lundi 4 novembre 2024
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Le terrorisme islamiste, nouveau prétexte sous les tropiques pour museler les libertés publiques(Par Aldiouma Sow)

« Quand l’hyène veut manger son petit, elle l’accuse de ressembler à une chèvre ». Voici un proverbe bien de chez nous, qui résume parfaitement l’intention des membres du régime de Macky Sall envers l’opposition sénégalaise qui avec tous les segments du peuple s’est dressée contre lui suite à l’échec de son complot ourdi contre le président Ousmane Sonko.

Ceux qui en savent un peu sur l’histoire de la pucelle d’Orléans en l’occurrence Jeanne D’arc, peuvent en déduire de la jalousie tout court.
Pour la petite histoire, Jeanne D’arc, après avoir aidé à repousser l’occupant anglais fut accusée de blasphème et brûlée vive sans l’intervention du roi Charles VII qu’elle a délivré pourtant de l’emprise du roi Henry V d’Angleterre.

En effet , l’histoire rapporte que Charles VII craignant pour son trône, à cause de la popularité grandissante de l’héroïne, après l’avoir emprisonnée , la laissa à la vindicte de la toute puissante Église d’alors. Cette dernière orchestra ensuite son exécution publique de la pucelle libératrice sous l’autel de la préservation des valeurs chrétiennes.

Qui veut tuer son chien, l’accuse de rage. Voici un dicton qui a fait long feu et n’est pas prêt à s’estomper car depuis l’antiquité en passant par l’époque médiévale jusqu’à la nôtre, l’histoire nous enseigne que la diabolisation de l’adversaire est une pratique constante que le pouvoir politique central a utilisée pour persécuter voire éliminer physiquement ses contradicteurs lorsque le tribunal de l’opinion publique refuse de jouer le jeu.

Ainsi, si on se place dans le contexte historique des 5 derniers siècles européens (le temps de finir les ouvrages du professeur Cheikh Anta DIOP pour « réussir notre suicide social » comme le suggérait Amilcar Cabral pour renaître libre et digne c’est à dire en bon africain comme le recommande le Capitaine Thomas Sankara), on constate qu’après la signature du traité de Westphalie en 1648, qui symbolisait la volonté des Nations Européennes qui bénites par leurs Eglises locales décident de se départir de la tutelle de la Papauté et de prendre leur destin politique en main, on inventa en Europe, les délits de blasphème et de lèse majesté pour justifier les restrictions aux libertés publiques et pour neutraliser toute opposition aux monarchies de droit divin nées de cet nouvel ordre géopolitique.

Plus tard, au 19e siècle, lorsque les États Européens, grâce aux poussées nationalistes et protestantes, ont gagné leur autonomie politique vis à vis de la Place Saint Pierre de Rome et fondèrent ce qu’ils appelèrent des Républiques, on taxa d’intégriste religieux toute personne qui ose exprime un point de vue contraire aux principes et aux valeurs qui sous-tendent cette nouvelle doctrine politique que sont la république et sa sœur jumelle, la laïcité.

Par la suite, toujours dans le même siècle, lorsque Marx, témoin oculaire de la révolution française et son ami Engels démontrent que les différentes révolutions qui ont secoué ce continent pendant cette période n’ont été qu’un triomphe de la bourgeoisie capitaliste qui a eu ras-le-bol de la tutelle des forces féodales conservatrices et rétrogrades, le communisme fut alors perçu comme l’avait été autrefois le nationalisme, comme un crime politique.

Ainsi, entre les 19e et 2Oe siècle, les communistes ont-ils été calomniés, diabolisés, partout traqués et traités d’anarchistes et d’ennemis de la civilisation occidentale. Aux États, ils seront purgés des corps sociaux avec l’appui des pouvoirs publics. C’est la doctrine de Mac Arthur du nom de ce célèbre sénateur qui avait suggéré que tous les citoyens qui se réclament de gauche soient arrêtés et jetés en prison ou au besoin tués.

Bien plus, de la même manière qu’on parle aujourd’hui de péril islamiste dans ce continent, parlait on, à l’époque, de péril rouge pour désigner la poussée communiste depuis les usines et les fermes où des ouvriers et des paysans avaient constitué des syndicats pour demander plus de justice sociale et de démocratie.
Durant cette époque, la Raqqa (capitale de l’État islamique en Syrie ) de la vague rouge était Leningrad actuelle Saint-Pétersbourg et son Aboubacar Al Bagdadi se nommait Staline. Et comme le terrorisme islamiste occupe aujourd’hui la une des médias occidentaux et arrive à justifier partout la hausse des budgets des services de sécurité publique en Europe, à l’époque, ce fut la même chose contre le communisme considéré comme anti-occidental parce que anti clérical est traité telle une menace à la sécurité intérieure des États aux mains du capitalisme international.

L’Afrique francophone post-coloniale n’a pas échappé à cette constante historique et géographique. Dans son histoire contemporaine, cette pratique mal enrobée dans la « raison d’Etat » est très récurrente sous les tropiques chez les régimes politiques autoritaires, finissants, devenus structurellement impopulaires et qui, face à leur échec politique n’ont comme réponses au mécontentement populaire que l’arrogance, la menace, le complot judiciaire et la répression aveugle des libertés publiques.

Pour mémoire, après les indépendances formelles octroyées des années 1960, le communisme ou la proximité avec Moscou fut alors utilisée comme prétexte pour réprimer toute opposition aux forces impérialistes néo-coloniales présentes sur le continent africain.

Cette perspective criminelle a servi de base pour légitimer, aux yeux de l’opinion publique occidentale, l’assassinat politique ou l’emprisonnement de toute personne porteuse en Afrique d’idées nationalistes et d’indépendance économique véritable.

