mercredi 24 avril 2024
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L’avenir des exploitations familiales en Afrique(Par Ndiamé THIAM)

L’avenir des exploitations familiales en Afrique est le thème choisi pour célébrer les dix ans d’IPAR (Initiative Prospective Agricole et Rurale). Par-là, rendre hommage Monsieur Jacques Faye cofondateur de ladite structure, avec une réflexion sur la matière. Les symboles collent bien avec le contexte et surtout s’agissant de la situation de l’agriculture familiale en Afrique occidentale.





Nous devons sûrement nous interroger sur son avenir mais avant de s’y lancer il serait plus adéquat de faire l’état des lieux. En réponse à cette exigence nous devons dire que la situation actuelle est préoccupante. Beaucoup d’années se sont écoulées et il semble que la situation de nos exploitations familiales est stagnante. Quels sont les véritables problèmes ?

Sans être exhaustif, nous pouvons citer :

  • Une main d’œuvre vieillissante avec une moyenne d’âge de 54 ans
  • Appauvrissement des sols qui traduit un manque de fertilité
  • Vétusté des équipements agricoles (semoirs, houes, charrues, hilaires et autres)
  • Productivité réduite
  • Faiblesse des rendements
  • Raccourcissement du cycle des pluies avec comme corollaire diminution des volumes
  • Effet induit du changement climatique.

La combinaison de tous ces facteurs nous conduit à des conséquences néfastes pour le monde agricole. L’exode rural et la diminution des revenus laissent peu d’espoirs à nos populations rurales. Cette précarisation avancée doit nous interpeller quant aux résultats escomptés.Le colloque doit se donner les moyens et stratégies pour sortir dans un premier temps notre agriculture de son état actuel.

Nous ne sommes pas sûrs que l’immobilisme inouï qui caractérise notre agriculture confortera la tombe de Monsieur Jacques Faye. Par son expertise, son implication volontariste pour ne pas dire altruiste au service du mouvement paysan, ce dernier aurait résolument indiqué des pistes de réflexion à même de venir à bout de cet état stationnaire. Il ne s’agit pas de faire porter la responsabilité à quelques acteurs. Les décideurs politiques, les acteurs de la recherche, les organisations paysannes, le conseil agricole, les organismes internationaux (FAO, PAM) et autres ONG sont tous responsables.

Tout d’abord une volonté politique affirmée serait une exigence première. Il arrive souvent que l’on s’interroge sur la floraison de séminaires, ateliers et autres rencontres y afférant sans déboucher sur une amélioration qualitative des conditions de vie du monde paysan.

Le calvaire de la baisse des revenus combiné à l’insécurité laissent peu de place à des horizons prometteurs pour notre agriculture. Selon la FAO seul 24% de la population rurale arrive à assurer leur sécurité alimentaire. La fonction nourricière de nos exploitations familiales n’est pas assurée. Ce potentiel agricole ne peut pas être exploité au maximum à cause des différentes contraintes énoncées. Souhaitons que ce colloque soit celui de la rupture qui va nous donner des résolutions fortes capables de répondre au cri de cœur de nos paysans.





Diagnostiquant cet état de fait, il y a lieu de reconnaitre que certains acteurs se complaisent dans cette situation. Rien ne peut expliquer que cet état de régression perdure. L’agriculture familiale ne doit pas se limiter à une fonction de production mais elle doit

marquer de son empreinte les niveaux environnementaux, socioéconomiques et culturels. Les différents sommets sur le climat ont fini de convaincre de la nécessité d’aller au-delà des colloques et autres séminaires.

Il nous faut des alternatives résilientes avec des actions ou mesures qui s’adaptent à la nouvelle situation. L’irruption des effets du changement climatique ne nous laisse aucun répit. Ne serait-il pas temps de nous édifier sur la proposition faite en 2014 par le Ministre Papa Abdoulaye Seck de faire de l’agro-business une alternative crédible vue la situation

Préoccupante qui prévaut toujours dans le monde paysan ? En tout cas l’accaparement des terres commence à créer au sein du monde rural des inquiétudes. L’objectif primordial est alors d’apporter des changements significatifs à l’agriculture familiale dans nos pays et pour ce faire tous les acteurs doivent jouer leur partition.

La stratégie consistera en un plaidoyer fort des organisations paysannes ce qui permettra de conscientiser les décideurs politiques de la nécessite d’une réforme foncière et surtout d’une nouvelle politique agricole qui prend en compte les objectifs visés mais également les mutations qui se sont opérées au niveau du monde rural.

Cette nouvelle politique agricole visera à :

  • Réviser les subventions octroyées aux paysans.
  • Renouveler l’équipement agricole avec moins de mécanisation.
  • Impulser une nouvelle dynamique organisationnelle
  • Intégrer résolument les préoccupations des paysans.
  • Financer les producteurs pris individuellement à travers leurs organisations faitières
  • Articuler les actions des différentes organisations paysannes.
  • Approfondir les questions relatives aux conseils agricoles, l’approvisionnement en intrants
  • Aménager des périmètres d’utilité communautaire
  • Permettre l’utilisation collective des moyens de productions lourds tels tracteurs, forages etc.

Les questions que sont l’emploi, les changements climatiques, la croissance

Démographique et la recherche interpellent au plus haut point les pouvoirs publics. La diffusion des espèces adaptées à la nouvelle situation due aux changements climatiques doit retenir l’attention des organismes de vulgarisation.

En définitive, c’est par la capacitation accrue du paysan jumelée à une dotation correcte

D’intrants dans un cadre organisationnel efficient que les conditions d’une agriculture

performante et productive seront une réalité. Et c’est seulement à partir de ce moment que la sécurité alimentaire sera assurée par les exploitations familiales ; et à partir de là, l’émergence d’un nouveau type d’agriculteur.




Ndiamé THIAM

Technicien Agricole

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