jeudi 28 mars 2024
Contributions

Quid du processus électoral? (Par Aldiouma SOW)

L’élection est à la démocratie pluraliste ce que la laïcité (à la sénégalaise) est à la République. L’une ne peut exister sans l’autre.

Lors de son dernier discours  à la Nation à propos de la pandémie du Covid 19,  le Président Macky Sall a décidé de lever l’état d’urgence et le couvre feu en vigueur depuis l’apparition du premier cas  au Sénégal.

Auparavant,  il avait, par les soins de ses ministres de l’intérieur, de l’éducation et celui des transports terrestres, levé les interdictions de circuler entre les régions du pays, fermé les frontières ainsi que les écoles et les universités.

Il avait ajouté en disant qu’il nous faut apprendre à vivre en présence du virus.

Depuis, il a repris ses conseils de ministres et surtout ses responsabilités politiques.
Drapés de leurs titres administratifs, faisant valoir leur statut de ministre ou d’élu local, les partisans de Macky organisent des meetings publics sous le fallacieux prétexte de distribution de vivres alors qu’en réalité, ils en profitent pour faire de la politique politicienne en perspective des prochaines élections territoriales.

Pendant  ce temps, la démocratie notamment dans ses dimensions élémentaires ( élections, liberté de manifestation, d’expression…), est confinée.
Bien plus, dans le contexte d’applatissement de la démocratie, sur le terrain et sur les pages de quelques journaux ayant su préserver l’intégrité de leur ligne éditoriale, on découvre chaque jour des faits et décisions constitutifs de pratiques malsaines de gouvernance publique. Les plus effrayants sont les marchés qui entourent l’achat et la distribution des vivres destinés aux ménages dits pauvres ainsi que la spoliation du foncier national au profit d’une bourgeoisie rentière et oppresseuse des couches populaires.

Parallèlement à cela, le processus électoral reste suspendu voire bloqué.  Et le gouvernement ne donne aucun signe d’une relance imminente de ce processus. En tout cas , le président Macky Sall dans son discours précité n’a pipé mot sur ce sujet.

Ses partisans s’en défendent en arguant que cette relance reste suspendue à la mise en application de certains  points d’accord obtenus dans le cadre  des concertations sur le processus électoral.

Pour rappel, ces points d’accord sont principalement l’élection du président du conseil départemental et du processus électoral (de 2016 au lendemain du 24 février 2019) et l’audit du fichier électoral.

Toutefois, il convient de préciser que la réalisation de ces deux opérations ne devait pas dépasser au maximum  six (06) mois  au vu du timing que nous avions défini d’un commun accord avec les autres parties prenantes desdites  concertations à savoir les non alignés , le pouvoir et la société civile. Donc, leur ineffectivité qu’il faut imputer à l’irresponsabilité du gouvernement, ne saurait être un argument crédible pour justifier la léthargie dans laquelle ce dernier a plongé la gestion du processus électoral.

Alors, lors de son dernier discours en passant sous silence ce point, le président Macky Sall devenu structurellement impopulaire pour, entre autres causes son échec patant dans la gestion de la pandémie, semble avoir implicitement opté pour un énième report de la date des prochaines élections territoriales.

Si tel n’est pas le cas, il aurait juste inclu   dans la batterie de mesures qu’il a prises hier celle relative à la relance du processus électoral et agir  en conséquence  en prenant un décret par lequel il fixe  le jour du scrutin des  prochaines échéances départementales.
Si tel est le cas, il devra se préparer,  lui et son camp à affronter dans la rue le peuple qui ne se laissera pas faire une troisième fois.

Enfin, si la gestion de la pandémie n’a plus besoin de situation exceptionnelle pour réussir alors rien ne peut justifier qu’une telle situation soit maintenue pour implicitement empêcher les citoyens d’exercer leurs droits les plus fondamentaux au chapitre desquels figure le vote.

Par conséquent, nous exhortons le président Macky SALL à prendre un décret pour fixer la date des prochaines élections territoriales sinon son silence peut être considéré comme une décision de report implicite desdites échéances.

Au nom de la démocratie..!

Aldiouma Sow ,
Secrétaire National aux Opérations électorales de Pastef.

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