dimanche 5 mai 2024
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Troisième mandat, TER, inondations : les carences du gouvernement de Macky Sall (par Dialounké)

Dans notre précédent article, nous avions vu que la morale ne faisait pas partie de la gamme d’émotions que s’autorisent le président Macky Sall et son gouvernement. Le temps étant bon juge, l’actualité politique Sénégalaise apporte chaque jour son lot de surprises : 3ème mandat, TER, inondations. Une conjecture de faits qui sera analysée ci-dessous.

Troisième : un flou maintenu volontairement par le président Macky Sall

Sory Kaba (ex-Directeur des Sénégalais de l’extérieur), Moustapha Diakhaté (ancien ministre conseiller), Moussa Diop (ex-Directeur de la société de transport Dakar Dem Dikk) trois personnalités politiques avec un même destin : limogées de leurs postes pour avoir osé assumer leurs positions concernant la non-possibilité du président Macky Sall de prétendre à un 3ème mandat présidentiel. Des limogeages abusifs et sans fondement qui font penser intrinsèquement à une intimidation et une tentative de musellement de la part de Macky Sall. Ce dernier (avec ses partisans) maintient volontairement et à tort un grand flou concernant le 3ème mandat où tous les marqueurs sont au vert pour faire un forcing concernant un 3ème mandat qui est moralement illégal et juridiquement illégitime. Ne pas voir de parallèle indirecte avec nos voisins maliens, excédés par le népotisme et l’incompétence notoire et flagrante de leur ancien président Ibrahim Boubakar Keita (IBK), c’est faire preuve de déni absolu.





L’éjection de IBK par le peuple est un signal fort qui rappelle que le peuple a le dernier mot dans une démocratie. Comme à l’image de 2012, les Sénégalais n’hésiteront point à descendre dans les rues pour stopper la boulimie ardente des hommes au pouvoir qui veulent s’y accrocher comme une sangsue. Et tout porte à croire que les gens de la mouvance présidentielle, avec à leur tête Macky Sall, veulent détruire le référentiel commun social acquis au fil des années. Ce point doit être définitivement enterré par le président Macky Sall qui doit mettre fin, de manière imminente et publiquement, toutes les suppositions en lien avec le 3ème mandat.

TER : le énième endettement de trop

Lors de sa visite d’affaire de deux jours en France, le président Macky Sall a assisté à l’université d’été de l’organisation patronale du MEDEF, accompagné de son Ministre de l’économie qui faisait partie de la délégation Sénégalaise. Ce dernier a emprunté 26,9M€, soit plus de 17 milliards XOF CFA, pour entamer la pré-exploitation du TER. Cette somme, qualifiée de « financement » par Amadou Hott, n’est ni plus qu’un endettement de plus à un projet de TER, inauguré avant sa mise en service, et qui traine plus de casseroles que l’on ne pense. Un emprunt qui suscite beaucoup de questions : quel est le taux pour ce prêt ? Pourquoi ces dépenses additionnelles n’étaient pas budgétisées au départ ? Qui va supporter le coût concernant le retard d’exploitation ? Beaucoup de questions qui remettent fortement en cause la capacité de ce gouvernement.

Inondations : la volonté de DIEU ou le spectre de l’incompétence

Le Sénégal sous les eaux depuis 3 jours. Il aura fallu quelques 100 mm de pluies pour que Dakar vive un scénario aux allures d’apocalypse et que le plan d’organisation des secours (ORSEC) soit déclenché. Une énième déception et frustration pour le Sénégalais qui a déjà du mal à joindre les deux bouts, mais se retrouve sans toit et bloqué à cause des ralentissements de l’activité économique. Un scénario où les responsables politiques, impuissants, imputent à tort les inondations à la recrudescence de la pluviométrie dans la sous-région. Une fuite de responsabilité honteuse où la faute incombe (toujours) aux autres mais jamais l’exécutif, nous poussant fortement à douter de leurs sincérités de leurs engagements envers le peuple.

N’est-ce pas ce sont eux qui se targuaient fièrement des 750 milliards XOF FCFA sortis par le président Macky Sall dans le cadre du Plan décennal de gestion des inondations ? Ne savent-ils pas que les budgets des années 2000 sont largement moins que ceux des années 2010 et donc rien d’extraordinaire, surtout quand on sait que ces budgets viennent des impôts des pauvres goorgorlous et Djeggs.

En outre, la sortie pittoresque et révoltante du DG de l’ONAS dans un plateau télévisé au Sénégal, Lansana Gagny à propos des inondations à laisser tout le monde de marbre. En plus d’imputer la faute à la population « indisciplinée », il a proposé la limitation de naissances pour faire face au problème d’inondations. Une démarche méprisante envers les Sénégalais, qui nous rappelle singulièrement celle d’Emmanuel Macron à propos de la démographie africaine. Pour être plus direct, cette sortie de M. Sakho est une insulte à tous les Sénégalais. On est bien d’accord que les problèmes d’inondations à Dakar (et dans les autres régions) restent un héritage du passé. Cependant, il est payé pour anticiper la forte pression démographique et proposer, surtout qu’il a bénéficié de l’équivalent d’environ 1/5 du budget du Sénégal en 2019. Trouver la petite bête auprès de la population ou de la nature pour masquer son incompétence doit cesser. L’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM) a, depuis le mois de Juin, averti d’une pluviométrie exceptionnelle qui allait s’abattre sur le Sénégal, la question est donc simple : qu’est-ce qui a été fait depuis lors ? Pourquoi la priorité a été déplacée ?  Pourquoi le goorgorlou et la djegg (qui ne demandent pas à recevoir des sacs de riz, ni d’huiles sous les projecteurs) n’ont pas encore senti les impacts des forts et lourds investissements qui ont été consentis pour régler le problème de l’assainissement, des canalisations ?

Au Sénégal, force est de constater qu’il est impossible d’être serein et optimiste au vu de toutes ces incohérences et impuissance du gouvernement de Macky Sall face aux problèmes quotidiens que vivent les Sénégalais. En déplaçant la priorité, le gouvernement de Macky Sall aura encore creusé l’écart entre l’exécutif et le peuple. Le Sénégalais n’est pas réfractaire à l’optimisme ni au changement et sait apprécier la valeur du travail. La preuve, le citoyen Mamadou Diakhaté, connu plus sous le pseudo « Niintche » a su unanimement forcer le respect, loin des caméras, à travers son engagement citoyen pour le peuple et par le peuple. Tout ce dont on attend de nos dirigeants, qui sont payés pour planifier, anticiper et exécuter.

Mamadou Dialounké BALDE
Dr. en Télécoms




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