Le niveau d’inconscience et de complexe d’infériorité que certains jeunes affichent sur les réseaux sociaux après le discours du président Bassirou Diomaye Faye est tout simplement affligeant. Ce phénomène révèle, bien plus qu’une moquerie anodine, un profond malaise dans notre rapport à nous-mêmes, à notre identité et à notre fierté nationale.
Le président Diomaye Faye es francophone, formé dans un environnement où la langue de travail et d’expression est le français. Qu’il s’exprime en anglais avec un accent n’a donc rien d’étonnant ,c’est même tout à fait normal. Mais voilà que des internautes, sans recul ni respect, se mettent à tourner en dérision son accent, à lancer des “challenges” comme si la dignité d’un chef d’État devait servir de matière à divertissement.
Et pourtant, si un président américain, britannique ou même asiatique s’était risqué à parler français avec un accent approximatif, ces mêmes moqueurs auraient crié au génie, applaudissant “l’effort” et “l’ouverture d’esprit”. Ce deux poids deux mesures dit tout : nous souffrons d’un complexe d’infériorité chronique, hérité d’un regard colonial que nous refusons d’admettre mais que nous reproduisons inconsciemment.
Ce n’est pas une question de politique, mais de patriotisme et d’estime de soi. Car se moquer de la manière dont son propre président s’exprime dans une langue étrangère, c’est ridiculiser toute une nation. C’est oublier que l’essentiel, ce ne sont pas les intonations, mais le message, la vision, la capacité à incarner la dignité du pays sur la scène internationale.
Alors oui, il y a encore du chemin à faire. Non pas pour apprendre à parler anglais sans accent, mais pour apprendre à aimer notre propre voix, même lorsqu’elle résonne différemment. Pour comprendre que le respect de soi commence par le respect de ceux qui nous représentent.
Rire du président parce qu’il parle anglais avec un accent, c’est rire de nous-mêmes. Et tant que nous en serons là, aucun progrès ne sera possible, ni dans nos mentalités, ni dans notre marche vers la souveraineté culturelle.
SALL MAMADOU OUMAR