Grâce à ce prétexte fallacieux, des partis indépendantistes et anti-impérialistes comme le Parti Africain de l’Indépendance ( PAI) furent dissouts; des leaders nationalistes et anti-capitalistes comme le Capitaine Thomas Sankara exécutés, des dirigeants décomplexés et émancipateurs comme le président Mamadou Dia déporté puis emprisonné pendant douze longues années.

Bien plus, ce prétexte ignominieux de lutte contre le communisme fut utilisé au Sénégal en appui à la propagande du régime du PS-UPS pour justifier le parti unique dans notre pays et consolider ainsi l’installation de bases militaires françaises et d’espionnage anglo-américain.

Notre territoire servit ainsi d’assise géographique à la logistique militaire qui déstabilise les régimes politiques en Afrique qu’on accusa faussement d’être proches de Moscou alors qu’en vérité, ces derniers ne prônent qu’une indépendance réelle vis à vis des forces capitalistes et impérialistes de l’OTAN dont la France coloniale était la tête de prou dans notre sous-région.

Le Mali sous Modibo Diarra, la Guinée Conakry sous Sékou Touré et le Burkina avec Thomas Sankara sont des preuves palpantes de processus révolutionnaires arrêtés net sous l’autel de la lutte contre présence soviétique ou cubaine sur le continent africain.

Aujourd’hui, comme dans le passé avec le communisme, le terrorisme islamiste est convoqué par nos autorités nationales, relais locaux du capitalisme et de l’impérialisme criminel pour mater et réprimer toute opposition à leur politique antinationale et de prédation de nos ressources publiques.

Ces accusations interviennent dans un contexte où l’on note un regain d’intérêt de cet impérialisme délinquant et criminel pour les ressources minières de notre continent. Ainsi, pour poursuivre leur entreprise de pillages de nos économies, fallait-il alors neutraliser toute velléité d’indépendance économique et d’émancipation politique qui commencent à essaimer dans le continent.

Dans ce contexte, le premier acte fut l’assassinat du guide lybien, Colonel Makhmar Khadafi et la transformation de la Libye en un pays de non droit pour réussir un pillage sans contrôle des richesses de ce riche pays.

Les tentatives de déstabilisation du Nigériapour justifier l’implantation, au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste, d’une base militaire Étasunienne dans le Golf de Guinée riche en ressources gazières et pétrolières, illustrent nos propos.

C’est dans cette mouvance qu’il faut ranger les récentes sorties des membres du gouvernement sénégalais qui consistent à qualifier de djihadistes les partisans de l’opposition suite aux événements de la première semaine de ce mois de Mars .

Mieux, c’est le cas également d’histoires dans lesquelles, des opposants sont faussement accusés d’être ennemis de la paix civile pour légitimer leur « disparition» pour reprendre les propos de Monsieur Jean Christophe Ruffin, ancien ambassadeur de France au Sénégal intervenu sur France24, au sujet du complot politique sans que notre vaillante Ministre des Affaires étrangères ne lui rappelle de son obligation de s’abstenir de s’immiscer dans les affaires internes de notre pays.

Dans cette suite d’idées, il convient de souligner qu’après des années de filatures et d’écoutes illégales contre les responsables de l’opposition que nous sommes, il ne leur reste que le verbe pour donner corps à leur entreprise de manipulation qu’ils ont échouée à construire par des pièces à conviction.

Face à ses accusations d’une hyène affamée qui sent ses os rongés par la faim résultante de sa police administrative liberticide et de ses pseudos programmes socio-économiques moribonds, nous sommes plus que sereins.

Nos collègues, nos amis d’enfance, nos professeurs que nous respectons , nos épouses que nous chérirons et nos familles que nous aimons nous suffisent amplement comme témoins pour attester de notre pacifisme et de l’amour que nous portons pour ce pays que nous rêvons de transformer en un havre de paix pour nos enfants où la démocratie, la prospérité et la souveraineté seront une réalité matérielle et non verbale comme c’est le cas depuis plus de 60 ans.

Et puis, il faut être un piètre démagogue pour affirmer que nous voulons du mal et de la peine à ce magnifique peuple. Heureusement que ce dernier a compris et a pu déceler les vrais ennemis de la paix civiles et de l’unité nationale, sont ceux-là chez qui, un poste ministériel ou de directeur général est capable d’hypnotiser l’esprit au point de lui faire tenir des propos pouvant conduire notre pays à des lendemains qu’aucun esprit sensé ne saurait cautionner.

De toute façon, nous n’accepterons jamais qu’au nom d’une prétendue lutte contre des terroristes imaginaires que nos droits civils et politiques les plus élémentaires nous soient confisqués. En vérité , nous savons tous que partout où le terrorisme islamiste a pu essaimer et prendre racine, l’Etat a été capturé par des arrivistes, hautains, arrogants, autoritaires et incapables de mener des politiques économiques qui garantissent l’inclusion sociale.

En outre, il convient de rappeler que la liberté d’expression n’est pas seulement un droit positif, il est aussi un droit naturel qui existe même en l’absence de texte. Donc nous continuerons, d’en user et d’en abuser pacifiquement à chaque fois que nous serons en désaccord avec la politique de notre gouvernement.

Enfin, tant qu’il nous restera un souffle de vie, nous userons de la plume, du verbe et de la marche pour la matérialisation constitutionnelle desdits droits que nos illustres aïeux nous ont légués en sacrifiant leur carrière professionnelle et parfois même au prix de leur propre vie.

Point de doute, qu’ensemble, vaincrons le système !

Aldiouma SOW

Chargé des questions électorales de Pastef, membre du Bureau Politique,

Somone / Mbour le 23 Mars 2021…,

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