ami de Mekhe dont les ateliers ont déjà produit des centaines d’équipements solaires de tous ordres.
Chers amis, je ne sais pas vous, mais moi je suis outré, choqué et abattu par ces dirigeants sans pitié ! Quand en plus un député et pas des moindres pointe du doigt des pontes de la République qui s’enrichissent par la drogue, qu’il prend à témoin un autre « honorable », qu’il demande au Procureur de le convoquer sans aucune réaction de ce dernier… alors je me convaincs définitivement qu’on est ici à NDOUMBELANE