vendredi 29 mars 2024
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Dialogue national : ce non sens constitutionnel

Tous les juristes, politistes et analystes cherchent désespérément le sens politique et juridique du Dialogue national.

Cette recette de concertation entre pouvoir et opposition, élargie à la société civile et aux citoyens, était connue jusque là dans les pays sortant de régimes autoritaires et de conflits politiques ou ethnico-religieux sanglants.

Au Sénégal, l’idée même de Dialogue national devient problématique dans cette perspective, puisque que notre pays n’a jamais connu de dictature, mais surtout que l’élection présidentielle vient à peine de se tenir, conférant une majorité écrasante au Président en exercice.

En l’absence de contestation dirimante de sa légitimité, le Président a toutes les coudées franches pour appliquer le programme pour lequel il a reçu un si large suffrage des électeurs.

Dès lors, vouloir instaurer tout de suite après sa prise de fonction un Dialogue national, couvrant aussi bien les aspects institutionnels que la gouvernance des ressources naturelles, est une violation grave de l’ESPRIT de la constitution.

En effet, dans son Préambule, le Peuple souverain a proclamé: « la volonté du Sénégal d’être un État moderne qui fonctionne selon le jeu loyal entre une majorité qui gouverne et une opposition qui s’oppose ».

De surcroît, l’art 42 dispose que c’est UNIQUEMENT le Président de la République qui  » définit la politique de la nation ». Une prérogative exclusive et personnelle qu’il ne partage avec aucune autre autorité ou corps constitué.

La constitution dégage ainsi deux principes fondamentaux: c’est à la majorité présidentielle de GOUVERNER à partir de la politique de la nation définie par le seul Macky Sall, et à laquelle l’opposition est appelée à s’opposer de façon démocratique et dans une LOYAUTÉ RÉCIPROQUE.

Voilà ce schéma constitutionnel que viole le Dialogue national, dès lors que Macky Sall lui a délégué son pouvoir propre de définir la politique de la nation et la gouvernance des ressources naturelles. Mais le plus grave, c’est qu’en s’engageant à respecter scrupuleusement les conclusions issues des concertations, il se contraint à brider ses propres pouvoirs constitutionnels en soumettant ceux-ci à une instance non élue et sans légitimité démocratique.

D’autre part, la constitution impose la LOYAUTÉ entre la Majorité présidentielle et l’opposition.

Le Dialogue national ne saurait être détournée pour diviser l’opposition, baliser un troisième mandat à Macky Sall, lui permettre de passer une loi d’amnistie pour protéger sa famille et son clan lourdement impliqués dans plusieurs scandales financiers.

Il ne saurait être question non plus de la mise en place d’un pseudo gouvernement d’union nationale, de l’entrisme politique des opposants pour blanchir toutes les forfaitures du Régime sur nos ressources naturelles.

Que Macky Sall gouverne LIBREMENT et sans contrainte pour respecter sa promesse électorale de créer 1 million d’emplois.

Toute l’opposition doit œuvrer pour le « Dialogue politique », la seule instance consensuelle et habilitée à réformer le processus électoral dans son ensemble (parrainage, fichier électoral, caution, financement campagne, équité dans les médias…).

Amadou BA

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