dimanche 13 octobre 2024
Contributions

Récurrence des divorces chez les jeunes couples sénégalais: entre choix et différences de nature(Par Salimata Dieng)

*Des étincelles  qui ne brillent plus

*Des fibres qui ne vibrent plus

Parti d’un début très doux, mielleux et souvent exposé sur les réseaux sociaux, le mariage chez les jeunes devient un contrat à durée déterminée. Ces dernières années, la fréquence des divorces montrent à suffisance que les couples ne se supportent plus. On passe du « tu es ma vie» au « sors de ma vie» quel paradoxe!





En 2013, le nombre de divorce est à 126.286. La majorité des cas concernent les «femmes avec 96 049 personnes et les 30 236 sont des hommes» selon un rapport de l’ANSD de ladite date.

En 2015, encore la même structure révèle une recrudescence du divorce qui depuis est et reste un phénomène. Prenons juste le cas de la région de Dakar où à cette date le tribunal départemental a prononcé 1775 divorces.

En amont, il importe de souligner que ce qui fait la sacralité de l’amour c’est le commun désir de vivre ensemble et ce pour l’éternité (le mariage). Alors, pourquoi renoncer à l’union de sitôt?

Il est aisé de comprendre que des gens décident de se marier que par amour mais, peu réfléchissent sur ce qui fait ou doit faire toujours briller les étincelles, ce qui doit toujours faire vibrer les fibres. En fait, les jeunes couples souvent pensent que s’aimer suffit et au bout d’un an approximativement ils se rendent compte des paramètres qu’il ne fallait sous aucun prétexte négliger. Pour vivre en parfaite symbiose il faut souvent partager avec son partenaire des centres d’intérêts de types religieux, social, politique, culturel et j’en passe. En réalité, ces centres d’intérêts ne sont pas anodins parce qu’ils rapprochent davantage les conjoints. Dans leurs petits cocons, ils peuvent y aborder avec tendresse des thématiques de ce genre. Sinon, tout le débat des mariés gravitera autour de l’acte sexuel. Effectivement le mariage n’est pas que le sexe!

De surcroît, nous avons constaté que parmi les causes de divorces apparaissent au premier plan les incompatibilités d’humeur. Si très souvent l’homme agit avec désinvolture, au lieu de créer un contre feu la femme réagit à la hauteur de l’acte. Chose qui engendre les sempiternelles prises de bec auréolées des problèmes d’égo de part et d’autre.

À cela s’y ajoute le manque notoire de communication. A vrai dire les jeunes couples communiquent peu et mal. La communication est au début et à la fin de toute relation. Les conjoints maintenant préfèrent se concentrer plus sur leurs smartphone que sur leur partenaire d’à côté. Les femmes elles, choisissent de discuter avec leurs copines sur les nouvelles tendances «sagnsè» pis sur des potins très futiles au même moment l’homme commente et recommente les matchs de foot. Hélas, ce sont des couples aux temps tic où le monde virtuel supplante le monde réel. Par voie de conséquence des détails qui pouvaient se régler au sein du foyer conjugal se retrouvent à la place publique en version anonymat. Les gens se surprennent en train de lire leur propre histoire sur Facebook. Alors que, la personne concernée devait être notre première interlocutrice à qui et de droit d’ailleurs exposer le problème en vue d’en trouver une solution.

Ainsi, il est clair que les jeunes souffrent d’immaturité à gérer les aléas du mariage. Ce dernier, doit laisser entrevoir a priori une complémentarité sans faille. Rappelons juste que ces jeunes qui ont décidé de partager leur vie ont reçu une éducation différente, ont évolué dans des milieux géographiquement différents et qui, illico-presto sont obligés de se supporter. Par devoir basé sur un consentement mutuel, ils ont une vie commune depuis les rituels. Alors, de là peuvent surgir les querelles liées à leurs différentes personnalités ou bien une meilleure entente entre eux.





Cependant, hormis ces faits, soulignons que le cadre de vie est aussi un des déterminants du divorce. Nous sommes au Sénégal où notre socialisation fait que le mariage n’est justement pas seulement l’affaire des conjoints, les deux familles des principaux acteurs ont aussi des rôles à jouer. En ce sens, les problèmes des couples sont susceptibles d’être entachés aux caprices des belles familles. Dans notre société dite moderne, les belles familles participent directement ou indirectement au sacerdoce du mariage: leurs visions et volontés comptent et pèsent lourd pour les jeunes amoureux. Il faut toutefois rappeler que les familles évoluent à l’image de toutes les sphères de la société. Et, elle représente cette cellule qui définit l’appartenance et les attitudes des membres de la communauté. Donc, lire la famille permettrait de saisir les soubassements sociaux de tous ces phénomènes et repenser sa configuration donnerait l’occasion d’agir sur le mariage.

Mais aussi, si sous nos tropiques les divorces chez les jeunes sont nombreux c’est parce que dans un versant beaucoup plus général, nous sommes trop modernes.

Jadis, nos aïeuls étaient bien plus aptes à supporter les défauts de leurs conjoints, ils étaient dociles et ancrés dans des valeurs qui ne leur permettaient pas de crier leurs souffrances voire les étaler aux parents, le «soutoura» et le «müñe» se vivaient en toute sincérité et de façon désintéressée. Ils se consolent avec ces termes: « sey diamou yalla leu ». Sous ce rapport nous n’excluons pas que ces valeurs: « soutoura », « mügne» doivent être l’affaire des deux parties.

Outre, les jeunes ont-ils les mêmes référents?

Aujourd’hui, les mariages sont scellés sans pour autant épouser les habitudes, les comportements. Les calculs planent d’emblée chez les conjoints et façonnent leur engagement. D’ailleurs, aujourd’hui la plupart des jeunes surtout les femmes recherchent l’aisance financière chez leurs futurs élus et ceci devient la condition sine qua none pour dire oui devant Dieu et devant les hommes. D’aucuns se focalisent sur la beauté pour choisir leurs âmes sœurs peu importe le statuquo de l’homme ou de la femme. En ce sens, contrairement à nos parents nous choisissons selon nos désirs, nos attirances érotiques comme exotiques.

Majoritairement, la conception du mariage chez les jeunes particulièrement les femmes est par essence connectée au bonheur et en corrélation avec le matériel oubliant préalablement son côté sacré.

En résumé, ces déterminants de la récurrence des divorces chez les jeunes ne sont que les méfaits et supplices de la modernité avec à l’appui la socialisation des concernés disons leurs sens de l’union. Alors ne devrions-nous pas préparer psychologiquement et surtout socialement les jeunes hommes et femmes aux valeurs et principes du mariage afin que chacun puisse tirer son épingle du jeu?

Salimata Dieng✍




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adam
adam
4 années il y a

analyse très pertinente , bonne continuation.

Ibou
Ibou
4 années il y a

Bon article

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