jeudi 25 avril 2024
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Des modes de désignation des candidats de PASTEF France à l’investiture de la coalition YEEWI ASKAN WI (YAW) aux élections législatives 2022

A l’approche des élections législatives de fin juillet 2022, le mode de désignation des candidats de PASTEF à l’investiture de la Coalition YEEWI ASKAN WI fait débat. Chacun y va de sa théorie.

Ce texte est une contribution au débat sur le mode de désignation des candidats de PASTEF à l’investiture de la coalition YAW. Il ne s’attardera pas sur les considérations juridiques qui feront l’objet d’une autre contribution à venir. Il ne va pas non plus aborder la question de la circonscription électorale de l’Europe de l’Ouest du Centre et du Nord. La présente contribution n’est pas une participation à un concours de fous ni même une course à l’engagement ou au patriotisme. Je n’ai aucune vertu à vendre.

Comme s’ils s’étaient donnés le mot, formant une alliance inquiétante, certains cadres du Parti commencent à appeler à un mode de désignation par voie de consensus. Ils disent tirer des leçons des investitures aux élections locales au cours desquelles le parti n’est pas sorti sans frustration, dissension et blessures qui peinent à se cicatriser.  Ils estiment qu’on n’a pas le temps de faire autrement. Ils estiment qu’il y a des priorités ailleurs. De plus, selon eux, en l’absence de textes clairs organisant le mode de désignation des candidats, il faut privilégier le consensus, gage de stabilité et de sérénité dans le processus de choix. Ils disent tous que l’intérêt supérieur de PASTEF est en jeu.

Toute proposition publique contraire à ce mode de choix, verra son auteur traité de factieux, d’ambitieux, de militant qui ne s’active qu’à l’approche d’élections. Quelle paresse analytique !

En France, le bureau de la coordination a même violemment tenté d’empêcher l’organisation d’un débat public sur la question du mode de choix des candidats. Après moult pressions, lobbying et une campagne de dénigrement indigne, le bureau a sorti un communiqué rendu public. Procédés indignes et hallucinants pour un parti politique mais nous en sommes là.

Un parti politique c’est d’abord la capacité d’organiser et de promouvoir le débat d’idées. C’est grâce aux débats et aux échanges entre militants que l’offre politique peut être renforcée et améliorée. Le débat permet de nuancer des points de vue et donne une vision d’ensemble de la diversité d’opinions des militants sur des sujets donnés. Que d’enrichissement intellectuel et d’intégration productive. Pourquoi nous en priver ?

Les militants, quel que soit leur niveau d’implication ou de responsabilité, doivent toujours avoir la possibilité et la liberté de débattre en toute indépendance sur tous les sujets. Particulièrement dans un parti politique comme PASTEF qui compte en son sein des militants généralement d’un niveau intellectuel élevé et aux motivations profondément saines.

En l’espèce, les sections et les militants à l’initiative de l’Atelier Débat (sur le processus de désignation des candidats aux législatives au sein de la coordination Pastef France) n’en sont pas à leur première organisation d’échanges entre militants ou entre militants et experts sur divers domaines relatifs à l’offre politique de PASTEF, au bénéfice des Sénégalais. D’autres sections ainsi que le MONCAP ont également organisé des webinaires ou conférences sur divers sujets. Cela n’a jamais posé problème.

En France, qu’on se le dise de façon très claire, l’animation politique de la coordination et la formation des militants sont assurées par les sections et les commissions du MONCAP. Quelle a été l’implication du bureau de la coordination sur toutes ces animations en France depuis trois ans ? De quelle activité significative le bureau de la coordination est-il à l’initiative ?

Aussi, l’argument consistant à dire que « certains ne s’activent qu’à l’approche d’élections » ne tient à rien du tout si ce n’est un absurde jugement de valeur et une manœuvre nauséabonde de discréditer des camarades de parti. Malheureusement certains savent très bien faire. Nous accuser d’ambitieux personnel aussi n’est rien d’autre que dénigrement.

N’ayant pas cédé à l’intimidation et aux menaces, l’atelier débat s’est tenu. Les militants sont venus nombreux exprimer leur point de vue. Comme écrit plus haut, PASTEF compte en son sein des militants d’une capacité d’analyse et d’un sens de l’engagement sans égal dans l’espace politique sénégalais voire africain. C’est une erreur fatale que de vouloir les museler ou les soumettre à un dictat.

L’ensemble des opinions se sont exprimées dans une contradiction fraternelle et dans le respect. Personnellement, j’en suis sorti plus riche en connaissance et plus déterminé que jamais. Il n’y a pas eu mort d’homme !

Cet atelier débat n’a pas eu pour objectif d’imposer un mode de désignation mais bien de discuter de tous les modes existants ou envisageables et des paramètres à prendre en compte. En somme, cette initiative a généré une contribution positive afin de fournir aux instances décisionnaires des outils d’aide à la prise de décision.

Concernant les priorités de massification et d’enrôlement des primo-votants, nous en sommes pleinement conscients et agissons en conséquence. Nous sommes sur le terrain à tout instant et sommes en contact permanent avec les étudiants nouvellement arrivés afin de les sensibiliser sur l’inscription sur les listes électorales. Nous connaissons notre devoir de militants PASTEF.

Pour en venir au mode de désignation, ceux qui prônent le consensus avancent l’argument selon lequel nous devons préserver la stabilité du Parti. Il y a même ceux qui sont allés jusqu’à insinuer que des « taupes » du régime ont infiltré les instances de Pastef pour déstabiliser l’appareil de l’intérieur. Quelle indignité !

