Festin politique au deuil de la démocratie.
Ici, au cimetière de la morale repose la démocratie.
Claude Julien, journaliste français accuse: « sont assassins de la liberté et, par conséquent, coupables de crime de lèse-démocratie, ceux qui sont aptes à se servir de leur culture, de leur intelligence et de leur influence pour saper l’esprit de la démocratie » qu’ils assassinent et l’enterrent sous le linceul du mensonge et dans le tombeau des manoeuvres politiques, avec la complicité de la grande supercherie intellectuelle.
Alors, l’humanité a-t-elle franchi le rubicon de la déchéance morale ?
L’arrivée massive au pouvoir des régimes populistes, nationalistes et extrémistes comme des nuées de sauterelles dans les grandes puissances occidentales, sonne comme un coup de tonnerre pour des États qui, jadis, se targuaient d’être champions de la démocratie, se démènent maintenant, à construire des murs du protectionnisme économique, du repli identitaire et du nationalisme égoïste, bref, du racisme tout nu. Trump aux États-Unis, Bolsonaro au Brésil et le mouvement 5 étoiles en Italie ainsi même que la très populaire ultra nationaliste française Marine Le Pen prônent un discours politique aux accents racistes et aux relents extrémistes, ostracistes, islamophobes et xénophobes, nocifs à l’esprit de démocratie qui, tout compte fait, fouette et flagelle la sérénité et la quiétude des nations au seul profit des élites. Pendant ce temps, en Afrique, certains de nos dirigeants, fièvreusement atteints de la boulimie du pouvoir, de l’argent et du luxe, sont prêts à se braquer contre leurs peuples et abreuver leurs terres du sang de leurs enfants, en sacrifiant la démocratie sur l’autel de leurs propensions égoïstes et élitistes. Ainsi, l’abominable question des troisièmes mandats en est, de nos jours, une preuve vivante. Et les cas de la Côte d’ivoire et de la Guinée où l’entêtement imbécile de deux octogénaires à s’agripper viscéralement au pouvoir fait réapparaître les démons de la division et le spectre de la violence, sont, à ce jour, illustratifs.
Sous ce rapport, on peut retenir que les élections en Afrique reposent fondamentalement sur une stratégie de validation perpétuelle du maintien éternel d’une élite à la solde de l’occident qui donne aux régimes politiques hyperprésidentialistes leur vernis démocratique en y drapant un système inique et inéquitable du voile symbolique de promesses mirobolantes d’avenir et d’émergence qu’on offre aux peuples qui croupissent encore dans les geôles de la pauvreté, de la misère et l’insécurité.
Pourtant l’idéal démocratique est une promesse d’égalité, de justice, de liberté, de solidarité, de paix, de bonheur et de sécurité qui, somme toute, constituent les valeurs fondatrices de l’humanité.
Par contre, tripatouillage des constitutions, instrumentalisation de la justice, corruption de l’administration, fraude électorales, manipulation de fichiers d’élection, bourrages d’urnes, votes éthniques ou regionalistes, falsifications de résultats électoraux, bavures policières et silence complice et coupable de la presse sont autant de maux dont souffre profondément la démocratie africaine dont le décret de mort sera signé des mains expertes et manipulatrices de dirigeants pétris d’orgueil et imbus de leur personne.
Ainsi, le coup de grâce qui mettra fin à sa ses souffrances sera apporté par ceux-là même qui s’étaient pourtant proposés de veiller à sa sécurité et sa santé. La fin justifie les moyens, a-t-on l’habitude de dire dans le jargon politique ? Mais si les moyens sont illégitimes et non conventionnels, par quel miracle peuvent-ils se justifier par la légalité de la fin ? Alors, comme un »bateau ivre », l’humanité vogue, pour encore longtemps, dans les eaux troubles de l’océan déchaîné de crises intellectuelles, socio-économiques, écologiques, morales et même spirituelles.
Mansour Shamsdine Mbow, Professeur de Lettres et chroniqueur
Nos encouragements professeur.Peut on savoir le rôle de nos institutions comme la CEDEAO et UA dans le problème du 3eme mandat en Afrique ?
Hélas, c’est effectivement la mort de la démocratie sous nos tropiques. Vous avez parfaitement décrit la situation. Pouvu qu’en Afrique, on assiste enfin à l’éveil des consciences de la jeunesse notamment pour balayer toute cette racaille politique. Merci encore professeur.