Macky et son procureur
Je viens de lire sur le site d’information Seneweb un article intitulé « affaire Khalifa Sall : Macky à fond la caisse ».
On y apprend que le Président Sall soutient : «Sur les rapports de l’Inspection générale d’Etat (Ige), Macky Sall se veut clair. Il défie quiconque d’apporter la preuve qu’il met sous le coude un quelconque rapport de l’Ige à l’exception du dossier du Fesman. Il explique que seul le rapport du Fesman a fait l’objet de recommandations et n’a pas été suivi. Au motif simple que, « socialement, il ne pouvait pas admettre que l’on envoie en prison en même temps Sindiély et Karim Wade ».
Eh bien nous relevons votre défi, mister President!
Deux interprétations possibles :
- La première, plus plausible, c’est qu’il y’a énormément de rapports des corps de contrôle encore sous le coude du Président qui en fait un moyen de pression et de débauchage politique. Nous savons tous que les politiques font faire tout et n’importe quoi à certains hauts fonctionnaires et magistrats avides et ambitieux pour ensuite s’en servir de fusibles si ça tourne au vinaigre.
En réalité, nous ne parlons pas du suivi administratif des recommandations de l’ige, monsieur le Président, mais des suites judiciaires lorsqu’il y’a mal gouvernance, détournement de deniers publics ou toute autre faute grave.
C’est le lieu de rappeler au Président Macky l’une de ses nombreuses promesses électorales non tenues. En effet, au titre de la lutte contre la corruption dans son programme YONU YOKUTTE, il avait inscrit entre autres mesures :
– Renforcement des organismes et corps de contrôle et de régulation (CNLCC, l’Inspection générale de l’État (IGE), la Cour des Comptes ou l’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP)) et leur donner une autonomie budgétaire
– Accord du droit de saisine de la justice pour la CNLCC ainsi que la Cour des Comptes en cas de carence du parquet.
Rien n’a été fait.
- La deuxième : si cette affirmation du Président est exacte, c’est que le procureur ne fait pas son boulot ou le fait à la tête (politique) des mis en cause.
Alors, monsieur le procureur, s’il est avéré que tous les rapports de l’IGE (et des autres corps de contrôle) vous ont été transmis par le Président de la République ou la chancellerie, dites nous donc, comme vous avez été si promptes à le faire avec l’affaire Khalifa Sall, où vous en êtes avec :
- L’affaire du titre foncier 1975/R relatée dans les rapports de l’IGE 2013, de la Cour des comptes et d’autres corps d’inspections ont épinglé la gestion de Amadou Ba, le DGID de l’époque, et Mamour Diallo le chef de bureau des domaines tous deux désormais membres éminents de l’APR pour des dizaines de milliards de préjudice ;
- le rapport de l’IGE dans l’affaire PETRO-TIM qui interpelle tous les acteurs de cette farce, ministres et membres de l’APR ;
- le scandale de la privatisation et de la gestion du KING FAHD HOTEL, impliquant Racine Sy, relevé par le rapport IGE 2013 et étouffé car le bonhomme a rejoint l’APR ;
- le même Racine Sy épinglé pour sa gestion nébuleuse à la tête de la CSS par un rapport de la cour des comptes ;
- Samuel Sarr (proche du couple présidentiel), a été épinglé dans le scandale du navire pétrolier OLINDA qui a coûté 9 milliards à l’Etat du Sénégal : l’IGE, dans son rapport public 2013 a même demandé l’ouverture d’une information judiciaire contre lui
- Baila Wane, devenu thuriféraire du régime Sall, épinglé par l’IGE pour un détournement de 3 milliards à la LONASE (il se justifie en disant qu’il agissait sur ordre de Wade pour financer sa campagne)
- Le rapport de l’IGE, à propos du FESMAN, a épinglé l’entreprise UCBS de Loum Diagne qui, en complicité avec le ministère des finances, a compromis des dizaines de milliards. Syndjély Wade, contrairement au prétexte servi par le Président Sall, aurait tout justifié. Les principaux mis en cause auraient menacé de déballer et se la coulent douce ;
- Les surfacturations de Awa Ndiaye ;
- L’affaire SECURIPORT pour laquelle Ousmane Ngom a été épinglé ;
- Samuel Sarr a été de nouveau épinglé par le rapport de la Cour des Comptes 2010 pour un ensemble de fraude et de malversations à la SENELEC (période 2003 à 2009) impliquant MYNA DYSTRIBUTION ;
- Les rapports de la cour des comptes ont épinglé les gestions calamiteuses de la caisse de dépôts et consignation et de la CSS (encore Racine Sy) sur les transactions foncières de Bambilor et l’affaire du monument de la renaissance ;
- Le rapport de l’OFNAC 2014-2015 a épinglé le DG du COUD, Cheikhou Omar Hanne sur des détournement avérés, l’OFNAC avait proposé qu’il soit relevé, interdit de toute position publique et poursuivi. Actuellement, il y’a une autre dénonciation à l’OFNAC signalant qu’il prélève 150 millions par mois du COUD, Nafi Ngom était sur le point d’ouvrir une seconde enquête lorsqu’elle a été limogée ;
- Rapport de l’OFNAC sur les détournements de timbres fiscaux et de fausses quittances à la DGID, des milliards ont été compromis ;
- Le rapport 2015 de l’ARMP épingle la Sénélec sur les passations de marchés ;
- Le même rapport a épinglé le dg de l’ASER, ANTOU GUEYE SAMB, membre de l’APR Ngor, pour des pratiques graves de connivence avec MYNA DISTIBUTION encore, faisant perdre plusieurs milliards. Aucune suite sinon son recasement comme commissaire membre de la Commission de Régulation du Secteur de l’électricité.
Cet échantillon n’est pas exhaustif car la liste est très longue encore.
Monsieur le procureur, le jury du peuple au nom duquel vous « poursuivez » veut la vérité.
S’il vous plait, pas de menaces félines ni d’invectives « républicaines ». Nous voulons d’un débat « civilisé ». Des faits, des chiffres, LA VERITE.
Ousmane SONKO, Président de PASTEF