mardi 8 octobre 2024
Contributions

COVID–19 en Afrique : un virus, un faisceau de crise, des enseignements…

Lorsque, en décembre 2019, venait d’apparaitre à Wuhan (centre de la Chine) la maladie à coronavirus 2019, nul ne s’attendait à ce qu’elle atteigne ses proportions actuelles.

Pendant que, à l’époque, la Chine travaillait à contenir ce mal, de nombreux africains s’étaient attelés à en trouver la cause. En bons érudits, beaucoup en sont arrivés à l’oracle suivant : « Dieu a décidé de parachuter ce virus en Chine en guise d’avertissement au peuple chinois qui massacrait leurs compatriotes de confession musulmane ». Moins d’un mois plus tard, le virus atterrit en Europe. Parallèlement à ce voyage, l’oracle varie : « Le coronavirus n’affecte que les Blancs. Il ne poussera pas dans l’écosystème organique de l’homme noir. Nous sommes immunisés contre ce type de virus », proclamaient les savants chauvinistes. Dans mon pays, le Sénégal, la conviction de bon nombre de mes compatriotes était que ce virus n’osait pas frôler un sénégalais. Le fondement d’une telle affirmation n’est pas à chercher très loin : « Les prières de nos grands érudits ont déjà réglé tous les problèmes des sénégalais. Quoi qu’il arrive, les sénégalais en seront épargnés ». Quelle particularité, le Sénégal !

Il a fallu que le virus « se pandémise », franchisse nos portes pour que fondent comme neige au soleil toutes ces fascinantes croyances. Et, depuis lors, nous en subissons les affres à tous les niveaux. En effet, dans le secteur éducatif, voilà deux semaines que nos écoles ont fermé et il en sera ainsi aussi longtemps que persistera cet « ennemi ». Les conséquences à l’horizon sont incommensurables : un prolongement de l’année académique, au mieux, une année blanche ou invalide, au pire. Dans un cas comme dans l’autre, une chose est assurée : le désapprentissage des élèves et étudiants. Et c’est en cela que nous sortons, nous, du lot. Tous les pays qui se respectent, ces pays où les Chefs d’États africains envoient leurs enfants étudier, le virtuel s’est aussitôt positionné en palliatif assumé de l’école physique. L’élève / l’étudiant ne désapprend pas. Les soutenances de mémoires et de de thèses se font à distance, sans coup férir !

Au niveau administratif, tout est paralysé. Pas de dépôt/réception de dossiers dans bon nombre de nos institutions.

Sur le plan sanitaire, nous constatons que la maladie gagne petit à petit du terrain. Source d’angoisse, cette progressive propagation est couplée d’un léger manque de masques. Et, malgré les efforts de nos vaillants soldats à blouse blanche, tout le monde peut s’imaginer la suite des événements si, par malheur, les choses venaient à s’aggraver. Pas plus qu’avant-hier, nous avons perdu l’une des grandes fiertés du pays, Pape Diouf, en l’occurrence. Que son âme, par la grâce de Dieu, repose en paix !

Sur le plan social, beaucoup de nos concitoyens qui gagnent leur vie au jour le jour ne font plus les mêmes profits qu’avant la crise. D’aucuns ont été libérés par leurs employeurs et, donc, restent sans salaires. On s’imagine leurs conditions de vie actuelles quand on sait qu’ils ont à s’acquitter, entre autres, de leurs obligations envers leurs bailleurs.

Face à cette kyrielle de conséquences qui affectent tout le monde y compris nos Hommes politiques qui, pour la moindre égratignure, filaient tout droit en Europe ou aux USA se faire soigner, certains de nos concitoyens croient, à tort ou à raison, à une redéfinition, par ceux qui nous dirigent, des priorités de notre pays une fois la crise dissipée.

I – LUEUR D’ESPOIR OU SIMPLE MIRAGE ?

