Nous avons choisi Touba (Par Guy Marius Sagna)
Quand à ma sortie de prison les journalistes m’ont demandé ce que je pensais de la réduction par le président Macky Sall des dépenses téléphoniques, je leur ai dit que j’étais inquiet. J’avais peur que cela ne cache une politique qui allait s’abattre sur les populations et les travailleurs. Je ne suis pas un météorologue politique mais connaitre l’histoire permet notamment d’anticiper sur l’avenir. Quand le président Abdou Diouf a parlé de « Moins d’État mieux d’État » il clignotait à gauche pour tourner à droite et se signer au nom du FMI, de la Banque mondiale et des plans d’ajustement structurels (PAS). Le FMI mérite le surnom que lui a donné Tchoudjang Pouemi, Fonds de la Misère Instantanée.
Le communiqué du FMI du 23 septembre dernier me donne raison. Nous y reviendrons. En attendant, retenons que le FMI et la Banque mondiale n’ont jamais développé un pays.
Par contre, de croire en soi, de compter sur soi, d’être indépendant, souverain peut soulever des montagnes. C’est ce que Touba et le mouridisme nous prouvent pour la nième fois avec la sublime oeuvre de Massalikul Jinan. Alors que le consensus de Washington et de Paris nous enfoncent dans la pauvreté, le consensus de Touba fait sortir de terre des merveilles. S’inspirer de Maam Bamba et non de Maam Faidherbe, de Aline Sitoé, de Yacine Boubou, de Thierno Souleymane Baal, de Lamine Ibrahima Senghor, de Cheikh Anta Diop, Birane Gaye, Assane Samb… nous permettra de soulever ces montagnes dramatiques pour nos peuples qui ont pour nom analphabétisme, insécurité alimentaire, chômage, mortalité, dépendance… C’est pourquoi nous continuons à inviter notre peuple à tourner le dos aux muses destructrices de Washington et de Paris et d’écouter celle des grand.e.s résistant.e.s de Touba, de Nder, de Cabrousse, de Tivaouane, de Ndiassane, de Kaolack, du Fouta, de Salémata, du Cayor, du Sine…
Notre camarade Babacar Gaye est parti le 24 septembre dernier comme il a vécu avec sa famille du FRAPP, sans faire de bruits. Membre de AJ/Authentique qu’il représentait dans la Coalition nationale non aux Ape avec Aliou Sané Balingore, il est resté membre du Front anti Ape anti CFA, et du FRAPP malgré l’appartenance de son parti présidé par Landing Savané à la coalition présidentielle.
C’est dire qu’il est resté debout jusqu’au bout. Il était venu à la réunion du FRAPP du 7 septembre dernier. Qui aurait pu penser que c’était là sa dernière réunion ? Le camarade Babacar a toujours montré un intérêt particulier à documenter notre opposition aux Ape, au CFA, aux magasins de grandes distribution, aux importations de poulets. Sur ces questions, Babacar était pointilleux, précis sur les données, les chiffres… Il était un maniaque soucieux de la nécessité d’une parole crédible, respectable et respectée du FRAPP c’est à dire des anti-impérialistes panafricains.
Tolstoï pensait que « toutes les familles heureuses se ressemblent; mais les familles malheureuses le sont à leur façon. » Notre malheur à nous FRAPP d’avoir perdu ce valereux camarade que ni le diabète ni l’âge (60 ans) n’empêchaient de venir aux réunion et aux manifestations est de le donner en exemple aux membres du FRAPP et à la jeunesse mais aussi à nos concitoyens du 3e âge. Il allait à la mosquée tous les jours. Il était du 3e groupe du triptyque de Michael Jordan à qui il est attribué ce propos: « certains veulent que ça arrive, d’autres aimeraient que ça arrive et d’autres font que ça arrive ». Babacar avaient décidé d’être de ceux qui travaillent à ce que l’émancipation du Sénégal de la domination impérialiste dans une Afrique libre, souveraine et unie arrive en étant membre du FRAPP.
Que ton âme repose en paix cher Babacar. Nos condoléances à sa famille biologique, à ses voisins de Bopp, à ses camarades de AJ, à ses camarades du FRAPP.