vendredi 19 avril 2024
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Ne nous trompons pas de débat concernant la récente arrestation de Cheikh Yérim Seck (Par Oumar Djiba)

Le journaliste Cheikh Yérim Seck a bien pu avoir menti dans l’affaire BATIPLUS. Indubitablement, nous savons qu’il avait raconté des contrevérités lorsqu’il avait, à l’approche de la présidentielle de Février 2019, rapporté sur YerimpPost que le Président Ousmane Sonko avait reçu un soutien de 195.0000 dollars de Tullow Oil, pour ‟sa communication sur la transparence dans le cadre des ressources naturelles”. Mais est-ce une bonne raison pour nous de suspendre notre attachement au principe sacro saint d’équité et de justice quand ses droits sont violés en tant que citoyen, journaliste de surcroît.

Sur le principe, nous devons nous opposer à toute entrave au travail de veille sur l’action gouvernementale et sur le rôle de garant des intérêts des citoyens par la presse. Cela transcende la personne de Cheikh Yérim Seck. Le régime inquisitoire des poursuites dans notre pays qui confère des pouvoirs exorbitants au ministère public font du Procureur un super homme, quand on connait l’emprise qu’exerce l’exécutif sur les magistrats debout, au nom du lien de subordination auquel ces derniers sont assujettis.

On pourrait me dire, comme à l’accoutumée, que les choses se passent ainsi en France, sans aucun égard sur le manque de ressemblance jurisprudentielle. Mais il est clair que là-bas cette subordination obéit à une certaine déontologie, contrairement au Sénégal où, dans la pratique, les empreintes de la politique sont visibles partout.



Peu importe son identité, quand un journaliste donne un coup de pied dans la fourmilière, c’est toujours une bonne chose. Et quand il est inquiété pour cela, nous devons nous en offusquer.  Le fait que Cheikh Yerim Seck ait cité des familles hyper puissantes souvent très liées à certaines personnalités politiques qui n’ont point échappé elles-aussi à l’attention du journaliste lors de son tir groupé, devrait plutôt nous pousser à ne fournir aucun alibi à ces puissants groupes d’intérêts pour légitimer tout déni de justice.

Il n’y avait aucune raison d’interpeller et de traiter un journaliste d’une manière aussi expéditive, comme s’il s’agissait d’une personne qui posait un risque sécuritaire. Nombreux sont ceux qui ont supporté cette thèse dans les réseaux sociaux, mais ce ne pouvait être qu’avec une légèreté criarde car l’histoire du FBI examinant à la loupe les connexions du Hezbollah au Sénégal était déjà largement dans la sphère publique.

Dans un état de droit, une enquête aurait dû être ouverte auprès des familles et personnes citées. Mais, en lieu et place, c’est un bouclier qui semble être érigé autour des supposés délinquants fiscaux, et c’est un journaliste qui est intimidé pour avoir daigné se prononcer sur des pratiques qu’il a jugées illégales.

Le silence ou la réaction plutôt timide de la presse a créé un vide qui ne pouvait que servir de terreau fertile à l’émergence d’opinions désuètes que certains Patriotes partagent malheureusement. Ce qui est désolant, c’est que la position de ces patriotes soient uniquement motivée par des positions que le journaliste aurait prises par le passé contre Ousmane Sonko, et de surcroît, dans un contexte qui en vérité, avait bénéficié à notre président de parti.

Je suis de l’avis  qui voudrait que Cheikh Yérim Seck avait servi à Ousmane Sonko, une opportunité de s’expliquer sur certains débats d’égouts portant sur sa vie privée et sa vie religieuse. Ayant suivi la réponse poignante de Ousmane Sonko, j’estime que ce fut le déclic qui a fait taire ceux qui entretenaient mesquinement ce débat.

Si parmi nous, certains jubilent de ce qui ressemble à un début de coup de théâtre judiciaire, ce serait synonyme de s’extasier de la fin du débat sur l’affaire des 94 milliards. Oui, ce débat est fini et enterré!

La tactique des malfaiteurs était de nous intimider en faisant planer la peur dans nos cœurs, quant à la vie même du Président Sonko. La fin, nous la connaissons, car nous nous étions tous rués pour nous assurer que rien ne lui arrive. De ce point de vue, nous avons réussi, mais au plan de notre objectif final qui était de faire la lumière sur les 94 milliards, nous avons lamentablement échoué.

Ils nous ont divertis par l’intimidation. Cette histoire des 94 milliards n’est plus d’intérêt pour le sénégalais moyen, comme nous n’en parlons plus.

Ce que le syndicat des malfaiteurs recherche cette fois encore, c’est intimider les hommes et femmes du quatrième pouvoir pour qu’ils aient peur de poser les débats substantiels, et en des personnes dont certains sont parmi nous patriotes, ils trouvent sûrement des alliés de taille.

A ce point, il n’est nullement question d’analyser le fond de l’affaire qui, comme nous le savons tous, revient à l’appréciation exclusive des professionnels du droit, mais aussi de personnes bien averties. Ce qui devrait retenir notre attention ce sont les aspects social, économique et politique de l’affaire.

En termes plus simples, qu’avons-nous à perdre à chercher à savoir la vérité? Au pire des cas, il appartiendra à Cheikh Yérim Seck de prouver ses allégations devant la juridiction compétente afin que connaissions les dessous de l’affaire. Le dénigrer serait contreproductif pour  notre combat dont le vêtement principal est la transparence.

Même si je n’ai pas trop d’égard pour l’homme pour des raisons autres que celles qui motivent certains Patriotes, je pense que Cheikh Yérim Seck est par moment un bon journaliste, et que les sujets qu’il traite doivent d’être appréciés sur leur mérite, au lieu d’être rejetés sous l’impulsion ou par pure volonté de revanche.

Cette fois, ce qu’il a dénoncé est au cœur de ce qui doit nous préoccuper.

Il a été libéré, mais il méritait notre soutien. Nous aurions du le soutenir!

Oumar Djiba
Militant de PASTEF, Thionck-Essyl


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Seydou Mandiang
Seydou Mandiang
3 années il y a

Je suis totalement en phase avec position bien expliquée, avec une analyse pertinente et un argumentaire objectif. Félicitations frère patriote.

Oumar Djiba
Oumar Djiba
3 années il y a
Répondre à  Seydou Mandiang

Merci beaucoup, mon frère Seydou!

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