Mais soit ! Ils doivent au moins faire l’effort de définir les contours et les grandes lignes du « consensus » qu’ils prônent, la rigueur scientifique l’exige. S’agit-il d’un consensus sur une seule candidature déposée ou d’un consensus sur plusieurs candidatures ou encore d’un consensus entre les candidats eux-mêmes ?

Il y’a également des préalables à un consensus. Le consensus est possible dans une coordination avec une gestion inclusive des affaires du parti. Le consensus doit être un mode de gestion et d’administration d’une coordination pour qu’il soit acquis au moment du choix de candidats.

Si dans une coordination, beaucoup de militants actifs ne sont associés en rien dans la gestion des instances, une impression de gestion clanique s’installe, persiste. Une campagne systématique de dénigrement est organisée contre toute personne dont l’opinion est contraire à l’opinion de l’organe dirigeant, dans ces conditions, il n’est pas possible d’avoir un candidat par consensus. On ne peut pas brandir le consensus là où il n’a jamais existé !

Dans ce cas, et c’est notre cas singulier en France, l’autre option est le choix par le vote de tous les militants : l’organisation de primaires. Ne craignons pas le mot et n’écoutons pas les lobbyistes qui nous citent des contres exemples de primaires ayant fini mal. Ils ne peuvent faire l’impasse sur leur défaillance managériale pour dire que l’organisation de primaires comporte des risques de fissures. Les fissures ne peuvent surgir du jour au lendemain. Lu feñ ci sëy, nuyo won na ngoro ga.

En France, les militants patriotes sont des personnes responsables. Nous avons l’avantage de l’expérience d’avoir organisé des élections de renouvellement des instances dirigeantes dans des conditions difficiles mais d’une certaine manière, apaisées. Beaucoup, y compris moi, n’étaient pas d’accord sur le mode de vote par des grands électeurs ; mais une fois ceci acté, la question ne s’est plus posée. Personne n’a boudé la campagne et nous sommes tous allés au bout. La campagne s’est déroulée dans des conditions remarquables. Des candidats ont été audités par des sections. Jamais, il n’y a eu autant d’émulsions au sein de la coordination. Nous en avions profité pour massifier car beaucoup d’observateurs ont loué notre ingéniosité démocratique. L’avantage premier d’organiser des primaires réside l’amélioration de l’image de la coordination. Les primaires permettent également de replacer le militant au cœur du projet de PASTEF.

Le choix du candidat de PASTEF France à l’investiture de la coalition n’est pas un choix anodin. Il ne peut se décider dans des salons entre « copains » conseillés par des lobbyistes profondément politiciens. C’est un choix qui engage tout le monde par conséquent chacun doit avoir son mot à dire. Ño fi ëp, ño don kotisé, ma fi jitu, wala ñoy coordoné amu fi.

Techniquement, la coordination est capable d’organiser ses élections primaires car le processus d’adhésion établi et consolidé depuis plusieurs années, nous permet d’avoir un fichier des détenteurs de carte de membre viable. Les cartes de membre sont digitalisées, ce qui permet un vote le plus large possible, c’est-à-dire le vote de tous les membres.

Si les opérations électorales sont bien organisées, permettant à tous les détenteurs de carte de voter, les primaires ont ce deuxième avantage d’être un excellent moyen d’inclusion. Le candidat vainqueur des primaires sera légitime aux yeux de la base et pourra bénéficier d’une force non négligeable pour l’investiture par la coalition. C’est là le troisième avantage d’une désignation de notre candidat par des primaires.

Mettre sur une balance d’un côté la stabilité du Parti et de l’autre les risques de dissensions internes pour vendre la méthode consensus, sans prendre la peine de considérer la singularité des contextes locaux, relève de la manipulation des patriotes que l’on sait prêt au sacrifice ultime pour préserver le Projet. Ce chantage aux militants et à l’engagement patriotique est tout simplement ignoble.

Daouda Coundoul
Militant de PASTEF, Limoges France

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Pastefien
Pastefien
2 années il y a

« Nous connaissons notre devoir de militant » : soit à jour dans tes cotisations d’abord Jambar avant de venir parler ici

Babacar KANE
Babacar KANE
2 années il y a

Bonjour Daouda, j’ai bien lu ton article et je suis assez d’accord avec ton analyse. Un parti doit d’abord instaurer la clarté dans ses choix et ensuite espérer un changement profond. En tout cas, je suis d’accord pour une transparence dans les élections représentatives. Thia kaw thia kanam

Pat Ndiaye
Pat Ndiaye
2 années il y a

Un parti politique comme celui de PASTEF ne peut et ne doit éviter ou refuser le débat dans ces différentes instances sous aucun prétexte.
Pour quelle raison aurions nous peur de débattre?
Daouda Coundoul, tu soulevé un sujet que je trouve important qui est celui de donner l’occasion aux militants de base de s’exprimer sur le sujet. Ce qui est une action d’inclusion intéressante qui démontre encore qu’on peut être d’accord dans le désaccord.
Le débat nourrit la démocratie. Donc débattons, car c’est de ces échanges germeront les belles idées de la construction permanente de notre Parti

Patrice Ndiaye

PASTEFIEN
PASTEFIEN
2 années il y a

Arrêtez d’utiliser ce média pour vos causes personnelles. C’est Jotna qui pert en crédibilité et ça c’est IGNOBLE.

Les textes de PASTEF sont très clair. En adhérant à PASTEF vous avez fait le choix de les respecter et de mettre l’intérêt du parti par dessus vos propres intérêts.

C’est vraiment IGNOBLE !

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