Nombre de sénégalais nourrissent l’espoir qu’après le COVID–19, les politiques de notre pays procèderont à une étiologie sérieuse de leur hypoesthésie gouvernementale et commenceront, enfin, à faire le travail pour lequel ils sont employés. Disons élus, par commodité sémantique. Que ce serait merveilleux si cela venait à se réaliser ! Les arguments qui expliquent un tel espoir crèvent les yeux. Je comprends donc très bien le sentiment qui habite tous ces braves hommes et femmes qui, comme le peint magistralement l’insaisissable Kemi Seba dans « L’Afrique libre, ou la mort », se sentent, depuis leur naissance, dans une vaste prison à ciel ouvert. Nonobstant, sans les prendre pour des adeptes du père Noël, je leur exprime mes réserves là-dessus. Je reste fort dubitatif quant à la réalisation, par nos dirigeants, d’une autocritique aiguë quand bien même cela rentrerait dans l’ordre des choses.

En effet, dans leur comportement de tous les jours, nos acteurs politiques, exception faite de quelques-uns, affichent trois caractéristiques qui semblent constituer les nucléotides monophosphates de leur ADN. Il s’agit de l’amateurisme, la non-hiérarchisation de nos priorités et la ruse. Voyons, pour chacun de ces trois « éléments », des faits illustrant notre constat.

  • L’amateurisme

En février 1981, dans un élan de reconnaissance de la relation étroite entre l’école et la question du « vivre ensemble », le régime d’alors tient les États Généraux de l’Éducation et de la Formation (EGEF) qui ont abouti à d’excellentes conclusions. Trois ans plus tard, le 6 août 1984, la Commission Nationale de Réforme de l’Éducation et de la Formation (CNREF), se basant sur les principes dégagés lors des États Généraux de l’Éducation, remet au Gouvernement ses propositions visant à rénover notre système éducatif. Trente ans plus tard, en août 2014, se tiennent les Assises nationales sur l’éducation. Quid de tous ces beaux projets ? Quels effets concrets ont-ils produit dans le système éducatif ? Si dans le fond ces grandes décisions ne souffrent d’aucune écorchure, dans leur mise en œuvre nous constatons une timidité qui frise ce que, par courtoisie, nous ne nommerons pas. Il n’y a qu’à observer, sur l’ensemble du territoire national, les résultats aux examens annuels.  

Cet amateurisme de nos dirigeants s’explique par un fait simple : que notre système éducatif soit performant ou pas –peu importe leurs soporifiques discours de justification qu’ils savent prononcer– cela ne les regarde pas puisqu’ils ont évacué leurs enfants et neveux en Europe ou aux USA. C’est cela la réalité !

En 2012 ils nous annonçaient la revue en baisse du prix du loyer dans Dakar. En 2017, ils avaient crié sur tous les toits leur projet de retrait des enfants honteusement considérés être « de la rue ». Observez vous-même vos entourages et dites-moi qu’en est-il de ces mégaprojets.

  • La non-hiérarchisation de nos priorités

Le 26 Septembre 2002, il y a 18 ans, le « Joola » faisait naufrage au large des côtes gambiennes avec, à son bord, plus de 2000 passagers… Je connais bien les ennuyantes rengaines dont on me rebat les oreilles concernant les causes de cette catastrophe maritime. J’ai souvenance de l’excellent travail réalisé par la commission d’enquête technique pour « situer les responsabilités des uns et des autres » dans cette affaire. Mais je tiens à rappeler que peu après le « dépannage » de la dernière avarie du navire –celle qui avait coulé le moteur tribord–, un contrôle par magnétoscopie du vilebrequin du moteur principal bâbord avait été réalisé et aurait permis de découvrir que ce moteur présentait les mêmes symptômes que ceux qui avaient conduit à la panne du moteur tribord quelque temps auparavant. Il fallait donc immédiatement procéder à son changement –il ne coûtait que 250 millions de francs CFA– puisque de telles conclusions constituaient un signe avant-coureur d’un cataclysme. En lieu et place de cela, Maître Abdoulaye WADE, à l’époque Président de la République, avait préféré injecter 18 milliards sur un avion, son avion présidentiel. Le résultat, nous le connaissons tous. À chacun de voir où était la priorité dans les deux besoins susmentionnés.

