mardi 16 avril 2024
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Le leader de l’opposition, c’est Ousmane Sonko : Qui dit mieux ? (Par Seynabou Diop)

Je m’invite dans ce débat en tant que partisane, puisque comme beaucoup d’autres Sénégalais, je vois en Ousmane Sonko une lueur d’espoir pour un Sénégal meilleur, après deux alternances presque désastreuses. Je tiens à préciser que je ne l’ai jamais côtoyé et ne le connais pas personnellement.  Je ne connais que certains de ces écrits, ce qu’il nous a montré durant ces deux dernières années, et ce qu’il continue de nous montrer tous les jours sur la scène politique. Mais qui connait vraiment qui, surtout en politique ? N’est-on pas toujours exposé à un « unknown unknown », un certain degré d’incertitude qui peut tourner en cauchemar avec un réveil brutal, une prise de conscience que celui qu’on a choisi ne fait pas l’affaire, ou pire encore, que nous sommes maintenant beaucoup plus assujettis et restreints à propos de nos valeurs les plus fondamentales de bonne gouvernance démocratique, de liberté d’expression, et surtout de droit de disposer librement de nos propres ressources ?

Bref, malgré ma position partisane, je vais baser cette analyse sur des faits réels en m’imposant une certaine rigueur qualitative.  A ce propos, permettez-moi tout d’abord une petite mise au point sémantique.

Vous avez remarqué que le terme utilisé ici est bien ‘leader’ et non pas ‘chef’ comme on l’utilise dans la presse ces temps-ci, c’est à dire ‘chef de l’opposition’. L’étymologie du mot ‘chef’ renvoie en premier lieu au mot latin ‘caput’ qui signifie ‘tête’. Ce terme suggère un statut privilégié, un emplacement spatial imaginaire où la personne qui s’y trouve regarde ses subordonnés d’une position de hauteur, se croit presque tout permis, y compris d’avoir parfois comme seul motif pour agir son désir personnel ou penchant de l’heure, et non l’intérêt du peuple qui l’a élu.

Par contre, l’étymologie de l’anglicisme ‘leader’ correspond aux verbes français ‘guider’, ‘conduire’. On est alors confronté à deux préoccupations étymologiques différentes. La littérature du leadership accorde une importance majeure aux caractéristiques que doit posséder le leader avant même d’aborder le style de leadership qu’il utilise pour influencer son groupe. Parmi ces caractéristiques clés sont : la confiance en soi (qui garantit la stabilité émotionnelle), l’honnêteté/l’intégrité, les capacités cognitives, et la croyance en une vision claire qui non seulement alimente la motivation quotidienne du leader mais aussi celle du groupe qu’il dirige afin d’atteindre le but fixé (Ahmed & Bach 2014). Ces caractéristiques sont aussi bien vitales pour diriger une opposition politique que pour diriger un pays tout entier, car dans tous les cas, l’avenir d’un peuple est en jeu.

Arrêtons donc de voir le fait de diriger l’opposition Sénégalaise ou celui de diriger le pays comme une position de privilège. Au contraire, voyons-le, tout d’abord, comme un sacrifice de la part du leader qui doit agir comme modèle pour changer les comportements et définir les priorités du groupe qu’il dirige. Tout bon leadership dépend du leader lui-même, de ses qualités intrinsèques et des sacrifices qu’il est prêt à faire avant de dépendre du groupe qu’il doit inspirer, guider, et surtout montrer le bon exemple. Quelle que soit la personne qui va donc jouer ce rôle pour l’opposition Sénégalaise, elle doit tout d’abord montrer les qualités et sacrifices d’un leader capable de rassembler les partis politiques et les Sénégalais autour de l’essentiel ; l’essentiel, comme celui une fois réuni avec La Charte de Bonne Gouvernance Démocratique des Assisses Nationales de 2009 qui, de nos jours, tardent encore d’être exécutées 10 ans après.

Posons-nous donc la question de savoir qui est actuellement sur la scène politique nationale pour mener ce combat vers l’essentiel ? Qui, à part Ousmane Sonko, fait face au régime en place en tant qu’opposant et leader politique en parlant des grands dossiers qui nous intéressent et influencent l’avenir de nos enfants? On se rend compte que mise à part les sorties de Ousmane Sonko comme leader politique et celles de AAR LINU BOOK comme mouvement social, il existe un vide notoire autour des Sénégalais abandonnés dans un climat d’insalubrité, d’insécurité, et d’instabilité politique, économique, sociale et même d’Histoire Générale sans précèdent.

Par ailleurs, les deux indicateurs les plus avancés dans la presse pour choisir le ‘chef de l’opposition’, à savoir le deuxième candidat sorti des élections présidentielles ou le parti de l’opposition qui a plus de députés à l’Assemblée Nationale, sont peu fiables à cause des irrégularités anti-démocratiques flagrantes autour des dernières élections présidentielles qui provoquent beaucoup d’interrogations (système de parrainage douteux, distribution irrégulière des cartes d’électeur, etc). Ainsi, si la première place est contestable, la deuxième place aux présidentielles comme à l’Assemblée Nationale le sera tout autant. Par conséquent, d’autres paramètres de sélection plus réels pour les Sénégalais devront s’offrir.

