Macky plus beau avec des sacs de riz qu’avec des cercueils.(Par Morkéba Bocandé)
La prise en charge des rapatriements de dépouilles de compatriotes décédés à l’étranger a toujours été une préoccupation majeure des Sénégalais de la diapora et un casse-tête pour les autorités diplomatiques.
En effet, cette question a toujours été au centre des discussions entre émigrés et autorités diplomatiques et consulaires. Le rêve de tout émigré, même pour ceux détenteurs de double nationalité, est, à son décès, de reposer dans la terre des ses aïeuls, auprès de sa famille. Personne ne souhaite être enterré dans une tombe anonyme dans les cimetières de pays où, même de leur vivant, il n’avait pas la considération appropriée. Ce souhait est d’autant plus insistant en ces périodes de covid où la crémation est presque automatique en Europe. La décision d’interdire le rapatriement des dépouilles estampillés Covid n’a d’égal que leur volonté absurde de payer des tombeaux à nos morts. En réalité, ce refus ne saurait être expliqué que par des calculs d’ordre financier.
Il est vrai que le senegal n’est pas un pays fortuné qui peut se permettre de rapatrier systématiquement tout sénégalais décédé à l’étranger. Mais nos gouvernants s’arrangent toujours à faire rapatrier leurs proches décédés par les moyens de l’état. Moyens qui devraient être ceux de tout le monde.
En effet, si le défunt n’est pas de la famille d’une personnalité politique ou religieuse pouvant faire jouer ses relations en vue de bénéficier de l’appui de la Présidence, de la Primature ou du Ministre des Affaires étrangères, la pratique consiste à ne pas appuyer les familles si le décès ne survient pas suite à une tragédie ou lorsque le décès ne fait pas la une des journaux (meurtre, noyades, accident impliquant la police, etc. ).
Le rapatriement d’une dépouille varie d’un pays à un autre entre deux millions cinq cent mille et cinq millions deux cent (2.500. 000 à 5.200.000), suivant le pays et la compagnie aérienne. Toutefois aucun rapatriement de clandestin, de sans papiers ou de dépouille ne peut se faire sans l’accord et la délivrance de documents de voyages. Le rôle de l’Ambassade ou du consulat est donc indispensable car toute dépouille nécessite des documents qui ne peuvent être établis que par les autorités diplomatiques (certificat de décès, Laissez-passer mortuaire (titre de voyage du defunt)). Ces documents sont établis sur présentation du certificat de décès local ou d’une attestation médicale de décès accompagnée de la pièce d’identité sénégalaise du défunt (Passeport ou carte d’identité sénégalaise).
Avec la fermeture des aéroports, on pourrait comprendre que des mesures exceptionnelles engendrent des dépenses additionnelles mais cela ne saurait justifier le fait de priver de dignes fils du pays le droit de rentrer au bercail. Surtout que le covid emporte, en toute vraisemblance, les personnes d’âge avancé donc ceux qui sont le plus attachés à leur origine. Ceux-là qui avaient déjà programmé pour la plupart leur retour au pays. Il est manifeste que si c’est pour des raisons liées aux moyens financiers, l’autorité a décidé de ne pas prendre en charge le rapatriement mais au moins, devrait-elle laisser la possibilité aux familles de s’organiser pour le faire.
La communication du ministre des Affaires étrangères liant la décision à une recommandation de l’OMS est inexacte car ne se trouvant dans aucune décision de cette organisation.
Le gouvernement, ne voulant certainement pas supporter la lourdeur des dépenses liées au rapatriement des dépouilles, n’a pas su trouver comment expliquer ce fait sans heurter l’opinion publique. Il choisit donc de trouver un faux prétexte en ce cachant derrière une fausse recommandation de l’OMS. Puisqu’une photo de famille ne saurait se faire devant des cercueils, ils ont préféré la tenir devant des sacs de riz. Malheureusement pour le Ministre des affaires étrangères, le mensonge finit toujours par se faire découvrir.