Depuis 2016, l’actuel Président de la République, M. Macky SALL, nous présente son prestigieux projet de Train express régional Dakar-AIBD. D’une valeur de plus de 1000 milliards de francs CFA (vous avez bien lu), ce train a été inauguré le 14 janvier 2019 et n’est toujours pas mis en service. Dans un pays comme le nôtre, est-il acceptable de dépenser autant sur un tronçon de moins de 60 km ? Avec une telle bagatelle, notre pays aurait pu se doter de 37 complexes hospitaliers disposant, chacun, de toutes les commodités d’un hôpital de quatrième niveau. Avec une telle somme, nous aurions pu désenclaver définitivement les régions du Sénégal oriental, la Casamance et le Fouta. Je ne mentionnerai pas ce que cela ferait des abris (provisoires) définitifs.

À ces deux affaires (l’avion présidentiel et le TER) témoignant de la non-hiérarchisation de nos priorités, s’ajoutent la fameuse caisse noire qu’adorent les chefs d’États africains, la limosine de 1 milliard, les budgets alloués à des institutions comme le HCCT et le CESE. Nul ne comprend la pertinence d’un tel style de gestion dans un pays qui figure parmi les plus pauvres de notre planète.

  • La ruse

Des exemples de ruses de nos autorités politiques, on en voit à la douzaine dans tous les régimes qui se sont succédés depuis 1960 jusqu’à nos jours. Mais, pour faire court, je vais m’en tenir aux faits les plus récents.

L’année 2000 est marquée par l’avènement au pouvoir du Pape du Sopi, Maître Abdoulaye WADE. S’il reste, à mon avis, the best president de l’histoire politique de notre pays, je lui reproche d’avoir, lors de son dernier mandat, fabriqué, avec nos deniers publics, une cohorte de milliardaires qui, dès sa chute, n’ont pas hésité à lui tourner le dos. Ce comportement de WADE, greffé à son supposé projet de « dévolution monarchique », a eu à heurter de nombreux sénégalais et pourrait même être considéré comme un grain majeur du chapelet de fautes ayant conduit à sa cuisante défaite à la présidentielle de 2012. Une défaite qui marque l’arrivée au pouvoir de M. Macky SALL, un homme dont le curriculum politique, impressionnant, et les promesses électorales (gestion sobre et vertueuse), alléchantes, laissaient espérer des lendemains merveilleux.

Dès les premières heures de son mandat, il entame le « recouvrement » des biens supposés « mal acquis », une traque qui, nous en convenons tous, était « une demande sociale » tant était grosse la colère d’une grande partie des sénégalais envers WADE et son entourage. Contre toute attente, cette traque finira en queue de poisson, en nageoire caudale dont la partie inférieure représente les quelques manœuvres d’intimidation à l’égard de quelques politiciens et, la partie supérieure, les condamnations de quelques personnes à des peines d’emprisonnement qui ne seront jamais purgées. La « demande sociale » étant ainsi réglée à leur manière, son compte rendu ayant été présenté au Sénégalais en plein sommeil, nous voici devant des dirigeants qui adoptent les comportements contre lesquels ils s’étaient insurgés en 2012 : comptez le nombre de ministres que nous avons, interrogez-vous sur le dénouement de ladite « affaire des 94 milliards » et celui d’autres cas similaires, essayez de comprendre ce qui se cache derrière l’inauguration, en grande pompe, de chantiers non achevés. Quand vous aurez les résultats de vos observations, vous conviendrez avec moi qu’il n’y a là que de la Ruuuse.

