vendredi 3 mai 2024
Contributions

Une autre stratégie innovante de résistance populaire

 

Ces temps-là, l’on entend souvent la chanson populaire « Ayeee, Iyaawoo, Sonko, Sonko, Sonko namenalaa » résonner dans les espaces publics (plages, rues, stades). Cette chanson populaire devient un épiphénomène politique en train de se répandre. Contre cet épiphénomène, le journaliste chroniqueur Pape Matar Diallo fustige dans une vidéo les jeunes qui, selon lui, versent dans le folklore en chantant le nom Sonko dans les espaces publics. Il pense que ce sont des futilités sans aucune importance. Alors qu’ils ne répondent plus aux appels à manifestations, soutient-il. Ce folklore, pour PMD, ne correspond pas au sens véritable de l’appel du Président Ousmane Sonko portant essentiellement sur le travail.

Cette analyse de la sonkorisation est simpliste et déconnectée des réalités du contexte politique actuel. Elle met à nu une conception négative de la jeunesse qui semble irresponsable, dévouée au folklore, ignorante du sens fondamental du Projet PASTEF porté et promu par le PROS. Alors que la jeunesse sénégalaise est très bien consciente des enjeux politiques. Elle est responsable. C’est pourquoi, son engagement politique actif est inédit dans l’histoire politique du Sénégal.

En fait, la stratégie s’élabore, se met en œuvre en fonction des contextes auxquels elle s’adapte, au besoin, suivant l’environnement interne (forces/faiblesses) et l’environnement externe (opportunités/risques). La stratégie n’est pas figée, elle est dynamique, adaptable. Ce qui permet la réorientation stratégique par le changement d’objectifs, d’organisation, de planification opérationnelle.

Dans le champ politique sénégalais sont préoccupants, abusifs la restriction des libertés constitutionnelles de manifestation et de réunion politiques, les répressions démesurées, les persécutions, les kindnappings, les tortures, les emprisonnements arbitraires, les meurtres policiers. S’il en est ainsi, il nécessite de chercher des stratégies alternatives de résistance. Chanter le nom Sonko dans les espaces publics est en effet une stratégie alternative de contestation et de revendication populaires de la libération des détenus politiques, du PROS. Cette stratégie innovante dénommée, communément, la Sonkorisation permet d’esquiver la répression tout en revendiquant la libération des détenus politiques, du Président Ousmane SONKO. La chanson évoque l’absence imposante du leader de l’opposition, exprime la nostalgie ressentie vivement par les militants et sympathisants patriotes. C’est une revendication populaire de la libération des détenus politiques.

La Sonkorisation dérange, déstabilise, déshonore les partisans mackystes en rendant présent quelqu’un que le dictateur Macky et sa bande mackyavélique voudraient extraire, éloigner de l’espace public en l’emprisonnant à cause de sa présence, de sa réputation imposantes d’envergure locale, nationale et internationale. Elle manifeste l’attachement populaire au PROS et la poursuite des revendications de sa libération. Comme moyen de résistance, la Sonkorisation fera craindre et hésiter le régime dans l’organisation des activités gouvernementales et politiques. Lors des évènements internationaux, elle est aussi un moyen d’internationalisation des revendications politiques pour la libération des détenus politiques.

Par ailleurs, la musique, du moins la chanson populaire occupe une place cruciale dans les révolutions. Les périodes révolutionnaires ont vu la naissance ou le développement de diverses formes de musique. Le jazz, le reggae sont inventés par les afro-américains révoltés des travaux forcés, des répressions, des exclusions et discriminations des sociétés américaines pour se libérer de l’oppression en exprimant leurs labeurs, leurs souffrances existentielles. L’Afrique du Sud sous le régime tyrannique de l’apartheid a vu jaillir des chansons populaires et révolutionnaires au rythme du nom emblématique Mandela pour dénoncer les extrêmes injustices que subissaient les populations noires.
Donc, la chanson, en tant que musique populaire, motive, engage, galvanise les résistants par sa surcharge subversive. De sa portée distrayante, elle libère en un certain temps les oppressés de l’angoisse, des souffrances de la tyrannie. La chanson « Sonko Namenaala » accompagnée par l’instrument Asscico augmente sa musicalité et son rythme cadencé.

La délégation officielle du gouvernement est sonkorisée à Touba, en prélude du Magal, dans le train GTS par les échos « libérez Sonko ». La délégation présidentielle est sonkorisée à Touba. Sans oublier, le cas de la Ministre de l’industrie sonkorisée à Joal lors d’un concert sous son marrainage à tel point qu’elle n’a pas pu dire son discours. Un match de football navetane à Guediawaye est arrêté par les Forces de Défense et de Sécurité, du fait de la sonkorisation du stade. A cause de l’effet de la sonkorisation dans le stade, l’ODCAV de Vélingara a fait un communiqué de mise en garde et d’interdiction des chansons politiques, soi-disant, que le sport navetanes est apolitique loin des tendances politiques. Qu’ils arrêtent les parrainages de politiciens des compétitions sportives. L’apothéose, c’est la Sonkorisation du match Sénégal-Algérie du 12 septembre qui a fait du Président Ousmane Sonko l’homme du match.

La Sonkorisation impacte. Donc Sonkorisons les espaces publics.

Bourama Sow BADIANE
13 septembre 2023

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