Pétrole : Quand le Président dicte la conduite des partisans (Par Khadim Ndiaye)
Dans un régime présidentiel fort, le président ne définit pas seulement la politique nationale, il montre aussi très souvent l’attitude à adopter à ses partisans.
C’est parce que Diouf et Wade ont accepté leur défaite lors des présidentielles passées que leurs partisans, résignés, ont fermé le clapet pour de bon, permettant une passation de pouvoir plus ou moins en douceur. Il aurait suffi d’un NON de la part de Diouf ou de Wade pour que des partisans zélés, embouchant la trompette de la contestation, plongent le pays dans des lendemains incertains.
C’est un peu ce qui arrive au président Macky Sall avec l’affaire « Timis ».
Tant que la dénonciation de la corruption entourant les contrats pétroliers restait une affaire locale, le président pouvait se montrer arrogant et lancer aux opposants qu’ils pouvaient aller porter plainte jusqu’à la planète Mars s’ils le désiraient. Mais la donne a changé avec l’incursion de la chaîne BBC. Une chaîne connue pour ses enquêtes fouillées emportant par le passé beaucoup de politiques et d’hommes d’affaires.
Les choses ayant changé avec BBC, le président a voulu demeurer constant dans le mépris des opposant et de ceux qui voulaient avoir des éclaircissements sur un produit national (le pétrole) qui peut impacter positivement leur vie s’il est bien géré.
Il eût fallu pourtant gérer autrement la crise.
Un président conscient de la capacité de nuisance internationale d’une chaîne comme BBC, se serait désolidarisé tout de suite de son frère et aurait promis une enquête pour faire toute la lumière sur l’affaire. Une telle attitude aurait rassuré la population et calmé le zèle des partisans.
En faisant toutefois dans le clair-obscur et en taxant ceux qui en parlent de « rambaaj » (perfides, traîtres, méchants, hypocrites), le président a montré la voie à suivre à ses partisans. Tous ont adopté la même attitude.
Aussi, la défense du régime depuis la première déclaration du président, a consisté, non pas à disserter de manière rigoureuse sur les faits, mais à pratiquer la technique de l’attaque ad hominem. On attaque sciemment les personnes, non les idées. Les dernières victimes en date sont Thierno Alassane Sall et Clédor Sène.
On voit même des personnalités, autrefois dénonciateurs de scandales, devenues partisans, se muter en défenseurs de scandales.
En clair : le chef montre toujours la voie à suivre. En chef d’orchestre, il indique le jeu des partisans-instrumentistes.
Voilà pourquoi il faut, dans un régime présidentiel, choisir toujours un vertueux.
Dans un tel régime – en attendant d’avoir un meilleur -, les choses changent positivement parce qu’un président, n’abusant pas de ses prérogatives surdimensionnées et soucieux de la bonne marche des choses, indique la bonne voie à suivre à ses partisans et ne voit en toute chose que l’intérêt général.