D’ailleurs, c’est la forte prévalence de ce type de ce « vi-RUSE » sur le terrain politique africain qui favorise, dans beaucoup de secteurs, la culture du « tapalé » chez bon nombre de personnes, âgées comme jeunes. Monsieur Amadou Samba, « Docteur » émérite, est l’exemple parfait de ce prototype de sénégalais qui, tel une sangsue, se colle à une « peau lithique », s’en nourrit sous couvert, la plupart du temps, d’une main invisible. Combien de sangsues comme lui avons-nous dans nos instances de décisions qui ont le seul mérite d’être soit des bras insulteurs soit de simples paratonnerres d’un tel ou tel homme politique ? Le drame avec les individus de cet acabit, c’est qu’ils parviennent à s’en tirer d’affaire et parfois même à devenir des politiciens assumés qui, dès qu’il y a changement de régime politique, se catégorisent en 3 groupes :

► ceux qui auront réussi à voler de mirobolantes sommes d’argent : ils disparaissent complétement des sphères publiques, le reste de leur vie étant assuré ;

► ceux qui n’auront pas réussi à bien se remplir les poches et qui trouvent une brèche d’entrée dans les instances du nouveau régime : c’est la plupart des auteurs de belles phrases telles que : « Je conserve mon parti. Je n’ai pas transhumé, je soutiens juste la vision du Président de la République », ce dernier étant, la plupart des cas, celui qu’ils avaient farouchement combattu quelque temps auparavant ; ou encore « Je veux travailler pour mon pays », comme si en regagnant leurs anciennes fonctions (ils n’en n’ont pas), ils travailleraient pour un pays autre que le leur ;

► ceux qui n’auront pas réussi à bien « se gaver » et qui ne trouvent pas non plus de brèche d’entrée dans les instances du nouveau régime : ils signent alors leur décret de prostitution politique et s’en fichent des critiques à leur égard. Leur second patronyme devient « Maa tey ».

Loin d’être exhaustifs, ces exemples de comportements (amateurisme, non-hiérarchisation de priorités, ruse) qui nous semblent congénitaux chez la majorité des hommes politiques africains sont le soubassement de la pauvreté qui ronge nos riches pays. C’est aussi à travers ce type d’agissements que l’homme occidental, pervers et cruel jusqu’à la moelle épinière, nourrit son complexe de supériorité qui, au fond, n’est qu’un vernis à son complexe d’infériorité…

II – LES DIRIGEANTS DE L’UE, L’ONU ET LE DISSONANT SYNDROME DE LIMA

Depuis la nuit des temps, « l’homme » Blanc –l’exception confirmant la règle– s’est toujours distingué par sa Pauvreté (à tous les niveaux), vice qui le poussera à une cupidité inouïe, épée, à son tour, de toutes les atrocités de son passé historique nimbées de vocables tels que « Civilisation », « Lumières », « Découverte », « Démocratie », entre autres. Cela connu de tous, je ne m’attarderai pas à égrener le chapelet des ignominies grâce auxquelles s’est construite sa société actuelle. Il me semble, en revanche, important de préciser que la normalisation / banalisation de ces ignominies a progressivement fait prendre dans le subconscient de cet « homme » l’idée que le Noir est sa propriété et, l’Afrique, son dépotoir. En attestent les réactions, provoquées par la fulgurante propagation du COVID–19, des dirigeants (européens) du G20 et de l’ONU.

