mardi 10 décembre 2024
Paix sur Vous

Le saccage du littoral Dakarois : bref témoignage

C’était bien parti

J’ai eu à participer à la mobilisation pour la sauvegarde du littoral au tout début du mandat du président Macky Sall. Le slogan était « touche pas à mon mur » quand le pouvoir attribua un terrain à ce niveau pour l’édification de l’ambassade de Turquie. Il nous a reçus comme représentants de la plateforme à laquelle j’avais adhéré en tant que personne indépendante et où se trouvaient des personnalités comme Atepa, le cinéaste qui a produit « le prix du sang », j’ai oublié son nom, des organisations comme « y en a marre », etc.

Le président avait convoqué selon mes souvenirs : le ministre de l’économie et des finances à l’époque, Amadou BA, la ministre de l’urbanisme, Khoudia (j’ai oublié le nom de famille), des maires des communes concernées, etc.

Le président a eu à dire grosso modo que lui-même même était environnementaliste et qu’il tenait à respecter ses engagements sur la préservation du littoral comme il a eu à le dire lors de sa campagne électorale. Puis, il a demandé qu’on lui fasse l’état des constructions et qu’on vérifie les papiers des propriétaires. Il avait tenu à préciser qu’en ce temps, certaines attributions étaient le fait du régime précédent, et d’autres des maires de communes et de la ville de Dakar.

À la fin de la rencontre, le président avait mis en place une commission mixte pilotée par le ministre de l’économie de l’époque que j’ai déjà nommé, avec des services étatiques liés à la question et notre plateforme. Il avait demandé un rapport dans les 15 jours qui suivraient.

Une plateforme prise au piège des conflits d’intérêt

A la fin de la réunion, on s’était mis d’accord sur une visite de terrain avec le président. Ce fut fait et la presse en avait largement fait écho. Jusqu’à cette étape, je continue de penser que le président avait la volonté d’arrêter ce qui se passait sur le littoral.

Les premières réunions auxquelles j’ai assistées se sont assez bien passées au ministère de l’économie et des finances et la commission a concocté un agenda de visites de terrain.

Et puis, tout a été chamboulé par la suite. J’ai démissionné de la plateforme, d’une part, quand j’ai critiqué la façon dont se passaient les réunions, alors qu’un travail technique intéressant était en train d’être fait par certains membres. Et d’autre part, et c’est le plus important, quand j’ai su que certains des membres les plus influents de la plateforme rencontraient les autorités publiques à notre insu ou sans en avoir discuté avec le groupe, allant jusqu’à prendre des engagements au nom de celui-ci. Des engagements qui remettaient en cause le but initial de la lutte citoyenne et qui indiquaient bien que certains membres de la plateforme dite citoyenne avaient des intérêts eux-mêmes sur le littoral !

Quand je me suis rendu compte de cela, j’ai voulu en parler avec Fadel Barro de « y en a marre ». Je l’ai appelé pour lui donner les grandes lignes de l’affaire et lui ait dit que c’était urgent qu’on se voit. Il a dit qu’il allait me revenir et on n’a jamais pu se rencontrer à ce sujet…

C’était l’occasion pour les autorités de l’époque de faire du dilatoire vu qu’en face il n’y avait rien de consistant et de sérieux. Après, mon départ, évidemment, je ne sais pas ce qui s’est passé mais il suffit d’observer pour voir que ça a empiré.

Voilà, pour le peu que j’en sais.

Cher lecteur, à toi de te faire une idée de ce que ces quelques lignes indiquent sur la catastrophe en cours quant au littoral Dakarois. Surtout que des géologues considèrent que les agressions si proches des Mamelles pourraient provoquer un réveil du volcan éponyme. Qu’Allah nous en préserve.

wa Salam.

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