jeudi 25 avril 2024
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Environnement : Comment en faire en faire durablement un levier de croissance

Il y a quelques années, Haidar ancien ministre de l’environnement postait sur internet les images d’un drone qui montrait le pillage de nos forêts par les chinois. En réalité rien de nouveau sous le soleil. Depuis l’ancien régime, ces chinois disposent de concessions sur le bois, les mines… le plus officiellement du monde. La question de la transparence dans la gestion des ressources naturelles et dans les industries extractives est un problème très sérieux.

Le problème avec ce ministère, c’est que si nous regardons les profils des ministres de l’environnement depuis bientôt 15 ans, ils sont devenus des bouche-trous. Bathily, Mor Ngom, Thierno Lo, Abdoulaye Baldé… Si l’environnement et la gestion des ressources sont si importants, quelle est leur place dans le PSE ? Je pense qu’il y a un axe important qui mérite un approfondissement : comment utiliser l’environnement comme un levier pour la croissance ? Comment renforcer le capital naturel national (qui a été bradé jusque-là), réduire la perte écologique, minimiser les risques environnementaux (les bombes écologiques sont partout sur la zone industrielle, dans les Niayes avec l’emprise foncière, l’arène nationale, en Casamance, au Sénégal oriental avec les mines et le pillage des forêts, dans la vallée du fleuve Sénégal).

Avons-nous fait une Évaluation stratégique environnementale pour évaluer nos options à court et long terme et faire des analyses coût-avantage pour éviter que nos décisions à court terme d’exploiter ou non les ressources ne portent pas atteintes aux autres secteurs (pêche, tourisme, agriculture). On ne demande pas si ce qu’on gagne à court terme vaut les verrous qu’on peut créer en compromettant la croissance durable et inclusive.

Même Diammadio aurait pu être une occasion de réfléchir sur la ville de demain (plus verte, plus durable, plus efficace et sobre sur le plan de sa consommation d’énergie, sa gestion des déchets, une ville plus « intelligente ») pour ne pas reproduire nos villes « coloniales ». A notre humble avis, les vraies questions sont là. On nous parle tout le temps de l’emploi des jeunes. Comment promouvoir la création d’emplois verts pour lutter contre à la dégradation de la nature et participer à l’éradication de la pauvreté au niveau local (en identifiant les filières prometteuses avec les experts, les centres de formation, les universités et promoteurs privés dans le domaine du bâtiment, eau, assainissement, électricité, énergies renouvelables, la gestion des déchets). Est-ce que la formation professionnelle et académique prépare aux emplois de demain dans le contexte d’un monde en transition énergétique (le Sénégal a signé l’accord de Paris).

A notre humble avis, un ministère de l’environnement doit être capable de créer des passerelles et de la valeur ajoutée avec l’économie réelle et tous les secteurs. Aujourd’hui beaucoup de pays investissent sur leur diplomatie environnementale. Parce que c’est devenu un levier économique. Pour attirer des financements innovants, des investissements, faire faire des bonds technologiques dans les secteurs prioritaires qui portent la croissance et les emplois, améliorer le bien-être et la santé (pensons à l’impact sanitaire de la pollution chez nos populations) et enfin cela améliore l’image du pays. Nous reviendrons plus amplement sur la diplomatie environnementale.

En attendant, formulons quelques propositions urgentes :

  • Réviser les accords de pêche (pour respecter la capacité de charges des océans et le partage juste et équitable des retombées avec les pêcheurs),
  • Aider les pêcheurs à mettre de la valeur ajoutée sur leurs produits («pêcher moins et gagner plus» et faciliter la reconversion des pêcheurs vers d’autres activités (création de centre de métiers dans les sites de pêche, aider les fils et filles de pêcheurs à rester à l’école, etc.) ;
  • Mettre en œuvre les principes de l’initiative sur la transparence dans les industries extractives ;
  • Réviser les contrats miniers en cours et s’assurer que les intérêts de l’Etat et des populations sont pris en compte ;
  • La création d’un seul ministère des ressources naturelles (faune, forets, mines, ressources halieutiques, aménagement du territoire) : pour une meilleure intégration, plus de cohérence dans la prise en compte de l’environnement et la mise en œuvre des engagements du Sénégal en matière d’environnement, plus de transparence dans la gestion et de meilleure capacité de négociations au niveau international ;
  • Mettre en place un Fonds national de l’environnement et du développement durable qui va mobiliser des fonds (fonds de l’Etat, produit des amendes de transaction telle que prévue par la loi sur l’environnement, contributions, des donateurs internationaux, etc.) ;
  • Eviter la dispersion actuelle des ressources et financer de manière durable et dans la transparence les programmes prioritaires.

Nous reviendrons une autre fois sur la diplomatie environnementale. Comment en faire également un instrument de croissance ?

Ndukur Kacc Essiluwa Ndao

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