samedi 27 avril 2024
Contributions

Des organes de lutte contre la corruption sans effets au Sénégal (Par Maimouna DIA)

Depuis 2015, le renforcement du cadre réglementaire de prévention et de lutte contre la corruption et la reddition des comptes piloté par l’Ofnac rime avec impunité.

Nous n’allons pas dresser ici la liste des différents rapports de cet organe dont le plus célèbre incrimine le frère de notre chef de l’Etat. 

Face à une corruption qui prend de l’ampleur et qui contourne les organes juridiques qui sont censés les punir, il est nécessaire de renforcer la législation anti-corruption en tenant compte de nouvelles manifestations de la criminalité financière afin de prendre les mesures adéquates.

La corruption est le fait pour individu investi d’une fonction déterminée (publique ou privée) de demander ou de recevoir un don ou un avantage quelconque en vue d’accomplir, ou de s’abstenir d’accomplir, un acte relatif à ses fonctions. D’une part la corruption active est l’action de proposer un don ou un avantage quelconque à la personne. D’autre part la corruption passive est l’acceptation du don ou de l’avantage par cette personne.

Il est nécessaire de rappeler que l’OFNAC, créé depuis le 28 décembre 2012, avait deux missions principales :

  • Adapter le cadre juridique de cette lutte contre la communication aux nouvelles pratiques de la criminalité financière.
  • Harmoniser la stratégie de l’OFNAC avec celles des organisations ayant les mêmes défis.

C’est ainsi qu’en plus de la Cour des Comptes et l’Inspection générale d’État, de nouvelles institutions ont vu le jour comme : l’Agence de régulation des marchés publics (ARMP), la Cellule nationale de traitement des Informations financières (CENTIF), la Commission Nationale de Lutte contre la Non-Transparence, la Corruption et la Concussion (CNLCC).

Notre Président de la République a mis en place des réformes et réactivé la Cour de répression de l’enrichissement illicite. Il a exigé la publication du Code de transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l’UEMOA. Il a également créé un Ministère de la Promotion de la Bonne Gouvernance et l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption.

Pour atteindre son second but, l’OFNAC doit coordonner ses initiatives prises avec les différents organes concernés, en travaillant en synergie avec ces derniers et cette politique nationale de lutte contre la fraude et la corruption doit être formalisée par nos institutions.

D’abord le Gouvernement doit décliner clairement sa vision sur ce fléau. Ensuite, il évalue et dresse un bilan des initiatives menées et des résultats qui en découlent. Puis, il élabore un plan stratégique en détaillant les axes et les moyens d’actions pour arriver à un résultat satisfaisant. Enfin, il doit définir un comité de pilotage et de suivi des interventions.

Dans ce cas, pourquoi depuis 2015, aucun progrès n’a été remarqué dans la lutte contre la corruption au Sénégal. Avec son score de 45% depuis quatre années consécutives, notre pays est 66ème sur les 180 selon le classement mondial, soit 8ème en Afrique (Source : l’Indice de perception de la corruption 2019 publié par Transparency international (Ti)).

Pourquoi faut-il en finir avec cette pratique délictuelle qui déstabilise l’économie de notre cher pays ?

Les réactions des sénégalais face aux scandales répétés sont de plus en plus présentes dans l’espace public.

L’absence de compatibilité entre la corruption et les conditions de bonne gouvernance poussent à légiférer pour son éradication.

Les montants indécents détournés correspondent à une part importante du PIB du Sénégal

Les liens entre la corruption et les délits ou crimes organisés (tels que le trafic de stupéfiants, financement du terrorisme) blanchiment de capitaux sont de plus en plus étroits.

La lutte contre la corruption est un gage de bonne gouvernance publique. Étant donné qu’aucun secteur de la gestion des affaires publiques n’échappe à ce problème, les efforts consentis pour sa disparition seront les clés de la réussite de la politique publique d’un État comme le Sénégal.

Maimouna Mint Saïdou Dia

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