  • Le G20 et sa discordante empathie

Constitué de 19 pays dont 3 de l’Union Européenne (France, Allemagne et Italie) et de l’Union Européenne elle-même (abstenez-vous de rire), le Groupe des 20 s’est montré impuissant face au Covid-19 dont les victimes, en Europe et en Chine, se comptent par milliers. Cette impuissance des « maîtres du monde » notamment des pays les plus touchés, ceux de l’Europe, s’exprime par des agissements inédits que l’on constate ces derniers temps entre les composants de la famille UE :

►Absence de solidarité entre européens,

►Appel au secours de la Chine, de la Russie et du Cuba, en n’oubliant, comme par enchantement, le regard qu’ils ont toujours porté sur ces pays,

►Vol, par la République Tchèque, de l’aide chinoise –680.000 masques– destinée à l’Italie,

►Veto de la Pologne au survol de son espace aérien des avions russes qui apportaient de l’aide sanitaire à l’Italie,

►Détournement, par le pays « père du Sénégal », de  l’aide de la Suède –4.000.000 de masques– destinée à l’Espagne et à l’Italie.

►Difficultés voire impossibilité à réussir leur fameux « CORONA BOND », projet de levée de fonds devant leur permettre de renforcer leur filet de sécurité anti-corona.

Malgré cette dislocation dans laquelle ils sont submergés, les pays européens, par amour démesuré pour l’Afrique, ont exprimé leur intention d’aller très rapidement à la rescousse anticipée du peuple africain qu’ils considèrent « être prioritaire » sur leurs propres peuples. Leur position semble être partagée par le secrétaire général de l’ONU.

  • L’ONU et son philanthrope secrétaire général

Avec le Coronavirus «il y aura nécessairement des millions de morts en Afrique » déclarait, il y a moins d’une semaine, Antonio GUTERRES, secrétaire général de l’ONU. Tournant ainsi en rond tout le continent Africain, cette grotesque déclaration, dans la forme comme dans le fond, pourrait bien faire l’objet de thèses doctorales en psychologie sociale. En effet, de juin 2005 à décembre 2015, M. Guterres, désormais «Père de la Nation Africaine», exerçait son mandat de Haut-commissaire des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR). C’est précisément durant cette période qu’a abouti le processus de désarticulation de l’Afrique, notamment en 2011, avec la chute des régimes politiques alors en place en Côte d’Ivoire et en Libye. Eu égard à la posture de « grand philanthrope » que tente d’adopter M. GUTERRES, nous ne pouvons pas nous garder de lui poser un certain nombre de questions :

►Quelle avait été sa position lorsque s’exécutait l’assassinat de Mouammar Kadhafi ?

►Abstraction faite des déclarations politiciennes qu’on lui connait —«si nous échouons en Afrique nous échouerons dans le reste du monde »,  « l’Afrique est… un continent en proie à des crises et parfois nous, Nations Unies, en sommes également responsables» (janvier 2017), «horrifié» par la vente de migrants africains en Lybie (novembre 2017), «un vent d’espoir souffle en Afrique» (février 2019)—, quelle avait été sa position en tant que Haut-commissaire des Nations unies pour les Réfugiés, son poste d’alors, face aux conséquences (vagues de migrations) découlant de l’assassinat du guide libyen  ?

►Quelles mesures d’urgences concrètes a-t-il mis en œuvre en tant que secrétaire général de l’ONU, son poste actuel, face aux conséquences d’un tel assassinat ?

►Qu’a-t-il fait face à la situation de milliers d’africains offerts en l’Holocauste dans la méditerranée ?

►Quelle opinion porte-t-il sur les contrats léonins que signent ses « potes » avec les chefs d’États africains dans l’achat-pillage des ressources naturelles du continent ?

►Que pense-t-il des pestilentes vomissures émises à la LCI (Chaîne de télévision française) où un journaliste et un médecin préconisent, le sourire aux lèvres, une sodomie médicale en Afrique ?

