vendredi 19 avril 2024
Le regard de Shamsdine

Le livre de Yerim: un prétexte, un contexte et une cible : anatomie d’une commande politique.

« Le langage n’est jamais innocent », disait Rolland Barthes, dans « Le degré zéro de l’écriture ».

Alors, sorti de son hibernation morale, tel un sanglier surgissant des bois, celui que beaucoup d’opinions sénégalaises et africaines considèrent comme le dernier à s’adjuger une virginité morale, à cause de son passé carcéral, et professionnel parsemé de scandales de corruptions, de mensonges et de manipulations, nous sert pour une nouvelle fois, « un livre scanner de la gouvernance calamiteuse de Macky Sall », a-t-il prétexté.

Toutefois, il est important de rappeler que l’auteur lui-même a tenté et raté, à deux reprises de voler en haute voltige politique, de la trempe de Macky Sall et Osmane Sonko qui, au moins, ont le mérite d’engager la traversée du désert et de faire face à la tornade politico-médiatique. En effet, après sa libération de la prison en janvier 2014, suite à l’affaire du viol dont il est était accusé, et la publication de son livre  » Les goulots d’étranglement du Sénégal », il avait décidé de s’engager en politique pour apporter sa vision d’un Sénégal nouveau. De même, aussitôt après sa garde à vue dans l’affaire Batiplus en juin 2020, il nous était encore revenu, tel un bidasse, requinqué d’orgueil, avec un engagement renouvelé au service de l’action citoyenne. Mais, il lui a toujours manqué de courage.

Et tous ces événements qui se sont passés dans la vie de CYS nous renseignent sur le profil psychologique et moral d’un flemmard intelligent puisque l’intelligence est certes un don, mais le travail requiert du courage et de la vertu. C’est pourquoi, il se contente de courtiser les chefs d’État africains, leur proposer des offres de marketing politique contre des récompenses pécuniaires. La vidéo virale sur les réseaux sociaux de Dadis Camara dénonçant ses chantages et manipulations, en est illustrative.

Mais, la publication scandaleuse de son livre, accompagné d’une vidéo de présentation, a mis un terme à une lune 🌙 de miel, après avoir convolé en juste noce avec la charmante présentatrice de la 2STV dont l’agression est l’incipit de ce qu’il prétend appelé un essai critique qui en fait est teinté d’allures narratives, truffé d’erreurs.

Le prétexte de ce livre est bien le Président Macky Sall et sa gouvernance politique; et le titre et les chapitres en attestent bien. Mais le contexte à la fois matériel et temporel, est certes moins à sa faveur qu’à sa cible subrepticement désignée: Ousmane Sonko: « celui qui empêche Macky Sall de dormir malgré les ors, lambris et dorures du palais », ainsi dédicacé par Yerim him self sur une page de couverture du livre qu’il avait dédié à Sonko qui l’a refusé d’avance. Mais ce dédicace, telle la tunique de Nesson, en dit long des intentions malveillantes à l’égard de Sonko.

Telle une sorte de transition, l’auteur soutient que la gouvernance catastrophique de Macky Sall a fini par créer un nouveau type de sénégalais, violent et meurtrier. Alors, s’autorisant un statut scientifique digne d’un anthropologue ou d’un psychosociologue, il se permet ainsi d’analyser ce nouveau type de sénégalais en l’identifiant sous le néologisme « un homo pastefiensis » qu’il place dant le lot des monstres funestes que la mal gouvernance de Macky a engendrés.

Pourtant Yerim a royalement choisi d’ignorer que la violence est intrinsèque à l’homo senegalensis. Professeur Lamine Ndiaye, anthropologue, dans son livre « Culture, Crime et Violence », publié en 2014, l’a remarqué avec pertinence. Et cette culture de violence a toujours émaillé les évènements politiques du Sénégal, alors que PASTEF n’était pas encore né. Les évènements politiques de 1963 qui ont fini par des fusillades entraînant 40 morts et 250 blessés en sont l’exemple le plus achevé.

Le contexte de la parution de son livre est marqué par une période préélectorale avec ses ramifications politiques ( la question de la troisième candidature du président sortant), judiciaires ( l’affaire sweet beauty) économiques ( la cherté de la vie) et sociales (l’insécurité routière avec plus de 60 morts et plus d’une centaine de blessés à sikilo et sakal en une semaine). Un contexte assez tendu et pas du favorable aussi bien au pouvoir en place qu’à l’opposition en ébullition, surtout que certains esprits superstitieux attribueraient ces tragédies aux concerts de casseroles dont le leader de PASTEF est l’initiateur.

C’est dans ce contexte où le Sénégal est mal en point qu’il a choisi de publier son livre. Au regard du timing, un délai de parution lui est-il imparti ?

Quant à la cible implicitement désignée de l’ouvrage, elle est bien en chair et os. Il suffit de jeter un regard psychocritique d’ordre lacanien sur son ouvrage pour comprendre que l’auteur est un sniper dont la cible était clairement désignée dans la lettre de la commande, mais dont l’attaque doit être dissimulée sous les décombres des dégâts occasionnés, selon les circonstances. C’est la raison pour laquelle, il a cité d’autres personnalités politiques de façon moins virulente au nom d’un faux équilibrisme.
Mais, si on regarde le passé de l’auteur, il nous est légitime de se demander comment s’est-il estimé être en droit de recommander une quelconque probité morale à quelqu’un ?
Yerim n’est qu’un Catin de la plume, un véritable « gendarlettre », pour reprendre Balzac dans « Illusions perdues » parlant des journalistes soumis aux ordres de celui qui détient les manettes et les malettes.

Shamsdine Mbow

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