Comme la nature a peur du vide, Ousmane Sonko a su courageusement occuper le vide dans le champs politique. Il s’exprime presque sur tous les sujets qui préoccupent ou doivent préoccupés les Sénégalais ; même ses adversaires qui ne veulent pas entendre parler de lui ou qui n’ont pas de preuves réelles pour le contredire, ne peuvent l’ignorer ne serait-ce que pour se défendre. Par conséquent, il se pose comme le leader de l’opposition au moins pour trois raisons principales : la confiance en lui qu’il projette, la clarté de sa position d’opposant, et la constance dans sa démarche pour informer et exhorter les Sénégalais à agir. Examinons de près ces trois Cs.

La confiance en lui qu’il projette semble émaner d’abord d’une conviction forte que l’éthique, comme système de valeurs dont l’intégrité, doit dicter le comportement de l’individu et doit être plus qu’une simple posture ou déclaration. Dans son ouvrage Solutions, il invite les Sénégalais à une introspection collective à propos de nos valeurs déclarant qu’: «Aucune société n’a autant théorisé les valeurs éthiques fortes de droiture (njub), de dignité (jom), de fierté (fulle), d’honnêteté (Deggu), de loyauté (Kollere)… ; aucune société, pourtant, ne les foule aussi allègrement au pied que la nôtre. Ayons le courage de reconnaitre, pour beaucoup d’entre nous, l’intégrité constitue d’avantage une posture qu’une conviction» (p.13).

Cette conviction forte s’accompagne de 15 ans de carrière durant laquelle il ne se reproche rien en tant qu’inspecteur général des Impôts et Domaines; une fonction pourtant hautement alléchante et chargée de tentations, dans un contexte national de détournement et d’accusations de détournement sans précèdent. Cette confiance en lui semble aussi émaner d’un for intérieur qui lui permet de se mesurer avec bon nombre d’hommes politiques plus âgés et plus expérimentés que lui, mais avec des passés douteux d’accusations sur lesquelles ils n’ont jamais pu édifier les Sénégalais une bonne fois pour toute. Cette confiance semble alimenter son courage pour aller de l’avant et défier le Système en place. Elle lui donne enfin l’assurance et la liberté d’aborder des sujets que beaucoup d’autres hommes politiques n’osent pas aborder aisément et en profondeur surtout face au régime en place.

La clarté de sa position d’opposant est démontrée par le fait qu’il soit actuellement le seul qui occupe l’arène politique d’une manière ferme et résolue face au pouvoir en place. L’arène, qui est non seulement presque vide, mais aussi qui s’accompagne d’une ambiance suspecte à l’égard de certains hommes politiques qu’on ne voit plus, n’entend plus, et dont on ne peut plus dire avec certitude s’ils sont du côté de l’opposition ou du pouvoir. En contestant les résultats des dernières élections présidentielles, Mr. Sonko scelle et renforce son statut d’opposant et de leader ambitieux pour son pays, et dont le seul but ultime, comme il le répète souvent, est de faire partir le président, Macky Sall.

Il marque ainsi son opposition claire et nette avec des dossiers urgents et utiles aux Sénégalais, qu’il aborde sans ambages ni peur de se retrouver devant la justice. Le dialogue national convoqué le lendemain des élections présidentielles est un autre marqueur clair de son opposition et de sa ténacité. En refusant d’y participer, contrairement aux trois autres candidats sortis derrière le Président Macky Sall qui ont eux aussi contesté les résultats des élections, il élève et légitimise sa voix de leader politique, mature et confiant d’être du bon côté de l’histoire. Il montre aux Sénégalais qu’il est conséquent avec lui-même: « le dialogue n’a pas sa raison d’être. Macky Sall a dit qu’il a gagné, il n’a qu’à déroulé son agenda ; on n’est pas en situation de crise qui peut justifier un dialogue» dit-il lors d’une émission télévisée.

Il adopte dorénavant une opposition de proximité en se prononçant sur les grandes décisions du pouvoir qu’il considère corrompues et dangereuses pour le Sénégal. Dès lors la constance dans sa démarche se dessine et se renforce. Avec les fréquents points de presse qu’il convoque et donne à chaque fois qu’il le promet, il adopte une démarche de dénonciation du régime en place et de ses dérives, il fournit des explications et connecte les faits des dossiers qu’il aborde pour faciliter la compréhension des Sénégalais et les encourager à agir pour marquer leur indignation et sauver ce qui est encore possible. Cette approche répétitive presque pédagogique envers les Sénégalais le propulse comme un leader au rendez de l’histoire avec son peuple et lui permet d’entretenir une opposition dynamique, conséquente et utile, laissant entrevoir un avenir meilleur pour le Sénégal.

CONFIANCE – CLARITE – CONSTANCE pour une opposition forte et utile aux Sénégalais !

Seynabou Diop, PhD.
Sympathisante PASTEF – USA

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