Cette dissonance cognitive à travers laquelle se distinguent les dirigeants des organisations dites « Internationales » choque moins par la visée communicative de ses victimes-auteurs que par la contre-réaction qu’elle reçoit de la part des dirigeants des peuples piétinés : le silence absolu ! À l’exception de quelques imminents intellectuels du continent comme le journaliste Adama GAYE, les « dirigeants » africains, partisans de la politique de l’Autruche, ont préféré, comme toujours, raser les murs. D’autres, poussant le bouchon un peu plus loin, ont même approuver la déclaration de M. GUTERRES. Pourtant, ils aiment bien bander les muscles lorsque les dignes fils du continent, à l’instar de Guy Marius et Kemi Seba, lèvent la voix pour défendre l’intérêt de notre mère Patrie. Ils ne semblent être peinés que lorsque leurs geôliers se sentent en difficultés. 

III – LES CHEFS D’ÉTAT AFRICAINS ET LE CHRONIQUE SYNDROME DE STOCKHOLM

Nombreux sont les africains très émus, très sensibles face au cortège de chiffres renseignant du nombre de morts par jours dans les pays que nous connaissons tous. La perte d’une vie humaine étant toujours de trop, j’apprécie et partage ce sentiment de compassion envers « l’autre ». C’est humain ! Par contre, je n’arrive pas à comprendre l’indifférence notoire de ces mêmes personnes face aux malheurs qui s’abattent sur leurs semblables Nègres. Et, dans cette compassion sélective, les chefs d’États africains semblent exceller. En attestent les nombreux faits ci-après.

Depuis près d’une décennie, des milliers d’africains, tentant de fuir les conséquences de la sale politique des grands donneurs de leçons, calanchent —excusez-moi du terme— au fond des eaux de la Méditerranée. En 2018, nous avons tous vu comment l’Italie a refusé d’accueillir l’Aquarius, un navire humanitaire qui avait secouru 600 migrants en Méditerranée. Nous n’allons pas rappeler la décision qu’avaient prise, en 2019, les dirigeants de ce pays à l’égard des navires Eléonore et Mare-Ionio. Malgré la médiatisation à laquelle ont eu droit ces « autres Coronavirus », les dirigeants africains et les « grands donneurs de leçon » en sont restés muets.

En mars 2019, le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi ont été ravagé par le terrible cyclone Idai. Bilan de de ce drame : 1 006 morts, 2 262 disparus, 2 450 blessés, 3 044 900 de sinistrés, 239 500 maisons détruites, 500 000 hectares de culture perdus. Quelques jours plus tard, c’est au Mali d’enregistrer l’un des massacres les plus terribles de son histoire avec la tuerie, par des hommes armés, de 160 innocents à Ogossagou (village peul situé au centre du Mali). À cela s’ajoute, un mois plus tard, le naufrage de Kalehe, en RDC, faisant plus de 110 morts. En dépit de la gravité de ces dégâts, les dirigeants africains n’ont proposé aucun élan de solidarité à l’endroit de leurs frères africains. M. GUTERRES et ses amis protecteurs de l’Afrique n’en n’étaient certes pas informés.

Pourtant, lorsqu’il s’agit de drames que subissent des pays source, en grand partie, de nos malheurs, les gouvernants africains sont les premiers à tweeter des messages de solidarité. Certains, les plus « corrects », effectuent même des déplacements dans ces pays pour manifester « contre la bêtise humaine ».

Dr. Bacary DIATTA, Dakar, le 04 Avril 2020

PS : Hier, lors de son adresse à la nation, le Président de la République a pris un certain nombre de mesures qui me semblent importantes.  Je l’en félicite. Ce qui ne veut pas dire que je partage la totalité de ses décisions et la façon dont celles-ci sont mise en œuvre. Le moment n’étant pas encore aux critiques, je l’encourage non sans exhorter mes concitoyens à respecter, ne serait-ce qu’une journée, les mesures barrières. Il y va de notre bien collectif.

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Patrice Ndiaye
Patrice Ndiaye
4 années il y a

Oh frère, comment c’est fascinant la façon tu observes à la loupe et nous décrits les évènements dans les détails.
On ne peut comprendre ce style de gestion qui n’est pas basé sur la priorisation des besoins.
Continuons le combat de la dénonciation et de la sensibilisation.

0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x