Taxe sur le ciment, une coronataxe, par Aldiouma Sow
En instaurant, une énième taxe sur un des produits les plus prisés par les menages à savoir le ciment, l’Etat a opéré un braconnage sur le porte-monnaie de ces derniers pour les contraindre en douce, à financer son plan de riposte contre le Covid 19.
Cette approche inaugure une cassure dans le plan de communication du gouvernement jusqu’ici empreint d’humanisme et d’empathie envers le peuple.
Par ailleurs, à travers ces mesures, on constate que l’Etat espère la relance de l’économie non pas par une politique de la demande mais par une politique de l’offre. Or, il est unanimement admis qu’en période de crise qui induit une récession, la politique de la demande est le meilleur choix qu’un État peut faire pour relancer son économie.
Pour rappel, cette dernière consiste à consentir de gros investissements dans les secteurs sociaux ( santé, éducation ), dans les infrastructures ( routes, ponts et ports ), dans l’appui à l’innovation (dans le numerique et les énergies propres) ainsi que dans le renforcement du pouvoir d’achat des ménages et celui des acteurs institutionnels. Cette option a le mérite de booster la consommation qui a son tour va stimuler la production et permettre aux entreprises de retrouver leur vitalité d’avant crise voire même la dépasser.
En lieu et place, notre gouvernement a clairement opté pour une relance par par la politique de l’offre. Cela s’est traduit par des appuis de toutes natures apportées aux entreprises. Il s’agit entre autres des remises fiscales, des appuis financiers forfaitaires accordés à certaines entreprises évoluant dans des secteurs considérés comme les plus impactés par la crise et le prolongement de la durée de payement de certains impôts etc..
Cette option, si elle a le mérite d’assurer la pérennisation financière et institutionnelle des entreprises ciblées, elle souffre toutefois d’une pathologie qui est le fait qu’elle oublie le consommateur dont le niveau du pouvoir d’achat conditionne la survie desdites entreprises.
En effet, on aurait pu éviter cette déconvenue si la résilience n’a pas été l’option prise par le gouvernement pour soutenir notre économie face à la pandémie.
Généralement, la résilience est développée à l’endroit d’un facteur exogène surlequel on est pas sûr de pouvoir un jour obtenir une maîtrise totale pour le transformer à sa guise . Ainsi, on parle résilience face aux changements climatiques parce que ces derniers semblent échapper encore au contrôle de l’homme.
Alors , je crois que la résilience n’est pas la bonne réponse car elle occulte les opportunités offertes par la crise et ne garantie pas une efficacité face à la menace qu’elle constitue.
En outre , cette option est inadéquate dans un État comme le nôtre qui peine à progresser dans la pyramide de Maslow, qui a du mal à bouger de son rang dans l’IDH et qui est dépourvu d’une industrie capable de lui garantir une certaine indépendance dans la fabrication de certains produits d’importance capitale comme nous l’a révélé la pandémie.
Bien plus, une politique de la demande aurait permis de booster la consommation et impacter positivement le carnet de commande des entreprises..Ce qui semble être l’option choisi par beaucoup de pays touchés par la pandémie.
On peut neamoins choisir d’allier les deux politiques( offre et demande) mais la priorité doit être accordée aux ménages qui doivent recevoir en premiers ces appuis. En parlant d’appui, on ne vise pas les aides alimentaires en cours de distribution aux ménages dits pauvres mais on parle d’aides financières qui auraient pu aider à augmenter leurs capacités d’épargne et donc d’investissement.
Enfin, il faut noter que ce sujet pose en filigrane le problème des leviers de financement des politiques publiques dans les États comme le nôtre qui n’ont pas le droit de recourir au levier monétaire dans de pareilles situations marquées par une contraction du PIB due à la faible contribution du secteur privé qui n’arrive plus à honorer ses obligations fiscales vis à vis de l’Etat. Ainsi, on constate que ni en Europe, ni aux États unis, on ne projette de recourir aux impôts ou taxes pour financer la riposte. C’est d’ailleurs insensé qu’on décide d’aider quelqu’un en mutilant son porte-monnaie.
En définitives, cette crise doit nous pousser à questionner la plupart des certitudes idéologiques surlequelles restent assises nos structures économiques et sociales et à l’aide desquelles sont façonnées nos cartes mentales.
Parmis celle-ci, il y’a :
1. La croyance à la toute puissance des entreprises considérées comme les déesses de notre économie malgré leur extraversion ;
2. Le recours sans modération aux taxes et impôts sur la consommation et les revenus comme principaux leviers de financement de nos politiques publiques ;
3. La monnaie unique comme seule politique monétaire capable de nous garantir une stabilité monétaire pour pouvoir commercer avec le reste du monde en toute quiétude.
4. Le FMI, la BM et l’ONU comme des partenaires dont les idées sont infaillibles et les injonctions directement exécutoires sans concertations nationale préalables
En somme, ce que la pandémie du Covid 19 nous apprend c’est la centralité de l’individu comme le meilleur indicateur pour évaluer l’efficacité d’une politique publique ainsi que la souveraineté multisectorielle ( monnaie, technologies, défense, sécurité ) et multidementionnelle ( culturelle ) comme le meilleur rempart dans un monde devenu une jungle où le plus fort dicte sa loi au plus faible.
D’ici là, que notre Gouvernement change de cap et reconsidére sa compréhension de la crise, je vois recommande de porter un masque, de respecter les gestes barrières et de suivre les recommandations du personnel médical.
Ensemble, nous vaincrons…….!!
Aldiouma Sow
Membre du Bureau Politique
De Pastef Les Patriotes.