Le pouvoir corrompt. Il altère les convictions les plus sincères, emporte les humbles dans une danse de vanité, et fait oublier une vérité simple : nul n’est plus grand que la cause qu’il défend. Le drame de notre temps, et peut-être celui de notre génération, c’est de voir des hommes se perdre dans les reflets trompeurs d’un pouvoir qu’ils n’ont jamais construit seuls.
Ousmane Sonko n’est pas un homme parfait. Il est fait de chair, de failles, de rage et d’espoir. Mais une chose demeure incontestable : il a porté sur ses épaules les aspirations d’un peuple meurtri, trahi, asphyxié par des décennies d’injustice. Il a su mettre des mots sur des douleurs que d’autres préféraient ignorer. Il a incarné un espoir, et c’est cet espoir qui a donné naissance à un parti qui est le Pastef , pas l’inverse.
Aujourd’hui, certains se targuent d’être les gardiens du temple. Ils se pavanent dans les salons, distribuent les jugements et décident de qui mérite ou non le manteau de la légitimité. Mais qu’ont-ils été avant Sonko ? Qu’étaient-ils avant que la lumière de sa voix ne les atteigne ? Rien d’autre que des silhouettes anonymes, parfois sincères, souvent perdues dans le vacarme d’une politique qui broie les faibles.
Accepter que l’on te dise que tu es différent de Sonko, que tu es « mieux », « plus posé », « plus intelligent », ce n’est pas un compliment. C’est un poison. C’est la naissance de la division, celle qui précède toujours la chute. Car le pouvoir aime diviser, et le système, lui, sait comment flatter pour mieux affaiblir. Celui qui accepte cette comparaison devient un outil,un pion pour ne pas dire un traître du projet .
La vérité est simple : ceux qui pensent être devenus « importants » dans le parti doivent à Sonko plus qu’ils ne veulent l’admettre. Il n’est pas leur Dieu, mais il est la racine de leur ascension. Ils sont nés politiquement dans son combat. Et tant qu’ils n’auront pas l’humilité de le reconnaître, ils seront dangereux pour l’idéal qu’ils prétendent défendre.
Le pouvoir est dangereux, oui. Mais ce qui est encore plus dangereux, c’est l’oubli. Oublier d’où l’on vient. Oublier pour qui l’on s’est levé. Oublier que ce n’est pas pour soi que l’on combat, mais pour un peuple qui, lui, n’a pas le luxe de trahir.
Restons vigilants,ne laissons pas l’égo briser ce que le sacrifice a bâti.
SALL MAMADOU OUMAR